ferme sa porte. Celui qui reste dehors, comme pour le braver,
risque d’attirer sur lui la colère du fétiche.
Placé dans l’olympe africain pour punir les méchants, Chango
charge son fils Ara, la foudre, d’aller châtier ceux qui le méritent ;
il a une foule d’esclaves et d’auxiliaires qui l’aident dans ses fonctions
et ont chacun leur attribution. Ils n’ont pas rang de dieux :
c’est Odjio, la pluie; Aféfë, le vent; les Manamanas, les éclairs, et
Ochoumaré, l’arc-en-ciel.
Chango a de nombreux temples ; il est représenté debout, ayant
autour de lui son fils et ses aides.
Le malheureux sur le toit duquel la foudre est tombée est persécuté
pendant longtemps par les féticheurs. On lui impose toutes
sortes d’amendes, sous prétexte qu’il doit avoir commis un crime
ignoré des hommes; on lui confisque quelquefois ses biens et
l’on démolit sa case. Il est généralement ruiné pour longtemps.
Si la foudre a tué l’individu lui-même, soit dans la rue, soit chez
lui, personne, sauf les féticheurs, ne peut toucher à son corps.
A Porto-Novo,cés derniers mêmes n’ont pas ce droit, et le cadavre
reste où il a été frappé jusqu’à ce qu’il tombe en poussière.
Les couleurs de Chango sont le rouge et le blanc. Les féticheurs
de sa secte se distinguent par une chaîne de corail ou de verroterie
en bandoulière, où le rouge et le blanc se trouvent mélangés.
Ils portent une sacoche et ont, au moment des fêtes du fétiche,
le droit de voler dans les rues tout ce qu’ils trouvent à leur portée.
Ils en profitent pour commettre des abus inouïs.
I fa, dieu du mariage et de l’accouchement, oracle concurrent de
Onsé, occupe également une grande place dans la superstition
indigène. Rien n’est fait sans consulter Ifa ; souvent même,
quand on doit s’adresser à d’autres dieux, il se fait obligeamment
l’intermédiaire, l’interprète auprès de ses collègues des désirs du
croyant.
Les féticheurs disent qu’il est le frère d'Onsé et à'Odoudoua.
On le consulte en plaçant devant lui seize amandes de palme qui,
après avoir été remuées, offrent par leur position, aux yeux exercés
du féticheur, la réponse de la divinité.
Ogoün, le dieu de la guerre et de la chasse, est celui qui règle
le destin des armées. C’est lui auquel on sacrifie avant de marcher
à l’ennemi ou pour lui rendre grâces après la victoire. On ne
l’oublie pas en cas de défaite ; on s’adresse à lui pour se le rendre
plus favorable à l’avenir. Il est le dieu des forgerons et de tous
ceux qui manient le fer par profession. C’est le Vulcain des noirs.
Son symbole est une hache au Dahomey et un sabre ou un morceau
de fer au Yorouba.
Oko, dieu de l’agriculture, est aussi très vénéré des noirs. C’est
à sa main bienfaisante qu’ils attribuent la récolte qui sort de terre ;
ils le prient pour que le maïs soit beau, l’huile abondante, les
fruits en grand nombre. L’abeille est sa messagère; elle va,
disent les noirs, visiter les fleurs pour voir si tout se passe bien.
Oko demande souvent à sa soeur Odjio, la pluie, également au
service de Chango, de l’aider dans sa besogne, ce à quoi elle se
prête volontiers. Son symbole est une pioche ou une pointe de
fer selon les endroits ; sa couleur, celle qu’il donne lui-même, le
bleu indigo. Au Jebou, il s’appelle Djigbou.
Hodèssé, l’antagoniste de Chango et qui serait, d’après les
Porto-Noviens, un ancien féticheur devenu dieu, n ’a d’autre qualité
que celle d’empêcher Chango de lancer la foudre, s’il est
prévenu à temps. C’est pourquoi Houèsséne voit des fidèles et des
sacrifices que pendant la saison des pluies et au moment des
orages.
T champana (la petite vérole) est une divinité aussi hideuse que
la maladie qu’elle symbolise.
Tenue à l’écart comme ceux qu’elle atteint (dans nos pays, car
chez les noirs on ne prend aucune précaution sanitaire), elle a ses
temples loin des villes et des habitants; on la redoute à cause
des ravages qu’elle cause et l’on fait de véritables pèlerinages,
vu la distance, pour aller implorer sa clémence. Les moustiques
sont ses messagers, et son symbole un gros bâton tacheté de
rouge, de gris et de noir.
Tout ce que l’imagination du sculpteur ou du modeleur indigène
a pu trouver de plus laid et de plus épouvantable est
consacré à représenter les différentes personnalités difformes de
Tchampana.
Le démon, l’esprit du mal, en même temps que le dieu Phallus
des noirs, est, sans contredit, la figure qu’on voit le plus souvent
partout dans les rues, à cause de gon exclusion des habitations.
Il a des temples spéciaux. On lui sacrifie peut-être plus
qu’aux autres divinités à,cause de la crainte qu’on a de lui comme
génie du mal. Son nom est E legba, qui veut dire l’esprit supérieur,
le fort; on l’appelle également, au Yorouba seulement,
Echon, qui signifie le banni. 11 est représenté sous la figure d’un