La première épouse, par ancienneté, est maîtresse de la maison
; c’est elle qui a la haute main sur ce que font les autres
femmes. Si ces dernières sont nombreuses, elle est généralement
exempte des divers travaux et ne fait que veiller à ce que tout
marche dans le ménage d’une façon satisfaisante. Chacune des
femmes a ordinairement une case séparée ou une partie de case.
C’est encore une dépense à ajouter aux frais du mariage.
L’adultère, lorsqu’il est jugé par les autorités, se punit d’une
amende excessivement forte infligée au coupable. Il entraîne rarement
la séparation, au Dahomey. S’il s’agit d’une femme de chef,
elle est mise à mort au moindre soupçon. A la Côte d’Or, c’est une
affaire de vie et de mort entre les hommes. Au Yorouba, peuple
plus calme, on profite de l’adultère pour exploiter le coupable;
en lui fait payer souvent plus qu’il ne possède et il est obligé de
s’hypothéquer pour s’acquitter de ses dettes.
L’adultère n ’est pas très fréquent; le divorce l'est davantage ;
il est causé par des raisons de mécontentement répétées entre les
deux époux.
Au Dahomey, les femmes du roi sont très habiles pour attirer
les Européens dans des guet-apens. Elles s’entendent avec les chefs
pour faire naître des apparences compromettantes et extorquer
aux blancs, au profit du roi, des amendes énormes.
Autrefois, les noirs ne se faisaient aucun scrupule de vendre
celles de leurs femmes qui se rendaient coupables même d’une faute
légère. Nous ne savons jusqu’à quel point ils avaient, d’après les
usages, le droit d’en agir ainsi, mais les ouvrages des anciens
voyageurs sont pleins d’exemples de ce genre ; le roi même envoyait
souvent, comme esclaves à vendre, un grand nombre de ses
femmes aux comptoirs européens.
La femme a toujours été regardée comme un objet dont on
dispose à sa fantaisie, tandis que jamais un Dahomien n’a vendu
ses enfants.
Les noirs ont leur façon d’aimer les enfants ; ils ne s’en occupent
jamais, se soucient fort peu de ce qui leur arrive, mais ils
ont pourtant l’air heureux d’en avoir.
Quant aux enfants, ils s’attachent peut-être à leur mère pendant
qu’ils sont très jeunes ; mais, à sept ou huit ans, ils deviennent
indifférents, réservés et faux.
A la naissance de l’enfant, on appelle le féticheur ; celui-ci,
après plusieurs cérémonies proportionnées aux moyens des parents,
le pare de petites amulettes ou fétiches destinés à le préserver
des maladies ; ces petits objets ne doivent pas le quitter
pendant plusieurs années ; c’est, en général, un sachet en peau
autour du cou, deux ou trois morceaux de bois au poignet et un
anneau aux chevilles.
Le baptême ne se fait que plus tard ; il a lieu entre quatre et
huit ans. Le féticheur est encore eelui qui est chargé de cette cérémonie.
Chez les gens qui ont pu mettre quelque chose de côté
pour faire une petite fête, on invite parents et amis et, comme au
mariage, on mange, on boit et l’on danse.
On donne à l’enfant un ou plusieurs prénoms ; le nom de famille
n’existe pas. Si l’on veut spécifier, on ajoute fils d’un tel (le
prénom de son père ou son sobriquet). La femme également ne
porte pas le nom de son mari. Les familles se désignent par le
nom ou le sobriquet de leur ehef.
Pour le baptême, on place l’enfant au milieu d’un cercle formé
par l’assistance, et le féticheur, après quelques formalités exigées
par le culte, lui assigne le nom que les parents désirent lui voir
porter. Aussitôt après, les assistants se précipitent sur le festin
qui est le réel motif de leur présence.
Les prénoms ont généralement dans les deux sexes des expressions
de ce genre : le préféré, le bien-aimé, le bien accueilli, ou
bien l’impénétrable, le grand, le petit, le gros, le mince ; ou encore
selon leur rang de naissance : le premier, le deuxième, etc.
Les jumeaux s’appellent : le premier ou le deuxième de la paire.
Aux Popos et à la Côte d’Or, les noms de baptême équivalent à
des sentences ou à des proverbes : celui qui perpétue le nom,
pas de bonheur sans argent, celui qui sera toujours heureux,
craignez la mauvaise langue, qui a besoin de soutien, qui fuira
celui qui le trompe, qui est content de ce qu’il a, qui ne prend
que ce qui lui appartient, ou bien les jours de la semaine où les
enfants sont nés ', etc.
Les jumeaux sont l’objet d’une grande admiration ; on les considère
comme une bénédiction du ciel, un présage heureux.
Nous avons déjà donné une idée de la façon dont on élève
1 enfant ; il serait plus exact de dire qu’il s’élève lui-même. Tant
quil ne marche pas, il donne peu de peine : la mère le porte à
cheval sur ses reins et maintenu par son pagne, avec Une cein-
I. Ces jours ont des noms dans la langue gâ (popo) et gâing (accra).
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