à l’avenir avec inquiétude, car ils ne connaissent que la lutte au
grand jour, loyale, face à face.
Aho se rappelle alors ses ruses d’aventurier pour suppléer à l’infériorité
du nombre; il se souvient des ruses de guerre, peu honnêtes
pour la plupart, dont il faisait usage, et il enseigne auxFons
l’attaque nocturne par la surprise, qui permet de faire des prisonniers
sans coup férir; l’incendie, qui jette le désordre et chasse
Carte gravée par Horrnm, sous la direction du sieur d’Anville,
d’après le Père Labat et le chevalier des Marchais, 1743.
les habitants; enfin le pillage, qui rapporte plus de butin que ce
que l’on conquiert pied à pied par les armes.
C’est la lutte du petit contre le grand, du faible contre le puissant;
c’est la ruse suppléant à la force, dans toutes les guerres
que nous allons suivre. C’est ainsi que le roi des Fons fit de ses
sujets, et à tout jamais, un peuple de pillards, de voleurs et
d’assassins.
Avant de les suivre dans leur développement, nous énumérerons
les divers États qui composaient, à l’époque dont nous parlons,
c’est-à-dire vers la fin du dix-septième siècle, le territoire
de la côte des Esclaves.
Un fragment de carte très curieux et très rare aujourd’hui, qui
faisait partie des itinéraires insérés dans les Voyages du chevalier
des Marchais, fait figurer ces divers royaumes comme nous
les avons placés ; l’extrait ci-joint donnera une idée exacte de leur
situation à cette époque :
Au nord, l’État des Fons ; plus au sud et à l’ouest, le royaume
de Cana ou Calmina ; au sud-est, le pays des Ayos ; plus au sud
encore, le pays d’Assem et le royaume d’Ardres ; et enfin, sur le
littoral, les royaumes de Juda et de Jackin.
Comme limites, les Achantis, les Fantis et les Popos à l’ouest ;
les Ayos et la partie orientale du royaume d’Ardres à l’est.
Les rois de Dahomey. — Leur règne.
Le début de l’histoire du Dahomey, sauf la tradition que nous
venons de rapporter, se compose de petites querelles et de combats
continuels entre voisins, sur lesquels on n’a que de très
vagues détails, et dont le souvenir n’a pas marqué suffisamment
dans la mémoire du peuple pour avoir survécu jusqu’à nos jours.
Les événements importants, les grands traits seuls, sont parvenus
jusqu’à nous. Les noms des rois de Dahomey aussi sont
restés gravés dans l’esprit du peuple dahomien, et sauf les dates
qui résultent d’un long travail de comparaison fait par nous, l’ordre
dans lequel ils ont régné est rigoureusement respecté dans toutes
les bouches.
ROIS DAllOMIENS DEFUIS LES FOKS JUSQU’A NOS JOURS 1
Dako. 1625-1640 Mpengla.................. 1732-1737
Dan........................ 1640-1655 A g o n g lo u .. 1737-1774
A h o ..................... ,1653-1679 Adonozan... . . . . 1774-1808
Akaba. ............. 1679-1708 Guêzou..................... 1808-1858
Agadja8 ............... 1708-1729 Glèlè......................... 1858-1889
Tégbouéssou.. . . . 1729-1732 Gbédâssè 3 .............. 1889-1893
1. Tous ces noms sont écrits comme les prononcent les indigènes. Nous
avons suivi la même règle en tout ce qui concerne les mots étrangers à notre
langue dans le cours de cet. ouvrage.
2. Agadja est le nom que lui donnent les Dahomiens. Les anciens auteurs,
qui o n tle défaut de dénaturer tous les mots étrangers en ce qui concerne
ces régions, l’appellent, les uns, Gadja-Trudo, d ’autres, Fruro-Audati ; il en
ést de même pour plusieurs autres rois dont ils notent un des nombreux
sobriquets donnés p a r le peuple au roi régnant, au lieu du nom dynastique.
3. On a changé ce nom en Bédanzin, Bédassin, Béhanzin, etc.; il s’appelle
aussi Aïdjéré. Tous ces noms de rois ont, à peu de chose près, la même
signification. C’est la traduction d’adjectifs tels que le Puissant, le Grand,
le Fort, le Courageux, le Fatigué, le Miséricordieux, le Dangereux, l’immense,
etc.