passant de rentrer ; personne n’oserait enfreindre cette consigne.
Lorsque pour une raison ou pour une autre, le roi fait interdire
l’accès d’une maison, d’un temple, d’une rue, d’un passage, il n ’a
qu’à faire placer cet ornement, en forme de frange, en travers de
ce qu’il veut barrer après avoir fait sortir tout le monde ; cette
frêle barrière est cent fois plus solide qu’une porte de fer, c’est
la superstition qui l’y a placée ; pas un homme n’osera toucher à
cette paille, il tomberait foudroyé par le fétiche.
C’est ainsi que l’on voit diviniser subitement, et ayant droit au
culte des fidèles, des arbres, des pans de murs, des morceaux de
bois, des habitations de termites, des débris divers, des poteaux-
lim itp.fi d’un champ, des cadavres, des coins de rues, de lagune,
etc., etc.
Un autre exemple curieux de l’influence prodigieuse du fétiche
en pareille circonstance est un marché au bois qui se tenait à
Porto-Novo il y a quelques années encore ; les vendeurs, ayant
autre chose à faire, laissaient leur marchandise sous la garde du
fétiche.
Au milieu de la place, un ‘grand arbre orné de la paille sacrée;
tout autour, des tas de bois, quelquefois d’autres marchandises,
des tas de cauris et pas une âme aux environs.
Les acheteurs venaient, connaissant le tarif d’avance, se servaient
et déposaient scrupuleusement le montant de leur emplette
à côté de la marchandise qui restait, et cela sans témoins, sans
contrôle ; le soir, le marchand venait, ramassait la recette et offrait
quelque chose au fétiche, fidèle dépositaire de son étalage. Le trait
de l’influence fétiche est d’autant plus frappant que Porto-Novo est,
comme le Dahomey, un pays de voleurs fieffés.
Parmi les objets sacrés les plus remarquables, il y' a le canon
fétiche sur la route de la plage à Whydah; il s’appelle Vrémié. On
raconte qu’il doit sa déification à un coup... de maître.
Un jour, un navire hollandais était sur le point d’être entraîné
dans la barre et jeté à terre, quand une raffale commence à le
rejeter au large, c’est-à-dire à le sauver. Le grand féticheur
invoqua Vrémié, qui se tourna aussitôt dans le sable, où il était
enterré sans affût, fit feu et coula le navire qui avait l’impudence
de ne pas finir le naufrage qu’il avait commencé.
On ajoute avec admiration que le canon n’était pas chargé, et
qu’il ne fit aucun bruit ; le fétiche seul avait tout fait.
Ce que nous avons trouvé de plus remarquable, c’est qu’il a tiré