En tenant compte du gaspillage de bois qui a toujours lieu en
pareil cas, on peut se faire une idée de la taille gigantesque des
végétaux dans le tronc desquels ces pirogues sont taillées d’une
seule pièce. Le bombax est souvent choisi pour cet usage à cause
de la légèreté et de la dureté de son bois.
Lorsque les pirogues sont d’une, longueur supérieure à 5 mètres,
on les consolide intérieurement par des membrures taillées dans
des branches courbes et ajustées ensuite aux parois; on y ajoute
également des bordages qui augmentent leur hauteur au-dessus
de 1 eau quand elles sont chargées. Ces additions prolongent la
durée de la pirogue, qui, si on en prend soin, peut servir bien
des années.
L avage de l or. — L’or exploité sur la Côte d’Or, et même autrefois
au Dahomey, selon les anciens voyageurs, est de l’or d’alluvions.
Les indigènes ont deux façons de se le procurer : en prenant le sable
dans le lit des rivières, ou en creusant des mines, comme chez les
Achantis, par exemple. Dans ce dernier cas, l’or se trouve au milieu
d’un mélange d’argile, d’humus, de terrains de sédiment et quelquefois
de calcaires. Il provient alors d’alluvions anciennes. Le
lavage demande énormément de temps et de patience, et des
Européens n ’y gagneraient pas de quoi vivre. Chaque poignée de
sable est lavée dans plusieurs eaux, et les parcelles aurifères dégagées
des matières qui les retenaient ou les enveloppaient tombent
au fond du récipient, où on les recueille. On trouve parfois de très
belles pépites chez les Achantis.
Chaux et potasse. — En faisant brûler un mélange d’herbes et
de coquilles d’huîtres et autres, qui se trouvent sur les plages,
les indigènes se procurent deux matières précieuses pour eux : la
potasse et la chaux. Elles sont loin d’être obtenues pures, mais
elles servent aux indigènes telles qu’ils les extraient. La potasse
mélangée à des résidus d’huile donne le savon indigène, et la
chaux sert dans les villes construites en terre à blanchir les habitations
des grands et les temples fétiches. -
S e l . — Il s’obtient par l’ébullition. On remplit d’eau de mer d’immenses
pots et, au moyen d’un feu vif, on fait évaporer toutes les
parties aqueuses. Lé sel a un grand prix dans l’intérieur. Les
Européens l’important en grandes quantités, sa fabrication a été
abandonnée des indigènes en bien des endroits.
F abricants de meubles. — Cette industrie est des plus modernes ;
elle est née de la présence des Européens. Les indigènes, désireux
d’imiter les objets dont ils voient les blancs se servir et ne disposant
pas des mêmes matériaux, sont arrivés, par leurs propres
moyens, à des imitations qui ont créé une spécialité à part. Ils
fabriquent en faux bambou des meubles d’une grande légèreté et
en même temps fort solides. Ce sont des morceaux réunis et
attachés, maintenus de niveau par de petits bâtons qui les traversent.
On fait ainsi des canapés, des tabourets, des chaises à
dossier. La table est encore à créer.
Nous venons de jeter un coup d’oeil sur les principales industries
qui constituent des corps de métiers, Il nous reste maintenant à
parler de divers produits indigènes en dehors de ceux qui précèdent,
et de la façon dont on les obtient. Tous les indigènes sont
au courant des procédés de fabrication ; ceux-ci ne sont le privilège
de personne ; chacun, selon ses besoins, devient distillateur
ou marchand d’huile de palme.
De même, les cultivateurs forment les trois quarts de la population.
C u l t u r e s . — La culture est généralement superficielle dans ces
pays; on laisse à la terre le soin de se fortifier elle-même. La
végétation étant d’une exubérance extraordinaire, peut généralement
se passer de soins. De plus, elle donne deux récoltes par
an, au lieu d’une, ce qui nous mène déjà fort loin de nos sols les
plus riches des climats tempérés. Avec un peu de peine, les indigènes
pourraient obtenir des produits plus riches et plus beaux.
Dès que le moment des semailles approche, c’est-à-dire aux premières
pluies, les gens du pays commencent à labourèr. Cette
opération se fait lentement, avec une bêche indigène, instrument
qui n ’embrasse qu’une très petite surface à chaque coup.
Le noir travaille tous les jours un petit morceau de terrain et
met une semaine pour remuer superficiellement la surface d’un
are. •
En Afrique, comme ailleurs, l’agriculture manque de bras, et il
n’y a pas sur toute la région un dixième de cultures.
Pendant le labour, le noir a réuni, en tas, tous les débris des
végétaux provenant de la dernière récolte, qui sont restés sur le
terrain. Ces détritus, déjà en décomposition pour la plupart, lui