bouffées ; c’est comme une complainte harmonieuse et triste qui
va au coeur. Quelquefois,, pour quelques-uns d’entre eux, c’est le
chant de mort, l’hymne du moment suprême. La pirogue chavire,
les vagues la couvrent, la frêle embarcation apparaît roulée
par les vagues et le requin fait son oeuvre destructrice,
Quand il est arrivé un malheur, c’est dans la case que les chants
recommencent; d’autres airs, plus tristes encore, pour les funérailles.
Ce ne sont pas les cris et les éclats de voix qui accompagnent
chez les Nagos de pareilles cérémonies ; c’est une mélopée
triste, entrecoupée de reprises à l’unisson où l’on peut distinguer
parfaitement les trois parties. On voit que le Minah sait combien
la musique peut rendre avec exactitude les impressions morales
marquantes, telles que la douleur, la gaieté, tandis que si l’on entend
chanter les autres peuples, on ne distingue en aucune façon un
enterrement d’un mariage.
Si, en général, le noir n’a pas le sentiment de l’harmonie, on ne
peut lui retirer au contraire la perfection dans la cadence. La
mesure des airs de danse, dès chants est gardée avec la régularité
d’un métronome. Les noirs ont ce sentiment poussé à un tel point,
qu’ils ne peuvent s’empêcher de tout faire en cadence ; les femmes
qui pilent du maïs au mortier, le forgeron sur son enclume, le tonnelier
sur son fût, le fabricant ¡ d’huile piétinant sa purée, travaillent
avec des contre-temps parfaitement espacés et qui ne
sont pas désagréables à entendre.
Parmi les instruments de musique principaux, il faut en tout
premier lieu placer le tam-tam, si toutefois il a droit à ce titre.
Le tam-tam est le compagnon du noir ; il l’entend dès qu’il
naît et pendant toute sa vie, presque quotidiennement. L’instrument
est formé d’un cylindre provenant d’un arbre creusé, mesurant
33 centimètres de haut, 3 d’épaisseur et 20 de diamètre ; une
de ses extrémités est un peu amincie à angle droit, tandis que
l’autre est recouverte d’une peau de mouton ou de chèvre séchée
retenue et tendue tout autour par des chevilles plantées à angle
aigu dans le cylindre.
On distingue un grand nombre de tambours de ce genre qui ne
varient que par la taille.
Leur son change dans la même proportion et joint à une manière
spéciale de les faire résonner, leur attribue à chacun une
fonction particulière.
11 y a ainsi le tambour de guerre, immense tam-tam mesurant