son de sa faiblesse, eut toujours à soutenir les attaques de ses
voisins. 11 cite les combats qu’il eut à livrer contre les Aqua-
maboe et les Fantis, limitrophes dé son territoire à l’ouest. En
1700, les Popos remportèrent une très grande victoire qui reste
mémorable dans leur tradition.
On attribue à tort aux Popos une origine mi-dahomienne et
mi-fanti. Ce qui précède est la preuve du contraire, puisqu’ils
étaient déjà en lutte avec les Fantis alors que le Dahomey était,
inconnu, même de nom.
Quant à l’État des Fons, tous les voyageurs en parlent comme
d’un peuple guerrier dont le seul nom portait la terreur chez leurs
voisins. Norris les appelle Foys, par erreur sans doute; le titre
de Fouins, donné par des Marchais, se rapproche de la réalité, et
Bosman leur donne leur vrai nom1.
Il n ’est pas possible de rétablir l’histoire séparée de tous ces
États, les documents manquant absolument ; on peut, néanmoins,
suivre graduellement les transformations qui s’opérèrent dans les
limites de tous ces territoires, destinés à disparaître; engloutis,
sacrifiés à l’ambition et à l’insatiabilité d’un État voisin.
Nous allons, à partir de ce moment, suivre, dans leurs conquêtes
et leur développement, les Fons, le petit peuple guerrier
dont nous avons parlé, pour révenir plus tard aux autres États.
Recueillir les légendes, voir si elles concordent entre elles, les
classer par ordre, se faire une idée des dates, et enfin compléter
le tout par le peu que les anciens voyageurs nous ont appris sur
le pays, tout cela est chose peu aisée chez les peuples illettrés. Le
père raconte à ses enfants ce qu’il a entendu dire à leur grand-
père; son caractère enthousiaste ou calme, ses talents de conteur
ou son peu de goût pour la description influent sur ses récits, donnant
plus ou moins d’intérêt à ce qu’il leur apprend.
Passant ainsi de bouche en bouche, de génération en génération,
chez un peuple qui a pour ses rois une grande vénération,
la légende nous arrive forcément exagérée.
Le fond des récits est pourtant toujours le même : nous avons
entendu raconter bien souvent par les Fons, et dans leur langue,
ces grands exploits des monarques défunts ; nous avons questionné
partout, dans le pays, des gens de toutes les classes., et
nous avons constaté que ce que l’on peut appeler le canevas de
1 , Encore aujourd’hui, en langue du Dahomey, Fon veut dire Dahomien.
l’histoire restait toujours intact; le narrateur ajoute souvent des
détails de son cru, qu’il croit nécessaires pour provoquer l’admiration
chez l’Européen, mais il respecte ce qu’il tient de ses ancêtres
: la tradition.
Les Fons.
L’histoire des Fons est, d’un bout à l’autre, celle d’une nation
guerrière et disciplinée. Ceux qui ont voulu s’opposer à l’accroissement
de leur puissance ont été anéantis; les rois dont ils étaient
les tributaires sont devenus leurs esclaves, et les peuples qu’ils
ont combattus sont tombés pour ne plus se relever.
L’histoire des Fons antérieure au dix-septième siècle est inconnue
; il faut croire qu’ils n’existaient pas encore, car les premiers
voyageurs en parlent comme d’un peuple dangereux mais faible et
peu nombreux en 1698. D’après l’histoire indigène, on ne peut
guère remonter que vers 1625. Mais laissons parler la tradition.
Au commencement du dix-septième siècle, les Fons avaient un
roi nommé Dan *, Successeur de plusieurs princes qui avaient fait
de la petite tribu des Fons un peuple déjà craint malgré sa faiblesse,
Dan était respecté par ses sujets. Quand il prenait son arc
de combat, les Fons étaient sûrs d’avoir au retour de nombreux
prisonniers et un riche butin.
Toujours vainqueur à la guerre, toujours le premier dans l’action,
il électrisait ses hommes ; les Fons triomphaient, même
quand ils avaient l’infériorité du nombre.
Le pays devint rapidement riche et florissant sous son règne et,
par conséquent, excita la convoitise de plus d’un voisin.
Vers cette époque, un nommé Aho, aventurier d’après les uns,
prince d’Allada selon les autres, dévastait avec sa bande tous les
pays environnants ; il attaquait par surprise, pillait à la hâte et se
retirait de même.
Aho vint un jour chez les Fons demander à Dan un morceau de
territoire pour s’établir, disait-il, loin de son pays et des siens. Il
faut croire qu’il n’avait, en réalité, aucune patrie.
Dan, craignant pour son pays le pillage et l’incendie, acheta sa
tranquillité au prix de cette concession, et Aho s’établit chez les
Fons, avec lesquels il vécut d’abord en très bonne intelligence.
Le prince d’Allada ou plutôt l’aventurier, comme nous l’appel-
1. Dan, en fon, signifie serpenti