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ment qu’au Dahomey et aux Popos. Le nago offre moins de con-
sonnances gutturales que les deux autres idiomes ; la seule difficulté
qu i présenté pour les Européens, est dans la prononciation
des voyelles plus ou moins accentuées. Comme c’est la seule dis-
mcion quil y ait entre les différents sens d’un même mot. il
arrive ort souvent que les Européens, quoique parlant un peu la
langue, ne peuvent se faire comprendre.
L’habitude du noir,, dans ce cas, est de ne faire aucun effort
pour saisir ce que vous voulez expliquer. Quand nous entendons
un étranger se débattre dans les difficultés qu’offre notre langage
nous essayons de l’aider, de deviner ce qu’il veut dire et, s’il dénature
les mots, nous nous efforçons, malgré cela, de le comprendre.
Le noir n ’est pas comme nous : lorsque vous lui parlez,
i ■ vousi écouté bouche béante g si vous avez prononcé vos mots
une façon irréprochable, il vous répond sans vous faire attendre
par un mensonge, selon la circonstance ; mais si vous avez commis
une faute quelconque de prononciation, il ne fait aucun effort
pour deviner ce que vous aviez l’intention de dire. Il vous regarde
et il attend : il n’a pas compris.
Dans les langues indigènes qui manquent forcément de tous
les noms applicables à des objets d’importation étrangère ou
appartenant à la civilisation, on a comblé ces lacunes par des mots
français, anglais, portugais surtout, qui ont été peu à peu déna-
uréspar les indigènes et qui font aujourd’hui partie de l’idiome.
L abstraction dans l’expression de la pensée, le sens figuré, les
poses entre les phrases, sont autant de choses ignorées dans ces
idiomes aussi primitifs que les peuples qui les parlent.
Les missionnaires anglais dans le Yorouba ont complété le
nago à leur façon ; ils y ont ajouté une foule de termes et d’accents
conventionnels avec l’intention de créer, sans doute, une langue
littéraire,. Ils publient des brochures dans cet idiome et, comme
ils 1 enseignent aux enfants qu’ils élèvent, un certain nombre de
noirs lettres peuvent le comprendre et arrivent à lire, à Lagos
les journaux que l’on publie dans cette langue réformée. Mais les
indigènes, qui ne sont nullement au courant de ces transformations
et de cette nouvelle terminologie, ne comprennent pas.
Nous avons souvent essayé de lire aux indigènes des passages de
livres écrits en nago modifié (que nous ne comprenons pas d’ailleurs
nous-mênm, quoique parlant couramment le nago vulgaire)
et, après lecture, ils nous regardaient avec l’ébahissement de gens
qui ne savent pas ce qu’on veut dire, mais¡qui admirent de confiance.
Tels sont les principaux traits que nous avons constatés dans le
caractère du noir en général et du Dahomien en particulier. Nous
allons le voir dans ses principales industries et le suivre dans les
autres détails de sa vie.