Rien n’était plus facile que de l’imiter, et l’on y trouvait tous les
avantages ; l’argile était plus réfractaire à la chaleur que la paille
etle bois, elle était aussi plus durable que ces derniers matériaux,
auxquels s’attaquaient, d’ailleurs, toutes sortes d’insectes.
L’idée vint aux indigènes de suivre encore l’exemple du blanc
et de construire les murs de leurs habitations avec de la terre qui,
jusqu’alors, ne leur avait servi qu’à faire de la poterie.
Peu à peu, chacun jeta à bas les bois vermoulus de sa maison et
les remplaça par un mur en argile, sur lequel on mit une toiture ;
cela ajoutait une variété aux genres d’habitations qui existaient
au Dahomey, où elles forment six catégories distinctes :
La case ronde et la case carrée, en paille, terrestre ; la case
ronde et la case carrée, en paille, sur pilotis ; la case en bois ; la
case en terre.
Le motif de la variété de forme dans l’habitation n’est pas connu.
11 ne souffle dans la région aucun vent assez violent pour obliger
les habitants à arrondir leurs habitations, afin de lui donner moins
de prise ; c’est simplement, croyons-nous, le résultat de leur fantaisie
et de la coutume.
Si la forme de la case est sans motif, il n’en est pas de même de
sa composition. Les matériaux sont subordonnés à ce que produit
la région.
Ainsi, dans la première zone où il n ’y a que du sable et une
rare végétation, toutes les huttes sont en bambous et en paille de
palmier. Dans la deuxième et la troisième zone, on voit des murs
en argile, parce que le sol offre cette ressource. Et enfin dans la
quatrième zone, où le terrain change encore et où les forêts abondent,
les indigènes, à défaut de palmiers, construisent leurs maisons
en bois.
Nous savons déjà qu’ils mesurent leur peine et sont très avares
de leurs pas. S’ils ne trouvent pas à leur portée ce qu’ils désirent,
ils utilisent ce qui est le plus à proximité. Avec les moyens de
communications qu’offrent les nombreux cours d’eau dans le pays,
il leur eût été facile de transporter eux-mêmes les matériaux qui
leur convenaient ; mais ce travail eût été au-dessus de leurs
forces.
Les murs des habitations en paille se construisent de la façon
suivante : si la case est ronde, on dispose en cercle, à 1 pied d’intervalle,
sur un diamètre de 2“ ,50, une série de doubles poteaux
de 2 mètres enfoncés en terre à une profondeur de 25 centimètres.
Dans la maison de forme carrée, les bois sont disposés
sur un rectangle de 3 mètres sur 2 mètres. Les poteaux sont sur
la même ligne, par deux, séparés de 7 ou 8 centimètres, l’un en
dedans, l’autre en dehors. Les intervalles sont remplis de feuilles
de palmier à huile, séchées au feu, placées transversalement d’un
poteau à l’autre et attachées à chacun d’eux avec des cipeaux ou
liens du pays.
Les murs en terre, qu’on faisait au début avec des briques
séchées au soleil, sont maintenant construits d’une seule pièce, ou
plutôt en trois morceaux, la première façon donnant beaucoup
trop de peine.
On piétine l’argile avec de l’eau jusqu’à ce que la pâte soit bien
mélangée. On la transporte ensuite en grosses boules sur le lieu
de la construction, et l’on commence à les amonceler en les pétrissant
avec les mains entre deux cipeaux tendus qui indiquent
l’épaisseur du mur (de 0ra,30 à 0m,45), sur un fondement de
20 centimètres creusé dans le terrain ; on élève ainsi la première
partie du mur, haute d’environ 70 centimètres au-dessus du
niveau du sol, et on laisse sécher. Après cinq ou six jours, le
soleil l’a criblée de crevasses et lui a donné une dureté voisine de
celle de la pierre. On pose alors la deuxième section du mur en
opérant de la même façon, et on laisse écouler le meme intervalle,
avant d’établir la dernière partie qui donne au mur une hauteur
totale de 2 mètres à 2m,30.
La surface extérieure en est laissée rugueuse et piquetée par
les doigts des ouvriers ; l’autre est polie ou du moins aplatie à la
main, car le maçon indigène ne possède aucun outil. L’argile est
détachée du sol avec une bêche de cultivateur et enlevée avec les
mains.
Les murs ainsi construits sont, il faut le dire, à 1 honneur du
coup d’oeil des ouvriers, réguliers et d’aplomb.
La construction des contours d’une case sur pilotis est beaucoup
plus compliquée que celle des autres genres d’habitation.
Gomme les villages lacustres ont perpétuellement un mètre
d’eau sous leurs cases, au minimum, le travail se fait en pirogue
et seulement à la saison des basses eaux. Les lagunes ont presque
toujours le fond tapissé d’une vase gluante qui ne permettrait pas
à un homme de se soutenir ; il y enfoncerait et disparaîtrait dans
la couche de boue qui a quelquefois jusqu’à i mètre d’épaisseur.
On trouve, en dessous, du sable ou du terrain plus consistant où