favorisé paF cette tendance qu’ont, en général, les négresses à
s’appuyer continuellement; il semblerait que le poids de leur
corps est supérieur à leur force. Sont-elles debout, elles se courbent
en deux pour s’appuyer sur leurs genoux, se servant alors
de leurs bras comme d’arcs-boutants ; assises, elles ne soutiennent
que rarement leur torse sans l’aide des mains. Cette souplesse de
l’articulation brachiale est due, selon toute apparence, à ces
causes.
Caractères physiologiques.
_ ^ es carhctères physiologiques offrent, avec les nôtres, plusieurs
différences. La force musculaire du nègre de Guinée est, selon
certaines opinions, supérieure à celle de l’Européen. Notre avis
à ce sujet ainsi que celui de plusieurs voyageurs est que, au contraire,
le nègre ne possède pas autant de force que la moyenne
des Européens, au point de vue dynamique proprement dit.
Des expériences faites sur d’autres points de la côte au moyen
d instruments sont vénus corroborer ce qüe nous avançons ; c’est
aussi l’opinion des médecins anglais.
Au point de vue de la force de résistance, c’est-à-dire pour
produire une même force musculaire pendant un temps donné,
le nègre peut égaler et même dépasser l’Européen rompu aux
exercices violents ; mais s’il s’agit de développer momentanément
la force brutale nécessaire pour soulever un poids, tordre une barre,
l’Européen robuste est supérieur au noir le mieux musclé.
On s’explique cette différence par l’hygiène détestable du noir
et par le peu de vigueur que peuvent lui donner les râcines et les
végétaux dont il se nourrit ; il faut ajouter comme influence indirecte
sa nonchalance, son apathie et son peu d’esprit de suite.
Entre l’homme et la femme, il n ’y a pas la même différence de
force musculaire que dans la race blanche. La négresse est rompue
aux gros travaux ; elle porte, comme l’homme, pendant plusieurs
jours, de 50 à 60 kilogrammes sur la tête.
; L acuité des sens est assez prononcée chez eux, sauf peut-être
l’odorat. La vue est parfaite et puissante chez tous les noirs ; la
myopie, le presbytisme, le daltonisme leur sont inconnus. L’ouïe
est bonne en dehors du sommeil. Le goût paraît plutôt émoussé
par le poivre long, qui est la base de tous les condiments de leur
alimentation. Le gosier est insensible ou à peu près aux liqueurs
fortes, et il faut des alcools de 35 à 40 degrés pour qu’ils s’aperçoivent
qu’ils ne boivent pas de l’eau.
L’odorat a peu de délicatesse chez eux ou plutôt n’en a pas : les
odeurs les plus repoussantes, les miasmes les plus pestilentiels,
qui incommodent l’Européen au point de le rendre malade, laissent
les sens olfactifs du noir insensibles en apparence. Son toucher n’a
rien à envier au nôtre.
L’estomac du noir se conforme à ses moyens et aux circonstances
; d’une capacité énorme lorsqu’il y a abondance, il sait se
contenter de peu aux moments de misère. Dans le premier cas,
on ne peut dire que le noir mange, cette expression s’appliquant
plutôt à Faction d’introduire avec mesure des aliments dans l’estomac
: il s’empiffre, il se remplit; le volume d’aliments qu’il engloutit
est inconcevable. D’autres fois, au contraire, il se contente
d’une akassa1 trempée dans un peu d’huile de palme pimentée, et
ne paraît pas souffrir de cette diminution dans sa nourriture. En
somme, la capacité de l’estomac est, chez le noir de Guinée, supérieure
à celle de l’Européen.
Le sommeil du nègre est excessivement dur; c’est presque une
léthargie. Lorsqu’il dort bien, il faut, si on veut l’éveiller, le secouer,
quelquefois même le battre pour le tirer de sa somnolence.
LesDahomiens, dans leurs razzias nocturnes, savent bien mettre à
profit cette dureté du sommeil ; ils n’ont à prendre de précautions
que contre ceux qui pourraient ne pas dormir. Quant aux autres,
on leur marcherait.dessus qu’ils ne s’en apercevraient pas. C’est
ainsi que des villages entiers se réveillent prisonniers.
Le noir est excessivement douillet ; quand il est malade ou
blessé, il ne supporte pas la douleur physique. Pour un rien il se
plaint, gémit, appelle le féticheur et se bourre de drogues indigènes.
Caractères pathologiques.
Comme caractères pathologiques, le noir, chez lui, est, en général,
exempt d’une foule de maladies légères ou graves dont nous
sommes affligés dans nos régions tempérées.
Les maladies dont il souffre se comptent aisément.
Son plus grand ennemi, celui qui ravage des villages entiers,
des villes, c’est la petite vérole ; le nombre de ses victimes est
i . Akassa, boule dé farine de maïs fermenté et bouilli, de la grosseur
d’une pomme.