leux ; le sulfate de soude, le sel d’Epsom, quand on peut les süp-,
porter, sont les meilleurs. On peut en prendre 40 ou 50 grammes,
c’est-à-dire une bonne poignée délayée dans de l’eau, le matin,
à son réveil ; on masque le goût salé et amer par du jus de citron
ou d’orange, du sirop, du café, ce qui plaît le mieux.
Si l’on veut prendre de l’huile de ricin, nous conseillons de
remplir à moitié un verre de bière, faire couler doucement l’huile
dessus (30 ou 40 grammes) et verser sur l’huile l’autre moitié de
la bière bien écumante. On avale le tout sans perdre un instant et
l’on ne goûte pas au médicament par ce stratagème.
Après un an de séjour, si l’on peut se mettre deux fois par
semestre (pendant quinze jours) au quinquina et au fer, on atténuera
un peu les effets de l’anémie.
Ceux qui sont destinés à vivre sur la côte ne pourront trouver
des médecins et des médicaments qu’à Porto-Novo, Lagos et Petit-
Popo. 11 sera donc prudent de se pourvoir d’une pharmacie très
succincte, contenant de la quinine, des purgatifs, du fer, du quinquina,
un peu de chloral pour combattre les insomnies persistantes
qui se manifestent quelquefois lors des premières fièvres,
de l’acide phénique et, pour ceux qui s’en trouvent bien, de l’anti-
pyrine *.
Il ne faut pas dédaigner, en certaines occasions, les remèdes
indigènes, qui donnent parfois de très bons résultats.
D’ailleurs, le tempérament de l’Européen change totalement
dans ces régions ; il s’assimile pour ainsi dire à son climat, et il
est possible que des plantes des mêmes latitudes, qui ont été
placées là comme le remède à côté du mal par la prévoyante nature,
puissent mieux contribuer à lui apporter un soulagement
que des drogues apportées d’Europe, le plus souvent avariées par
l’humidité et la chaleur.
Nous avons vu les médicaments du pays, des herbes infusées
pour la plupart, faire de très bonnes cures dans les cas de bou1.
Depuis quelques années, il existe des médicaments comprimés sous
forme de tablettes ou tabloïdes qui ont l’avantage, très précieux dans ces
climats, d’être à peu près inaltérables, et de pouvoir être pris à la dose que
l ’on désire. Nous n ’avons fait usage en Afrique, pendant quatre ou cinq ans,
que de ces tabloïdes, et nous en avons obtenu de bons résultats. Comme
ils sont trè s peu connus en France, c’est rendre un réel service de les
signaler. En s’adressant à la maison Burroughs, Wellcome, de Londres, qui
a la spécialité de ce genre de médicaments, les voyageurs pourront se procu
rer ces tabloïdes dosés selon leurs indications.
tons, plaies, furoncles et autres affections de la peau que cause,
chez certains individus, le séjour dans ces régions.
En général, quand on a sa fièvre régulièrement, on est à l’abri
d’une foule de choses fort ennuyeuses : les affections de la peau,
la diarrhée, les fortes migraines, les vices du sang, incommodent
surtout ceux qui ne l’ont pas souvent.
Chaque fois qu’on a la fièvre, elle a comme conséquences un
purgatif, des toniques, des fortifiants, si l’on peut s’en procurer,
et c’est une façon indirecte d’être forcé à se soigner. Quand on
ne souffre pas, on renvoie toujours au lendemain les médicaments
qu’on devrait prendre ; on trouve les précautions inutiles, on n ’y
pense pas ; il vous semble, parce que vous vous sentez bien, que
vous ne serez jamais malade. On voit ainsi tout en rose au point
de vue de la santé, jusqu’au prochain accès.
Personne n’est exempt du tribut au climat; nous n’avons jamais
vu, ni aucun médecin n’a constaté une exception, chez les Européens,
à cette règle invariable. On trouve pourtant des gens qui
vous disent qu’ils n ’ont jamais eu la fièvre ; c’est, le plus souvent,
de la forfanterie, ou, s’ils sont dé bonne foi, cela vient de ce que
la fièvre se présente chez eux sous forme de fortes migraines,
de coliques, de diarrhées, d’irruptions cutanées, etc., et qu’ils
s’imaginent ainsi ne pas l’avoir. Il y en a d’autres qui font de cela
un sujet d’amour-propre : la fièvre les prend le soir, disparaît le
matin, et ils. se gardent bien de dire qu’ils viennent d'en piquer
une, selon l’expression consacrée.
En général, il faut éviter, si l’on peut, de souffrir de la fièvre
trop souvent, mais de temps en temps, tous les mois par exemple ;
il vaut mieux la laisser avoir son cours; les vomissements, la
transpiration qui en résultent, vous soulagent énormément et vous
évitent, comme nous le disions plus haut, une foule de petites
souffrances. Quoique un peu affaibli, on se sent soulagé d’un
grand poids ; l’appétit revient, le sommeil également ; on est
tranquille pour quelque temps.
Dans les cas graves, où l’on s’aperçoit que l’état du malade
ne fait qu’empirer, laissant les médicaments sans résultats, le
plus prudent est de le faire transporter dans une ville où il y
a un médecin, ou, sur le bord de la mer, se rendre à bord du
premier vapeur pour y consulter ledocteur qui s’y trouve généralement.
La légère insolation n’est qu’une forte migraine accompagnée