PREMIÈRE EXPLORATION DU HAUT WHÉMÉ
L’exploration du haut Whémé. — Son but. — Mes Compagnons de voyage. —
Départ. — L’accordéon pacificateur. — Les crocodiles. — Cadeau princier.
— Mauvais accueil. — La pointe aux moustiques. — En plein Dahomey
à 80 milles au nord. — Hostilité indigène. — Révolte à bord. — La pointe
aux mouches. — Le canon d’Abomey. — Gracieusetés dahomiennes. —
Retraite. — Retour à Porto-Novo.
En 1887, le gouvernement français cherchait à connaître le territoire de
Porto-Novo, qu’il avait sous son protectorat depuis plusieurs années.
Les conventions passées en d 863 et 1864 entre les amiraux Lafont de
Ladébat et baron Didelot avec le gouvernement anglais comprenaient deux
parties bien distinctes délimitées comme suit : 1° la presqu’île située entre
la mer et la lagune ; 2° la partie continentale entre l’Addo et le Whémé,
Comprenant la rive droite du premier et la rive gauche du second de ces
deux fleuves.
Le Whémé n ’avait jamais été exploré p a r personne; on savait seulement
que c’était un grand fleuve; son cours figurait su r les cartes d’une façon
fantaisiste et basée sur des suppositions.. Les Anglais avaient bien fait une
ëxploration de quelques milles en 1872, les missionnaires en 1876, e t enfin
le lieutenant-colonel Disnématin-Dorat, résident de France à Porto-Novo,
était arrivé à Késonou en 1885, à quelques milles à peine de l’embouchure
du fleüve.
Plusieurs motifs s’étaient opposés à ce que ces entreprises aient un meilleur
résultat : tan tô t c’était à la saison des hautes eaux qu’on avait en tre pris
de remonter le fleuve, et le courant était tellement violent que les
embarcations n ’avaient pu continuer leur voyage ; d ’autres fois, l’attitude
hostile des habitants ou le manque de provisions avaient fait déterminer le
renvoi de l’expédition à des temps meilleurs.
Le docteur Bayol, lieutenant-gouverneur dès Rivières du Sud du Sénégal,
se trouvait en mission à Porto-Novo au commencement de l’année 1887,
envoyé sur les lieux pour régler les différends anglo-français dont nous
avons parlé. Il voulait que quelqu’un ten tâ t l ’exploration du Whémé et
remontât son cours aussi loin que possible, afin de pouvoir le renseigner
sérieusement sur ce cours d’eau important au point de vue à la fois commercial
et politique.