La moyenne des sexes est d’un tiers d’hommes pour deux tiers
de femmes.
La durée moyenne de la vie peut être estimée, chez le noir
de Guinée, à soixante ans au maximum. Très précoce, il est
homme fait à vingt-cinq ans et père de grands enfants à trente-
cinq ans, vieux à quarante-cinq ans. A cinquante ans, c’est un vieillard;
à soixante ans, un patriarche vénéré.
La femme va encore plus vite ; mère le plus souvent à treize ou
quatorze ans, elle est fanée à vingt ans et vieille à trente ans ;
à trente-cinq ans elle est grand’mère.
Le climat (car les noirs en souffrent comme nous, toute proportion
gardée; ils ont périodiquement la fièvre qui se manifeste
par des migraines et une élévation notable de la température), les
durs travaux, le manque d’énergie, sont cause de ce peu de longévité^,
à cinquante ans, les deux sexes sont impropres au travail,
1 affaiblissement se manifeste chez eux par une somnolence,
une torpeur dont ils ne sortent plus que rarement.
Les médicaments européens sont, en général, moins efficaces,
à dose égale, chez le noir que chez le blanc ; les remèdes du pays,
en revanche, sont excessivement violents.
Après les caractères physiques, sur lesquels nous venons de
jeter un coup d’oeil, nous examinerons maintenant les -caractères
intellectuels du Dahomien.
CHAPITRE II
CARACTÈRES INTELLECTUELS.
Caractère du noir en général. — L’intelligence chez lui, son développement,
ses dispositions. — La numération. — Les langues. — Décomposition du
temps.
Le caractère du noir, en général, est très difficile à définir. 11
déroute souvent l’observateur, et l’impression qu’il produit n’est
pas bien nette. Nous trouvons le noir, au premier abord, nous
Européens, astucieux, hypocrite et menteur, par rapport à nos
moeurs. Il mérite un plus profond examen; non que le résultat
d’une longue étude doive donner une meilleure idée de son moral,
mais parce qu’il faut l’approfondir pour lé juger.
Nous voyons le noir ou plutôt nous voudrions le voir sous le
même jour que nos semblables fi’Europe; nous nous sommes
fait, dans nos moeurs, une idée spéciale de ce que comportent la
fausseté ou la franchise, l’égoïsme ou la générosité, ainsi qu’une
foule d’autres caractères moraux que nous appelons qualités ou
défauts parmi nous.
Lorsque nous arrivons au milieu de gens que l’on appelait hier
des sauvages, nous ne songeons pas. à la distance qui nous sépare
d eux au point de vue moral, et nous les comparons immédiatement
à notre modèle du caractère civilisé.
Nous avons été élevés avec soin ; on a guidé notre esprit dès
notre âge le plus tendre en cherchant à développer en nous ce
qu’on appelle des qualités; le noir, lui, a poussé comme la mauvaise
herbe, sans soins et sans conseils. S’il a une idée du bien ou
du mal, c’est la nature qui la lui a donnée ; ses bons ou mauvais
instincts se sont développés auhasard ; ses,parents ont pu penser
jusqu’à un certain point à son bien-être physique, mais ils ont
laissé à son bon sens le soin de former son caractère.