L’exemple fut suivi dans les colonies anglaises de la Côte d’Or,
de Lagos. Grâce à cette utile institution, beaucoup de noirs ont
pu sortir des limites étroites de l’instruction donnée habituellement
dans les pensionnats locaux dirigés par les missions. '
On compte aujourd’hui à Lagos, à Sierra-Leone, sur la Côte d’Or,
de nombreux lauréats des universités anglaises. Il y a des avocats,
des juges de paix, des fonctionnaires du gouvernement, dont
les parents pensaient faire, il y a quelque vingt ans, des soldats
dahomiens ou de simples laboureurs.
Plusieurs médecins sont venus ensuite, par la façon dont ils
s’acquittaient de leurs fonctions, enlever aux docteurs européens
leur clientèle blanche. L’un d’eux, en 1888, découvrit, à Lagos,
le traitement de l’accès hématurique bilieux auquel jusqu’alors
tous] les blancs atteints avaient succombé. Grâce à lui et à sa découverte,
bien des Européens ont été sauvés, qui ne devaient
jamais revoir leur patrie.
Et l’on pourrait ajouter des milliers d’exemples de cette intelligence
du noir, si vive lorsqu’elle a: été cultivée. On assure qu’ils
mordent aux sciences mieux que nous, étant d’un naturel plus
calme et ne se laissant pas distraire de leurs études lorsqu’ils les
entreprennent.
11 faut admettre que l’intelligence du noir est égale à la nôtre
comme conception ; mille preuves en sont données tous les jours.
Il ne résulte pas de cela que nous mettions le noir au même niveau
que l’Européen au point de vue de l’énergie et de l’esprit de
suite, ce complément, ce moteur de l’intelligence. Là, il est inférieur
à la race blanche ; il ne peut lutter.
Tant que c’est une question d’études, le noir fait comme nous ;
mais lorsqu’il faut mettre toutes ces facultés en pratique, surmonter
des obstacles,, résister au découragement, faire preuve
enfin de cette force morale qui met notre race au-dessus de toutes-
les autres, le noir n’est plus à compter. Placez-le devant une
table quand son instruction est parfaite ; il résoudra théoriquement
les problèmes sociaux les plus difficiles. Lancez-le, au contraire,
en face de ces difficultés qu’il a su prévoir et trancher sur le
papier, dans ces mille résistances que rencontrent ceux qui ont un
but élevé et qui donnent leur vie pour triompher dans la science
pratique, la politique ou les questions sociales, il sombrera, découragé,
fini, au premier échec.
Dans un autre ordre d’idées,(alors même que sa vie en dépend,
le noir ne sait pas surmonter cette inertie qui domine, aux moments
critiques, jusqu’à son intelligence.
‘ Dans l’expédition du Niger, la première que firent les Anglais,
six noirs et un Européen s’échappent d’une razzia ennemie et s’enfuient
à travers les bois ; après trente-six heures de privations,
sans espoir de trouver leur nourriture, les noirs se jettent à terre
et refusent de continuer les recherches dans le but de découvrir
un village, une habitation ou une nourriture quelconque. Malgré
toutes lés exhortations du blanc, ils refusent de marcher. L’Européen
ne perd pas courage; seul, il continue sa route, chancelant,
poussé par la ferme volonté de sauver son existence ; il
marche. Le troisième joür, au matin, il tombe évanoui, revient à
lui-même, se relève et continue ses recherches; il ne marche
plus, il se traîne. Se raccrochant à la vie, comme le naufragé à
l’épave, sa volonté seule le soutient encore; enfin, il arrive à la
porte d’une case, après quatre-vingt-deüx heures de faim, de soif,
sous les rayons mortels du soleil d’Afrique ; il est sauvé.
Telle est la différence de tempérament entre le blanc et le noir;
intelligents tous deux, mais différant essentiellement par ce complément
de l’intelligence qui s’appelle la volonté puissante et
l’énergie.
Il est aussi à remarquer qu’avec une instruction sérieuse, les
mauvais principes du caractère noir disparaissent. Au frottement
de la civilisation, entouré en Europe de gens qui disent leur façon
de penser, au moins généralement, le nègre perd bien des mauvais
côtés de son carâctère. Comme il a le même savoir, il ne
montre plus dans les rapports sociaux cette méfiance instinctive
de l’indigène, laquelle dénature tout ce qu’il fait et ce qu’il dit.
En somme, l’instruction le change totalement et, par-dessus tout,
l’éloignement de ses semblables.
Car sur la eôte d’Afrique, chez eux, les noirs ne mettent à profit
que par son mauvais côté l’instruction donnée par les missionnaires.
Dans cette limite d’éducation, le noir devient encore bien plus
dangereux ; il a gardé tous ses mauvais instinct sous un semblant
de vernis que lui donne une instruction élémentaire. Il se sert de
ce qu’il a appris pour mieux tromper et mentir. De plus, il devient
orgueilleux de sa légère supériorité et se rend ainsi encore
plus antipathique.
Toute la peine que se donnent les missionnaires dans l’accomplissement
de leur tâche philanthropique a malheureusement pour