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fossés larges et profonds. 11 y avait un pont-levis e t une garnison d’environ
cinquante hommes ; l’armement se composait de vingt-six canons, dont un
dans la cour et braqué sur la porte. Au milieu, un petit bâtiment servant
de poudrière et, tout autour, les nègreries et les magasins de la compagnie.
Ce fort a disparu aujourd’hui ; il est devenu, après plusieurs transformations,
une maison ordinaire, occupée p ar la factorerie Goedelt, de Ham-
bourff*
Le fort portugais était le plus ancien; sa construction affectait à peu
près la même forme, avec les bastions carrés et un armement moins considérable.
A cette époque, il était déjà en mauvais état. Il n’en reste aujourd’hui
que des traces. On a construit, sur le devant, une petite maison avec
deux fenêtres à balcon et avec une grande porte ; c’est le logement des officiers.
On y voit encore des bastions mal ébauchés et des fossés presque
comblés.
Le fort français fut construit en 1671, par ordre de Colbert, pour la Compagnie
des Indes. Cette Compagnie, fondée en 1664 sous le titre de Compagnie
française des Indes occidentalea, demanda au gouvernement français une
station pour se procurer les noirs nécessaires à ses colonies. Louis XIV
donna ordre d’équiper, au Havre-de-Grâce, deux vaisseaux de 260 tonneaux,
qui furent armés chacun de trente-deux pièces de canon. Le sieur
d ’Elbée, commissaire ordinaire de la marine du roi, re çu t le commandement
de ces deux navires qui se nommaient la Justice e t la Concorde (noms
étranges pour aller faire la traite).
Le sieur d’Elbée avait ordre d’établir un fort sur la côte d Ardres ou de
Juda. Le sieur du Bourg, qui devait en prendre le commandement, était à
bord.
Les deux vaisseaux mirent à la voile le 1« novembre 1669 e t mouillèrent
en rade d’Ardres \ le 4 janvier 1670. Après des pourparlers qui n ’aboutirent
pas à sa satisfaction, le sieur d’Elbée décida de voir le roi de Juda, afin de
déterminer quel serait l’endroit où il établirait ,le fort de la Compagnie. Il se
rendit p a r te rre à Juda, et ayant été mieux accueilli ou plus satisfait de ce
qu’il vit dans ce dernier royaume, il décida que le fort serait construit à
Grégoué (Whydah). On se mit aussitôt à l’oeuvre, et la construction fut
achevée au commencement de l’année suivante (février 1671).
Le fort était composé de quatre bastions reliés par des courtines, sans
chemin couvert; il avait, pour couvrir la porte, un ouvrage en forme de
demi-lune; il était entouré de fossés trè s larges e t profonds, e t avait un
pont-levis jeté devant l’entrée.
L’armement se composait de tren te canons montés ta n t su r les bastions
que sur les courtines, et principalement sur celle qui faisait face au fort
anglais.
Il y avait, à l’intérieur, quatre corps de logis formant une grande place
d’armes carrée e t comprenant les magasins, les logements pour les officiers
et la garnison, e t la captiverie
Au milieu de la place d’armes se dressait une chapelle. Le fort était sous
1. Plage de Porto-Novo.
2. C’est ainsi qu’on nommait les magasins à esclaves.
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