Les noyaux qui ont été mis de côté contiennent une amande
ure et collée à leurs parois. Pour la détacher, on est obligé de
les laisser sécher au soleil deux et trois mois après la fabrication
ae i huile. On les brise ensuite, ce qui est difficile à cause de leur
dureté, et l’on en extrait l’amande. Celle-ci est de forme ellipsoïdale,
durcie par le séchage et immangeable ; elle a un goût
prononcé de savon, ou plutôt c’est notre savon de ménage qui a un
goût prononcé d’amandes de palmes, car celles-ci servent à sa
fabrication.
L’amande de palme, en effet, en Europe, produit une huile fine
et riche qui sert, entre autres usages, à faire des bougies et du
savon. Les amandes se mangent dans le pays, malgré leur dureté
; les porcs en sont très friands et engraissent rapidement si
on en fait leur alimentation exclusive. On taille dans l’amande
de palme des bijoux du pays. Les femmes portent des ceintures
laites en tranches arrondies.
Tels sont les deux principaux produits de la région et la façon
dont on les obtient.
Caoutchouc. — Le caoutchouc n’est pas exploité au point de vue
commercial, mais on l’emploie à la Côte d’Or et au Dahomey pour réparer
des pirogues, préparer des récipients non destinés au feu, etc
Les indigènes se servent de la sève du Ficus eiastica, de VHevea
gmanensis, avant qu’elle soit solidifiée. Entre les bordages d’une
embarcation, rien ne remplace avec plus de succès le brai des
calfats, si l’on y joint un peu d’étoupe.
Le cocotier, qui pourrait être exploité sur une très grande
echelle, ne fait pas l’objet d’une culture importante. On mange
ses produits, et il n’en est tiré aucun autre parti.
. I1 semblerait, quand on lit la description de ces nombreuses
industries et des ouvriers qu’elles occupent, que la région est
composée de gens laborieux qui, dans l’agitation d’une véritable
fourmilière, poussent le commerce, font prospérer le pays et donnent
à leur trafic un mouvement considérable : il n’en est rien.
Comme nous l’avons dit, la paresse est innée chez le noir - il
n admet pas qu’on travaille les jours où l’on a de quoi manger
jusqu au soir, °
Aussi forgerons, tisserands, teinturiers, potiers, vanniers, etc.,
ne font-ils que ce que bon leur semble. Quand il a un peu travaillé
ouvrier se repose beaucoup Ja issan t l’outil et la besogne moisir
dans un coin jusqu’à ce que son caprice le pousse à les reprendre.
Il ne faut jamais être pressé avec lui, même lui confiât-on un
travail qui demande une heure, on peut compter d’avance sur
une semaine d’attente.
Comme ils ne se reposent pas tous en même temps, la manufacture
produit toujours, et les marchés sont alimentés, mais l’ouvrier
dahomien travaille un jour sur quatre.
P écheurs. — Il est très curieux de voir ies pêcheurs à la besogne
sur les lagunes. Us se joignent les uns aux autres pour rendre
leur pêche plus fructueuse. La façon dont ils procèdent mérite
d’être mentionnée.
Chacun d’eux a une petite pirogue avec un pagayeur, généralement
un enfant. Tous sont armés d’un épervier. Ils font
d’abord choix de l’emplacement qui leur semble le plus convenable
pour jeter leur filet et naviguent autour de façon à l’envelopper
d’un cercle. Ils sont à la file, conservant entre les pirogues
un espace proportionné à leur nombre et à l’étendue qu’ils circonscrivent.
Nous avons vu plus de deux cents pirogues se réunir
dans le lac Denham pour ce genre de pêche.
Lorsque la première pirogue a rejoint la dernière et forme ainsi
un cercle immense dont l’endroit désigné est le centre, il y a un
temps d’arrêt. Chaque pêcheur quitte la pagaie et se met debout
a l’avant de l’embarcation, tenant son filet sur le bras gauche et
prêt à le lancer ; en même temps, tous les pagayeurs de l’arrière
battent les rebords de la pirogue de façon à chasser, par le bruit,
le poisson vers le centre. Lorsque les eaux sont calmes, ce vacarme
s’entend à plus d’un mille de distance.
Lorsque tout le monde est prêt, à un nouveau signal, chaque
pirogue tourne sa proue vers le centre et se dirige vers ce point
aussi vite qu’elle peut. Les pagayeurs continuent, tout en marchant,
à faire du bruit, et les pêcheurs, à un moment donné, lancent
tous leur épervier en arrivant au centre du cercle sur un
espace de quelques mètres où le poisson se trouve réuni, chassé
qu’il est de tous côtés.
Le coup d’oeil qu’offrent ces centaines d’éperviers jetés ensemble
est très intéressant. Le filet, lancé dans l’espace, comme s’il échappait
soudain aux mains qui le tiennent, se déploie aussitôt comme
un oiseau ouvrant les ailes, en un dôme gracieux qui disparaît
dans l’eau. On prend ainsi une énorme quantité de poissons.