Portugais vers la fin du dix-septième siècle, en échange de celui i ’Offra
que la ville portait alors. C’était un des grands centres de la traite des
esclaves : les Espagnols, les Danois, les Hollandais, les Suédois, les Anglais
e t les Français y avaient ce qu’on appelait alors des nègreries. Mous voyons
dans un éditque publie le roi d’Ardres et d’Alguemy en faveur des Français,
en 1723, que les messieurs de la Compagnie des Indes, établie depuis un an
à Offra, ne payeraient comme patente que vingt-quatre captifs, au lieu de
quatre-vingts que l’on payait au temps où les Portugais avaient quitté le
pays, c’est-à-dire une trentaine d’années auparavant.
En 1724, comme on sait, Ardres perdit son indépendance et passa sous
le joug du Dahomey, dont elle s’est affranchie de nos jours.
Porto-Novo est une ville qui promet d’être, dans quelques années, la plus
importante de la côte de Guinée. Sa population indigène actuelle peut être
estimée à 60 000 habitants, sans compter les gens de passage comme les
Kroomen et les Dahomiens.
La partie civilisée peut comprendre de 50 à 60 Européens, en y comptant
les officiers, les missionnaires, les fonctionnaires et les négociants, et, parmi
les noirs, 180 Brésiliens, 40 Sierra-Léonais ou natifs de Lagos, et 50 sujets
de Whydah ou des Popos, tous commerçants e t établis, soit une totalité de
300 à 350 habitants non indigènes.
Porto-Novo est situé p ar 6°28' de latitude nord et 0°19' de longitude est
de Paris, sur le bord de la lagune du même nom; la langue de terrain
située en face de la ville, et qui sépare la lagune de la mer, a environ 5 kilomètres
de largeur. La lagune atteint, pendant les hautes eaux, en face de
Porto-Novo, la largeur maximum de 1 720 mètres et une profondeur moyenne
de 2“ ,50 à 2m,75, qui va en diminuant vers l’ouest e t en augmentant dans
la direction opposée. L’altitude moyenne de la ville est de 14 mètres au-
dessus du niveau de la mer.
Porto-Novo, vu du large (de la lagune), a une certaine analogie avec
Alger. La ville est longue et étroite, bâtie en amphithéâtre; les maisons
disparaissent à chaque instant, couvertes par la végétation. La longueur de
la ville, de l’ouest à l’est, est d’environ 2 kilomètres et demi, e t sa profondeur
la plus grande, depuis la lagune, de 1800 mètres.
La ville se divise en dix quartiers, qui ont chacun leur administration à
p a rt: Oganla, Soké, Tchango,Zebou, Lodjia, Sadônio, Atâkè, Ahpassa, Gbokon,
Gbékon.
Depuis quelques années, Porto-Novo n ’a cessé de se civiliser ; on connaît
déjà son histoire et l’on sait que l’influence française s’y développe davantage
à chaque instant. Comme organisation administrative, il y avait en 1890,
à Porto-Novo, une douane, un bureau de poste, une perception des contributions,
une école catholique et deux écoles protestantes, un hôpital et une
infirmerie régimentaire.
Les monuments consacrés au culte étaient une chapelle catholique desservie,
ainsi que l’école, par la mission, deux églises protestantes, et six
ou sept mosquées. Les grands établissements de commerce comprenaient :
deux maisons françaises, Mante frères et Borelli de Régis aîné, et Cyprien
Fabre et C"; trois maisons allemandes, G. L. Gaiser, W itt et Bush, et Voight
et C» de Hambourg ; une maison portugaise, Sant’Anna et C*.
Le commerce et l’agitation sont considérables à Porto-Novo. Son rendement
a été en 1888, en produits, de 5 443 750 francs (près de 5 millions et
demi). Nous avons donné une idée de son marché indigène en p a r an es
En dehors des locaux où seront installés définitivement la douane, la poste
et tous les services, le gouvernement français y possède actuellement deu
grandes constructions, la résidence e t la maison des officiers.
Il manque un emplacement pour le cimetière, hors de la ville, il est à
espérer qu’on enlèvera celui qui est au milieu et qu on divisera le nouveau
en plusieurs parties, afin que les protestants puissent y trouver p ace et ne
soient pas enterrés au milieu d’un champ de mais, comme cela se
actuellement d’une façon peu charitable.»
Au moment de l’expédition de 1890 contre le Dahomey, la garnison fixe
de Porto-Novo était d’une compagnie de tirailleurs sénégalais avec cadres
“ "Dans la lagune, le gouvernement français avait une péniche canonnière
armée de deux hotchkiss, l’Émeraude. „ ,
L’Émeraude entra dans la lagune de Porto-Novo par la bouche de Kotonou
e t le lac Denham, alors que la lagune communiquait avec la mer> en
vembre 1887. Elle est le seul bâtiment qui ait passe p a r là , elle iailht
se perdre, d’ailleurs, dans ce dangereux passage.
Porto-Novo communique avec Lagos par le prolongement est de sa la
gune. De petits bateaux à vapeur appartenant aux Allemands font ce ser-
vice) en p L des pirogues dn p . , . - Le p .r e .u r s est de 7S milles p ar 1.
lagune, de 51 milles par mer. Il dure de sept à douze heures.
Le véritable débouché, le port de Porto-Novo, c’est Kotonou, situe a I2m i
à l’ouest de la ville et à 4 milles plus au sud, sur le bord de l Océan. On a
vu, dans l’histoire de Porto-Novo, que la langue de terrain situee en face
contestée p a r les Anglais, appartient depuis 1891 à
chenaux du Toché et d’Aguégué, p ar 1 un desquels il faut pass p
rendre à Kotonou. Le tra je t dure cinq à six heures, en Piro« u®-
Maintenant que l’on n ’a plus à craindre les incursions du Dahomey dans le
royaume, l’avenir de Porto-Novo est assuré; to u t dans le territoire, produits,
commerce, population, converge vers la capitale.
Whydah ou J uda, Ajuda, Grégoué, Gréouè, Grigues, appelé par les indig
è n e s « , est la deuxième ville du Dahomey. Elle était autrefois bien
nlus importante qu’elle ne l’est aujourd’h u i; c’etait le plus grand centre de
traite de la Côte des Esclaves, e t l’on voyait, sur sa rade, flotter les pavillons
de toutes les nations colonisatrices. Le trafic qui s’y faisait atteignait u n
chiffre incalculable, et le nombre d’Européens e t ^
voyaient était considérable. Le roi d e Dahomey savait ce qu il faisait,lorsqu il
tenta la conquête du royaume de Whydah ; le jour de » e n 1 7 2 7 ,
il ajouta à ses revenus le rendement enorme, en impôts et autres percep
tions aue la ville rapportait auparavant aux anciens rois de Jud .
Les premiers voyageurs disent que, avant la conquête, Whydah avait un
aspect “ t pittoresque : ils décrivent des jardins européens des corneilles
de fleurs, des parcs entretenus, etc. Lorsque la rm e e dahomienn