coupée en étoffe plus foncée. Elles s’ornent le cou, les oreilles,
les bras, de verroteries et d’amulettes.
Il y avait autrefois, c’est-à-dire du temps de Guêzou, un corps
d’amazones appelées les chasseresses d'éléphants; elles étaient
vêtues à peu près comme les autres et mettaient, lorsqu’elles
allaient chasser, une paire de cornes d’antilope sur leur tête, sans
doute pour donner le change lorsqu’elles se cachaient dans les
hautes herbes. C’était surtout un corps de parade, qui était destiné
à accompagner le roi, lorsque, en dehors de ses expéditions,
il voulait assister à des chasses. Leur armement fut d’abord le
couteau et les flèches ; plus tard, de courts fusils à pierre. Ce corps
n’existe plus depuis longtemps ; c’était un luxe inutile, les éléphants
ayant complètement disparu de la région aujourd’hui. Le
corps des chasseresses fut versé au régiment des amazones.
A u p h y s i q u e , l ’a m a z o n e r e s s e m b l e à t o u s l e s n o i r s ; e l l e a g é n é r
a l e m e n t u n e v o ix r a u q u e o u m â l e e t l ’a s p e c t h o m m a s s e , q u i s o n t
l e r é s u l t a t d e s a d u r e e x i s t e n c e ; c e n ’e s t q u e j e u n e f i l l e q u ’e l l e
p r é s e n t e e n c o r e l e s c a r a c t è r e s d e s o n s e x e .
Nous avons dit qu’elle ne se marie qu’avec les chefs ou entre au
harem du roi, nominativement, car elle n’est exempte d’aucun
exercice. Lorsqu’elle est mère, elle quitte l’armée et s’occupe de
l’enfant jusqu’à ce qu’il puisse se passer d’elle ; il est alors confié
à d’autres femmes, et l’amazone, toute à son dur métier, ne le
voit plus que rarement.
Les insignes des chefs ordinaires consistent, chez les amazones,
en deux bandes d’étoffe en croix sur la poitrine, allant
des épaules aux hanches ; les généraux ont, de plus, une queue
de cheval à la main ou à la ceinture. En temps de paix, elles
portent souvent le pagne, comme les autres femmes ; elles ne
s’habillent que dans le service, soit pour l’exercice, les cérémonies
ou la guerre.
Leurs armes sont le fusil à pierre, acheté aux Européens et dont
la plupart des canons sont détrempés par les forgerons indigènes,
le sabre court du Dahomey, l’arme du sacrifice humain, avec sa
lame courbe et pesante, et souvent la hache, insigne du cabeçaire,
qui est en même temps un excellent casse-tête.
Pour un pays aussi barbare que le Dahomey, les amazones manoeuvrent
admirablement. L’alignement est très bien observé sur
place ; elles exécutent convenablement le changement de direction
de pied ferme par peloton ; le changement de direction en
marchant laisse à désirer autant du côté de l’aile marchante que
de celui du pivot.
Leur marche préférée est la colonne par peloton ; elles tirent
mal, sans viser, mais elles excellent au eorps-à-corps avec le sabre
ou le casse-tête. D’une agilité surprenante, d’une force musculaire
supérieure, elles bondissent sur l’ennemi avec rage, d’autant
plus dangereuses avec leurs armes blanches, qu’elles les
manient admirablement.
On verra, au compte rendu de l’expédition, comment elles se
battirent contre nos troupes.
Le reste de l’armée, la partie provisoire et qui n’est appelée
que pour la guerre, a les mêmes armes que les amazones ; mais
la manoeuvre est sans ordre, malgré les exercices annuels. Ces
effectifs sont loin de combattre d’une façon aussi disciplinée que
l’armée permanente; aux premiers coups de feu, l’odeur de la
poudre et le bruit leur font perdre toute obéissance ; ehacun opère
pour son propre compte, ne suivant que les gros mouvements du
reste des troupes. Il faut toute l’énergie des chefs pour maintenir
les guerriers ensemble, les rappeler lorsqu’ils s’éloignent, les
encourager, les battre même, pour les faire obéir.
Pendant le combat, les règlements indigènes veulent qu’on
ne tire que tour à tour sur l’ennemi, afin de faire un feu plus continu.
Les hommes sont placés sur deux rangs, en tirailleurs ; la
première ligne avance de quelques mètres, se dissimule, si possible,
fait feu et se replie rapidement derrière l’autre pour recharger
ses armes ; le deuxième rang avance à son tour. Une réserve
reste toujours à distance, ainsi que l’escorte du roi et les grands
chefs.
Il faut en moyenne, à un Dahomien, pour recharger son arme
après avoir fait feu, cinquante secondes ; une amazone le fait en
trente secondes à peine. Les diverses choses à faire en pareil cas
sont : 10 souffler dans le canon pour s’assurer que la lumière est
libre, ce qui se voit par la fumée qui en sort, si l’on fait cela tout
de suite après avoir tiré ; 2° ouvrir la cartouchière, y prendre un
godet, verser la poudre dans sa main, puis dans le canon, et
refermer la cartouchière ; 3“ prendre de l’étoupe dans un petit
sac, bourrer sur la poudre ; 4° mettre du même sac trois à six
balles, selon leur taille, avec une autre bourre pour les maintenir;
5° remettre- la baguette ; 6° ouvrir le chien porte-pierre et l’enclume,
y mettre un peu de poudre et refermer cette dernière ;