brouillard qu’il apporie. Nous n’avons jamais remarqué que ce
brouillard pût lui être attribué, quoique sa présence concorde avec
celle de l’armatan.
11 tombe toujours pendant la nuit, dans ces régions, une rosée,
très abondante. Les mois de décembre, janvier et février sont les
plus chauds de l’année ; àcettè époque, le soleil est au méridien et
il faut supporter des températures excessives; la rosée augmente
également et ressemble plutôt à une pluie fine ; elle humecte les
vêtements en quelques minutes.
Cette humidité, en tombant sur un sol surchauffé pendant neuf
heures par les rayons d’un soleil incandescent, se transforme en
une buée que l’on aperçoit le matin au lever du soleil ; l’air est
opaque et l’on ne distingue pas les objets à 10 mètres devant soi.
L’armatan vient alors dissiper ce brouillard, qui disparaît dans
l’espace d’une demi-heure, car la propriété de l’armatan est bien
plutôt de dessécher. Loin d’amener dans l’air une opacité aqueuse,
il chasse les particules humides et rend aux couches d’air une
transparence qui augmente encore la chaleur. On a donné à ce
vent le vrai nom qui lui convienne en l’appelant vent qui sèche.
Rien ne résiste à ses effets; les meubles, les boiseries, craquent
toute la journée, gémissant sous la contraction de leurs molécules
et finissant par se fendre de tous côtés; tous les endroits
collés s’entr’ouvrent, les papiers, les livres et les cartons, les
cuirs, la paille se roulent et se tordent sous un rétrécissement
général. La peau humaine, elle-même, malgré ses propriétés
élastiques et onctueuses, n’est pas exempte de l’influence de
l’armatan ; les cartilages du nez et le bord des narines sont les
premiers à ressentir son action; on y éprouve une cuisson qui
devient douloureuse. La transpiration s’arrête ou diminue, et la
peau des parties exposées à l’air devient sèche et polie.
Pendant l’armatan, les lagunes se dessèchent et baissent avec
une rapidité remarquable ; les eaux stagnantes, les marécages disparaissent
complètement ; la végétation diminue et semble s’arrêter;
l’agriculture est suspendue. Sauf quelques orages, il ne pleut
jamais à cette époque.
On peut classer les saisons de la façon suivante :
| Septembre.. Pluies fréquentes.
Le Phintemps (petite saison des pluies). I Octobre . . . . Pluies peu fréquentes.
f Novembre . . Pluies rares.
g é o g r a p h i e m o d e r n e
L'Été (l’armatan ou saison sèche).
f i l
L'Hiver (grosse saison des pluies). . . . v i
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Décembre.. Forte chaleur.
Janvier. Chaleur excessive.
Février.. . . Forte chaleur.
Mars........... Pluies rares.
Avril.......... Pluies fréquentes.
Mai............. Pluies fréquentes.
J u in ........... Pluies continuelles.
Juillet.. . . . Pluies torrentielles.
Août.......... Très fortes pluies.
Pendant la saison sèche, le ciel est complètement découvert en
temps ordinaire; on n ’aperçoit pas un nuage.
Pendant la petite saison des pluies, on peut calculer une moyenne
de dix à quinze pluies par mois, durant trois ou quatre heures ; e
ciel est.peu couvert, les nuages disparaissent aussitôt après ou
restent à l’horizon.
Au contraire, pendant la grosse saison des pluies, le soleil reste
parfois une semaine sans se montrer plus de quelques minutes.
Les pluies durent quelquefois plusieurs jours sans discontinuer,
formant par leur amoncellement de véritables torrents qui se
frayent un passage n’importe où, se dirigeant vers les cours d eau.
Le ciel est gris ardoise, l’atmosphère humide, la terre detrempee,
tout est dans l’eau ou dans la boue. Les pittoresques coups d oei
qu’offre la végétation tropicale sous les rayons du soleil disparai -
sent, car rien n’est triste comme un palmier sous un ciel gn s -
L’udomètre marque jusqu’à 42 centimètres, de pluie tombée
dans une journée, par mètre carré.
Les orages d’Europe avec leurs quelques coups de tonnerre et
leur petite averse ne donnent aucune idée de la lutte des éléments
dans les régions équatoriales. C’est pendant la petite saison des
pluies surtout, où l’air est chargé d’électricité, qu ont lieu les
orages. On les appelle tornades1; ils suivent à peu près invariablement
la marche suivante '. >
Environ trois quarts d’heure avant, on peut remarquer vers
l’ouest, très bas, un gros amoncellement de nuages ; ce sont, pour
la plupart, des cumulo-cirrus. Ils courent très rapidement dans
cette direction. Le vent souffle d’abord assez violemment vers
l’ouest, mais sans rafales. Le tonnerre commence :a se taire
1. Du portugais iornar, tornada, retourner, revenir à | parce que ces
orages font le tour de 1 horizon.