de malaise "plus ou moins prononcé ; un peu de quinine et une
bonne nuit la font disparaître.
L’insolation violente se manifeste par des vomissements, des
douleurs atroces au cerveau, des syncopes fréquentes et un état
de torpeur d’autant plus dangereux que la température s’élève,
Il faut installer à la hâte un récipient laissant égoutter de l’eau
fraîche sur la tête du malade, de façon que les compresses qu’on
y met ne puissent sécher et s’échauffer. Il faut arriver, par tous
les moyens possibles, à diminuer la fièvre. Si la quinine reste
sans effet, prise à l’intérieur, on a recours, si l’on peut, aux injections
hypodermiques et à l’antipyrine à double dose. Un violent
purgatif, une goutte ou deux d’huile de croton, par exemple,
apportent souvent du soulagement.
L’accès pernicieux, du moins l’affection à laquelle on donne ce
nom sur la côte, est un mélange de très forte fièvre et d’insolation,
ou bien une très forte insolation avec un empoisonnement complet
par le paludisme.
Le nom d’accès bilieux hématurique, qui indiquerait plutôt des
déjections de sang, est donné à tort,, d’après les médecins, à.la
maladie que les Anglais appellent blaçk water fever, et les Portugais
vomito negro.
Néanmoins,, faute d’autre nom, nous l’appellerons ainsi. L’évacuation
par la bouche devient jaune, puis verte, vert foncé et
finalement presque noire ; les urines, après avoir passé par toutes
les teintes du rouge, ont, au dernier période, la teinte du vin ;
les selles subissent la même transformation. Le malade tombe
dans un état de prostration dont il ne se relève plus généralement
; il perd plus ou moins ses facultés et prononce des phrases
incohérentes. La température du corps arrive, dans cette maladie,
au plus haut degré quelle puisse atteindre, avant d’amener la
mort ; c’est le plus grand ennemi à combattre. Des médecins
noirs de Lagos sont devenus très habiles (par la pratique continuelle,
les accès bilieux hématuriques étant très communs à Lagos)
à soigner cette affection ; ils ne s’occupent, au début, qu’à
abaisser la température, sans songer aux autres complications ;
ils se servent de l’antipyrine donnée à très haute dose pour arriver
à ce résultat. Dès que la fièvre est moins intense, le reste sè guérit
facilement ; mais on ne peut, la plupart du temps, diminuer la
température. La maladie est très courte ; elle dure de huit heures
à trente-six heures au plus.
L’accès hématurique tue quinze malades sur vingt aujourd’hui ;
autrefois, il n’en échappait pas un seul. On en constate peu de cas
au Dahomey, quelques-uns à Porto-Novo ; mais, à Lagos, c’est le
mal du pays ; il y a peuplé deux cimetières étendus, depuis trente
ans que les Européens fréquentent la région.
On dit que l’une des causes de l’accès hématurique est l’usage
d’une eau traversant ou baignant d’anciens cimetières. Les Allemands,
sur la côte, sont loin de boire de l’eau ; ils ne s’en servent
que pour leur toilette, et ce sont ceux qui sont le plus décimés par
l’accès hématurique. Il faut donc en conclure que l’alcoolisme prédispose
également à la terrible maladie.
Les saisons influent beaucoup sur l’état de santé, mais aucune
d’elles n’est plus malsaine que les autres ; selon les individus, les
uns se trouvent mieux à la saison sèche (peut-être est-ce la majorité),
les autres à la saison des pluies. Celle-ei affecte surtout les
nouveaux venus, à cause de la grande humidité qu’elle amène.
L’Européen qui arrive à la côte d’Afrique a généralement à s’arranger
au hasard des circonstances. Là, comme ailleurs, sous les
mêmes latitudes, on fait comme on peut ; mais il peut se produire
des cas où l’Européen se trouve à même de vivre comme il l’entend,
et, dans ce cas, comme nourriture et habitation, il est des
conditions indispensables au bien-être.
H a b it a t io n . — Dans les villes ou villages, tenez-vous le plus à
l’écart possible des indigènes ; construisez votre maison en dehors
de leurs quartiers malpropres et malsains. Il faut que votre maison
ait un étage, si peu élevé qu’il soit ; il n ’est pas sain, avec
l’humidité qui règne partout, de vivre dans un rez-de-chaussée,
au niveau de terre; sans compter les rats de toutes tailles, les serpents
venimeux et mille insectes qui seront vos hôtes continuels,
vous aurez des rhumatismes et des douleurs qui viendront alterner
avec la fièvre. Si vous ne pouvez avoir un étage, ayez tout au
moins un terre-plein d’un mètre de haut, et laissez ses abords à
angle droit.
Il est très malsain de se calfeutrer dans un appartement pour
la nuit ; il faut prendre l’habitude de dormir avec fenêtres et
portes ouvertes, à moins de danger de la part des indigènes, ce
qui est rare. Si la maison est entourée d’une palissade ou d’un
mur, le soir on est chez soi, et si l’on prend l’habitude de ne
jamais rien laisser traîner, les voleurs ne sont pas à craindre.
Si l’on1 prend l’habitude de dormir dans un appartement fermé,