CHAPITRE III
INDUSTRIES ET CULTURE.
Les industries diverses. — Le travail du fer, la texture, la teinture ; poterie
et autres objets de nécessité première. — Sculptures sur bois. — Ciselure et
martelage du cuivre. - Pirogues. - L’or. - Cultures diverses. - Les eauxde
vie, le sel, la chaux. — L’huile et les amandes de p alm e. Pêche __
Chasse. — Les foires ou marchés. — La monnaie du pays ; quelques mots
sur son origine.
Au Dahomey et dans les régions avoisinantes, les industries
sont nées, comme partout, de la nécessité. Les indigènes eurent
à se procurer, ainsi que les premiers habitants du sol, les ustensiles
propres à leurs besoins matériels. On ne peut dire qu’il y ait
eu un âge de pierre, car la pierre n’existe pas au Dahomey dans les
première, deuxième et troisième zones ; mais il est reconnu aujourd’hui
qu’il y a eu un âge de bois. Comme le pays est fort riche
en grands végétaux, ils n’eurent pas de peine à fabriquer, à l’aide
du feu, leurs premiers ustensiles de chasse et de pêche. La terre
et le sable humide, durcis au soleil, servirent de meule pour les
polir et leur donner la forme désirée.
Les flèches, les hameçons, les harpons furent d’abord faits en
bois de fer, cette matière avec laquelle le métal seul rivalise de
dureté. Les fruits des bois, la chasse et la pêche nourrissent les
aborigènes avec largesse. Leur habitation, presque aussi primitive
de nos jours, consista en quelques branches couvertes de
paille. Leurs ustensiles de ménage furent en bois creusé au feu
ou en terre séchée au soleil, et enfin leur vêtement resta celui
que leur avait donné la nature.
Les premières générations se succédèrent ainsi dans la paix et
la tranquillité. Les dissensions n ’existaient pas, les guerres
étaient inconnues ou rares.
Le temps passa; et, un jour, dans le nord du pays, une grande
découverte fut faite : le fer. Sans doute, un des noirs de cette région
avait trouvé accidentellement, sous les cendres d un feu
éteint, des parcelles de ce métal inconnu ; graduellement on trouva
d’où provenait cette matière nouvelle ; on découvrit qu elle
était fusible ou malléable à l’aide du feu, qu’elle s usait au contact
de la pierre et qu’elle était plus dure que lebois, qu elle entamait.
C’était une petite révolution. Ceux qui avaient trouvé le fer
remplaçaient par ce métal tous les objets en bois devenus insuffisants
; d’autres, dont le pays n'offrait pas cette ressource, vinrent
proposer des échanges, et la première industrie fut créée.
Plus tard, des étrangers vinrent de l’ouest et du nord1 et montrèrent
pour la première fois aux noirs étonnés des étoffes et
une foule d’objets dont la forme resta empreinte plus ou moins
exactement dans la mémoire des indigènes ainsi que la façon de
s’en servir. Les visiteurs firent cadeau aux chefs de quelques
morceaux d’étoffe qui excitèrent l’admiration. On étudia leur composition
et on essaya d’imiter ces précieux tissus.
La matière première fut demandée aux végétaux fibreux, et le
métier, inconnu, remplacé par les dix doigts. Le résultat de cet
essai fut une trame grossière qui, tout imparfaite qu elle était, ne
laissait pas d’être d’une valeur inestimable. Désormais, un nouveau
corps de métier allait exister. C’était un grand pas vers les
temps actuels.
Plus tard encore, le premier homme blanc apparut ; il apportait
mille objets nouveaux et utiles, mais malheureusement aussi
deux choses aussi inutiles que malfaisantes : la boisson etle tabac.
Les liqueurs fortes et le tabac passionnèrent les indigènes outre
mesure. Pour se procurer de quoi satisfaire leurs penchants, ils
furent obligés d’amasser ce que le blanc exigeait en échange. 11
leur demanda de l’or, et ce métal, qu’ils n’avaient jamais pensé à
ramasser, fut l’objet de toutes les recherches ; il leur demanda de
l’ivoire, et ils parcoururent les bois, tuant l’éléphant qui, jusqu a-
lors, avait vécu en paix ; enfin, il leur demanda des esclaves, et
ils firent la guerre à leurs voisins sans motif, pour échanger leurs
semblables, prisonniers, contre un peu d’alcool et quelques livres
de tabac.
Le blanc voulut aussi des produits du pays, des tissus indigènes,
des graines, des peaux et mille autres choses qu il expédiait dans
1. Malais et Arabes.