sauf qu’il ne forme pas sac entre les jambes. C’est plutôt une
culotte courte *.
Le costume des femmes au Dahomey et au Yorouba consiste
en un, deux ou trois pagnes, selon leurs moyens. Le premier et le
second partent de la ceinture ; l’un arrive à mi-cuisse, l’autre,
par-dessus, atteint le bas du mollet. L’usage général est que les
jeunes filles ne se couvrent pas le torse ; ces deux pagnes composent
donc entièrement leur vêtement.
Les femmes mariées, au contraire, portent le troisième pagne
se fixant sous les bras, couvrant la poitrine et les autres vêtements.
Un morceau de tissu roulé sert généralement de ceinture
et consolide le tout.
Ces trois pagnes, invariables comme nombre et grandeur, diffèrent
énormément par les couleurs et la façon de les arranger.
Les femmes, avec cet art de se parer qui est inné chez elles, arrivent
à faire de ces morceaux de tissus des vêtements gracieux 2.
Elles ont une manière de se draper qui fait ressortir les beautés
du pagne, s’il mérite l’attention. Elles harmonisent parfaitement
les couleurs et sont ennemies de ces mélanges criards qui jurent
tant dans le costume des négresses américaines, et les font ressembler
à des perroquets ou à des oiseaux de volière. On ne verra
jamais, dans cette région, des femmes habillées à la fois de vert-
pomme, de rouge et de jaune. Si elles aiment le jaune d’or, le
grenat, le noir ou le vert foncé, elles ne portent qu’une de ces
couleurs. Ce n’est,, d’ailleurs, que la classe aisée qui peut se permettre
toutes ces fantaisies. Les pauvres ou les fainéants sont bien
heureux quand ils peuvent changer de pagne une fois chaque
année.
Au Dahomey, comme toute couleur ou parure est défendue,
hommes et femmes ne portent que dps pagnes écrus ou blancs.
Ces couleurs claires, qui durent fort peu, se changent graduellement
en gris-perle, gris foncé et gris noir. On n’aperçoit aucune
autre couleur dans le vêtement des Dahomiens. A Whydah, on
ne voit que les familles des anciens Brésiliens, tout à fait indigènes
1. Certaines tribus habitant la troisième zone du Dahomey, les bords du
Whémé et le village d’Afotonou, portent uné jupe plissée arrivant au genou.
On ne voit que peu d’individus avec ce costume, aujourd’hui démodé,
2. Cette partie du vêtement, démodée aujourd’hui, qu’on appelait une
tournure, est connue .à la Côte d’Or de temps immémorial, A Accra, les
femmes le portent sous leur pagne.
aujourd’hui, et qui par leur naissance se trouvent en dehors des
lois du pays, faire usage de couleurs voyantes et de bijoux.
Les Yoroubas et les Popos, au contraire, moins sévèrement
assujettis par leurs lois, font usage du genre de vêtements que
leur permettent leurs moyens . Les hommes y ajoutent des tricots
européens, des bonnets brodés, etc.
Le pauvre ne connaît que le bleu indigo ; il achète le calicot
sans apprêt et le fait teindre, selon son goût, plus ou moins foncé.
Ceux qui ont de l’argent achètent dans les magasins les produits
de la manufacture anglaise et allemande, qui priment sur les marchés.
Us se laissent séduire par la couleur et le dessin, mais n’accordent
jamais d’attention à la qualité ; ils veulent du bon marché
et, comme au premier lavage la teinture s’évanouit, ils reculent
tant qu’ils peuvent l’accomplissement de cette opération. C’est
dire qu’ils sont, en général, très sales. La quantité d’eau qu’ils
ont à leur disposition influe beaucoup sur les soins qu’ils donnent
à leur toilette ; dans les villages riverains, ceux, des habitants qui
ont de l’eau tout à fait à portée sont beaucoup plus propres que
ceux qui ont 300 mètres à faire pour aller en chercher. Dans l’intérieur,
la proportion est la même. Les peuples du bord de la mer
sont dans un état d’hygiène, bien supérieur sous ce rapport à ceux
qui en sont éloignés.
L’heure où le noir se baigne de préférence est le milieu de la
journée, lorsque l’eau est tiède des rayons du soleil..
La coiffure.
La coiffure fait le principal ornement de la tête du noir : elle
lui donne une expression et fait ressortir, sa physionomie. Aussi
la négresse arrange-t-elle, en général, ses cheveux avec grand
soin. L’homme lui-même sait que cette toison frisée qui encadre
son visage ne lui va pas mal, et il la porte souvent fort longue.
La coiffure comprend l’ajustement des cheveux et les additions
d’étoffes et de bijoux. Elle est dans le premier cas excessivement
variée, en dehors du Dahomey toutefois. Car, dans ce royaume
despotique, il n ’est même pas permis à l’homme de porter ses
cheveux à sa guise ; il faut qu’il ait la. tête rasée ou tout au moins
les cheveux courts et sans coiffure aucune. La femme est à peu
près dans les mêmes conditions, surtout lorsqu’elle habite des
lieux proches de la demeure du roi.