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DERNIÈRES EXPÉDITIONS FRANÇAISES AU DAHOMEY
( 1 8 9 2 - 1 8 9 4 )
S itu a tio n g é n é r a le . — Le commandement des troupes expéditionnaires
fut confié, avec les pouvoirs civils et militaires, au colonel Dodds, qui était
alors à la tête du 8e régiment d’infantérie de marine! Né au Sénégal, cet
officier supérieur avait déjà brillamment servi dans les colonies. En 1870, il
avait pris part à la guerre contre l’Allemagne; fait prisonnier à Sedan, il
s’était évadé et était venu à l’armée de la Loire, puis à l’armée de l’Est.
11 était donc tout désigné au choix du gouvernement, et les événements ne
tardèrent pas à justifier la confiance qu’on avait mise en lui
Le colonel Dodds débarqua à Kotonou le '28 mai 1892.
Les forces qu’il trouva au Bénin comprenaient deux compagnies de tirailleurs
aoussas, trois compagnies de sénégalais, un détachement d’a rtille rie 1
et enfin une flottille composée des canonnières Émeraude et Topaze. Devant
Kotonou stationnaient deux avisos (Héron e t Brandon) et deux croiseurs (le
Sané et le Talisman).
L’ennemi disposait, de son côté, d’environ 1B 000 hommes, groupés partie
à Godomey, partie à Allada, avec une réserve à Cana et un détachement
dans le Décamé, région qui venait de se rallier au Dahomey.
Behanzin avait emprisonné et retenait comme otages les agents français
de la maison Fabre à Whydah, mais ils ne tardèrent pas à être échangés
contre trois personnages de l’entourage du roi, qui avaient été arrêtés
comme espions à Porto-Novo.
Préliminaires. — Invité à se conformer au traité de 1890 et à s’abstenir
d ’incursions sur les territoires placés sous notre protectorat, le roi répondit
que, s’il avait réuni des troupes à Kotonou, à Zobbo, à Dogba, c’est que,
d ’abord, ces localités faisaient partie de son royaume et que, d’autre part,
connaissant les intentions hostiles de la France, il avàit dé la méfiance,
comme le héros d’une fantaisie bien connue.
En réalité, il multipliait les messages et prolongeait les pourparlers afin
de retard er les opérations e t d’attendre l ’arrivée d’armés et de munitions
qu’il avait commandées en Europe.
1. Ces forces furent successivement augmentées par l’envoi d’une compagnie de
marche d’infanterie de marine, d’une batterie d’artillerie, d’une compagnie de
tirailleurs et de trois compagnies de volontaires sénégalais.
LE GÉNÉRAL DODDS ET SON ÉTAT-MAJOR.