L’HA.BITATION. 179
dents en bas, le pétacule en haut, et on les fixe sur les liteaux et
les arbalétriers, en commençant naturellement par le bord inférieur
du toit. Le tout est attaché avec le cipeau, ce lien si solide
et si durable, qui vaut les meilleures cordes et ne se pourrit pas.
L’intérieur des habitations indigènes comporte très rarement
plus d’une pièce ; seuls, les noirs, qui ont de grandes ressources
et veulent imiter les Européens, se payent un pareil luxe.
Il faut donc considérer ce cas comme l’exception. La pièce
unique de toutes les cases n’a généralement aucune autre ouverture
que la porte ; toute issue laissant pénétrer l’air ou la lumière
manque totalement, lorsque l’entrée est fermée.
Il semblerait que, dans ces pays équatoriaux, on éprouve naturellement
le besoin de respirer librement, de se procurer dans
une habitation un peu de fraîcheur, pour faire contraste avec la
température extérieure; il n’en est rien. Les indigènes s’accommodent
parfaitement du manque d’air, de clarté, dans une atmosphère
corrompue par l’agglomération de sept ou huit individus,
généralement malpropres, vivant dans un espace de quelques
pieds carrés.
Chaque maison est pourvue d’un enclos attenant, n ’aurait-il
que la moitié de la surface de la case ; cet espace ouvert tient
lieu de cour, et une porte ouvre généralement de ce côté ; le
plus souvent il n’en existe pas d’autre. On se rend dans la rue
par l’enclos.
C’est dans cette cour que se font toutes les opérations du ménage
: cuisine, lavage, pilage du maïs, etc. Elle est séparée de l’enclos
voisin par une palissade en paille et en faux bambou.
Les portes sont généralement en faux bambou très serré et
attachées par des cipeaux en guise de charnières ; on les ferme
le soir, au moyen d’une barre transversale.
La forme et la composition de la case diffèrent selon les zones,
mais les caractères généraux restent les mêmes partout.
Dans la première zone, sol sablonneux et mou, les huttes sont
en faux bambou entremêlé de paille. Les fondements sont assez
profonds ; la forme est rectangulaire ; le sol de l’intérieur se compose
d’un amas de sable qu’on mélange à de la vase de lagune
pour obtenir une surface plus dure et plus unie. Quelquefois les
habitants, afin d’empêcher l’air de pénétrer à travers les parois de
la case, la tapissent intérieurement de vase. Cette boue collante
prend vite la consistance de l’argile lorsqu’elle est sèche, et elle