quement attaquées p a r les Dahomiens appuyés p a r leur artillerie de Goto
et p a r les tireurs postés à 200 mètres de notre bivouac. Enfin, vers 6 heures,
on parvient à les repousser ; ils sont chassés du village et disparaissent dans
la brousse.
Au cours de cette lutte, 2 officiers sont tués (lieutenants Michel et Toulouse)
e t 10 hommes sont blessés (dont S Européens). Le 21, au matin, des
patrouilles culbutent l’ennemi qui s’était trop rapproché pendant la nuit.
Période de calme. — Un nouveau repos était devenu nécessaire avant de
ten te r de vive force le passage du Coto. Il fallait réorganiser les groupes
décimés par les combats des jours précédents. On attendait des renforts ; le
commandant Audéoud avait été rappelé. 11 arriva le 24 avec son détache^
ment, ainsi que deux compagnies venant du Dakar A
D autre p art, il parut opportun de modifier le fractionnement de la colonne.
Elle fut formée de quatre groupes au lieu des trois qu’il y avait précédemment.
Cette disposition devait faciliter la marche en carré e t la formation
du bivouac.
’ Le.s convois p ar terre présentant de grandes difficultés, les services de
1 arrière furent centralisés entre les mains d’un officier d’état-major.
Un gîte d'étapes fut créé à Kossoupa.
Pendant que le commandant supérieur s’apprête ainsi à te n te r de nouveaux
efforts, Behanzin continue à se fortifier. En même temps, il envoie
des parlementaires pour demander la paix. A quoi il lui est répondu qu’on
n entrera en négociations avec lui que s’il livre, comme gages de sa sincérité,
les lignes du Coto.
Sur son refus de les évacuer, la marche en avant est reprise le 26.
Les convois et bagages restent au réduit d’Akpa, sous la garde des
hommes les plus fatigués. On y laisse également une section d’artillerie
chargée de canonner la brousse en avant de Cotopa.
Prise des lignes de Coto. - Le 26, à 7 heures du matin, le carré s'ébranle,
appuyé p ar le feu du réduit. Deux lignes de défense sont enlevées successivement,
et, à midi, le carré débouche sur la place de Cotopa, après avoir
repoussé p a r des salves, suivies de charges à la baïonnette, des attaques de
réguliers et d’amazones.
A 2 heures, la marche est reprise.
Le colonel Dodds décide de ten te r le passage en aval ; en conséquence,
on appuie vers le sud-ouest. A 5 heures, on arrive au bord d ’un cours d’eau.
Le commandant Audéoud le franchit avec deux groupes, repousse les Dahomiens,
fait évacuer un village e t s ’installe sur la crête d’un plateau à
600 mètres de la riv iè re8.
Le lendemain, les deux autres groupes et l ’artillerie le rejoignent.
On se figurait avoir traversé le Coto; mais on reconnut qu’on s’était
trompé. C est le Han, affluent du Coto, qu’on avait franchi, et il allait falloir
le repasser. « Le manque complet de renseignements, dit le rapport officiel,
a été la plus grosse difficulté qu’ait rencontrée la conduite des opérations.
1. Ce même jour, le capitaine Crémieu-Foà, mon cousin, recevait à hauteur
Q Oumboumédi une blessure dont il devait mourir trois semaines plus tard.
2. Pertes : 2 tués et 24 blessés, dont 1 officier (capitaine Demartinécourt).
Les prisonniers n’ont jamais pu ou voulu parler ; les guides qu’on a pu
employer ont quitté le Dahomey depuis de longues années et n ’ont jamais
dépassé Poguessa ; enfin, les cartes n ’existent pas ou sont fausses, et les
renseignements recueillis à Porto-Novo sont inexacts ou insuffisants. »
Behanzin envoie de nouveau des parlementaires pour tra ite r de la paix.
Ayant, à son tour, de la méfiance, le colonel Dodds fait repasser le Han et
franchir le Coto ’. A4 heures, le bivouac est établi à proximité de Cotopa.
Comme le put écrire à ce moment le commandant supérieur du corps
expéditionnaire, il avait dès lors mis le pied au coeur du Dahomey. « Cana,
la ville sainte, n’est plus qu’à quelques kilomètres devant nous, ajoutait-il; •
à 15 kilomètres plus loin s’élève Abomey. Behanzin veut nous empêcher
d’arriver à Cana; notre entrée dans cette ville, notre présence dans le voisinage
d’Abomey doivent à jamais compromettre son prestige et anéantir sa
puissance. »
Avant d’aller plus loin, cependant, il y avait à ravitailler la colonne et à
procéder à l’évacuation des blessés. On s’en occupa du 28 octobre au 1er novembre.
En même temps, un poste était créé à Cotopa, pour remplacer celui
d’Akpa et assurer la communication avec Adégon.
Le 1er novembre, une reconnaissance sur Avlamé culbute les Dahomiens
qui s’étaient retranchés à 1 kilomètre du camp.
Combats d’Ouakon. — Le 2 novembre, la colonne reprend sa marche, et,
p ar un mouvement vers le nord-ouest, elle tourne la position d’Ouakon solidement
occupée p ar l’ennemi. Après trois heures de lutte énergique, le
colonel Dodds finit p a r avoir raison dé la ténacité e t de l’audace de ses
adversaires. Il peut établir son bivouac sous les murs du palais d’Ouakon8.
Le lendemain, à la pointe du jour, les Dahomiens exécutent avec une extrême
violence un retour offensif sur les flancs et l’arrière du carré. Voici en quels
termes le rapport officiel rend compte de cet engagement :
« Leur premier élan brisé, le commandant de chaque face porte en avant
un peloton d’Européens et un d’indigènes pour donner de l’air au ca rré e t
éloigner les tireurs ennemis, dont les coups atteignent à dos les hommes de
la face opposée.
« Le quatrième groupe (Audéoud) enlève brillamment à la baïonnette le
palais d’Ouakon, où l’ennemi est revenu en nombre pendant la nuit.
« Après quatre heüres d’un combat acharné, les Dahomiens battent en
retraite, mais ouvrent aussitôt un violent feu d’artillerie, qui est assez bien
dirigé. Quelques obus tombent dans le carré, mais le tir de nos propres
pièces fait bien vite taire celles de l’ennemi. Vers 10 heures et demie, le feu
cesse complètement.
« L’acharnement mis p ar les soldats de Behanzin dans leur attaque a été
grand. Son armée, composée de quelques centaines de réguliers, débris des
luttes précédentes ou rappelés de Whydah et d’Allada, comprenait encore
un grand nombre d’hommes sortis la veille des prisons royales. Presque
1. Pertes : 2 tués et 12 blessés.
2. Cette affaire nous a coûté 4 tués (dont le lieutenant Mercier) et 22 blessés
(dont le lieutenant Cany). La journée du lendemain devait être plus sanglante
encore ; nous y perdîmes 5 hommes et nous y eûmes 58 blessés (dont le capitaine
Roget, les lieutenants Jacquot et Cany, le docteur Roueh).