des puissances européennes prouverait plutôt la fausseté et l’hypocrisie.
Nous croyons que ces deux défauts sont la base du caractère
dahomien, surtout dans les relations avec l’étranger. La diplomatie
indigène veut que la vérité ou la pensée soient toujours
déguisées. En dehors de cette façon d’être avec les étrangers, qui
s’acquiert avec la pratique et qui ne naît pas avec l’homme, nous
croyons qu’il y a place pour de bons sentiments chez le Dahomien,
alors qu’il a affaire à ses semblables, bien-entendu. Il est naturel
d’admettre qu’un homme intelligent comme Glèlè ait compris que
l’on devient plus populaire en se faisant aimer qu’en se faisant
craindre.
Il est évident que ces bons sentiments et cette générosité n’allaient
pas jusqu’à supprimer les sacrifices humains ou la peine
capitale, usages qui viennent de la tradition et qui ont été légués
par chaque roi à son successeur, comme line chose sacrée. Aucun
d’eux n’eût osé y apporter la moindre modification, et Glèlè continuait
ce qui avait toujours été fait, sans songer à en discuter le
bon ou le mauvais côté.
Il faut se rappeler que nous avons affaire ici à des peuples
sauvages, qui ne connaissent pas encore aujourd’hui aucune de
ces conventions nombreuses, dont l’ensemble porte le nom dè
civilisation.
Il ne faut qu’interroger les Dahomiens pour se convaincre du
prestige et de la réputation qu’a laissés Glèlè. Tous sont d’accord
pour affirmer que, sous son règne, le peuple a été plus heureux
ou plutôt moins malheureux qu’il ne l’avait été du temps de ses
pères.
Au physique comme au moral, le roi de Dahomey répondait
bien à l’idée que l’on se fait d’un chef puissant. Grand et robuste,
même dans ses dernières années, il avait la figure noble mais
impénétrable ; aucune de ses impressions ne s’y manifestait. Il
avait la peau rougeâtre, ce qui donnait encore à ses traits une
expression plus énergique.
Glèlè avait à sa mort environ soixante-quinze ans. Il était toujours
vêtu d’un pagne du Dahomey, avec autant de simplicité
que le dernier de ses sujets. Comme bijoux, un ou deux bracelets
en fer ; avec sa pipe de fabrication indigène, il ressemblait à tous
ses cabeçaires.
Son fils, le prince Condo, qui a aujourd’hui un peu plus de