Sachant combien les cruautés répugnent à nos nations européennes,
il força M. Bayol à assister à des sacrifices humains, où
les gens de Porto-Novo, faits prisonniers pendant la dernière campagne,
étaient désignés comme victimes.
Il était impossible de nous narguer plus complètement. M. Bayol
supporta tout avec le sourire aux lèvres ; mais il revint malade de
chagrin et de rage.
Il fit un rapport énergique sur le résultat de sa mission. Il
y demandait au gouvernement de faire défendre nos traités par la
force, puisqu’il était impossible d’y parvenir par la persuasion.
L’expédition fut décidée, mais à moitié ; notre ministère ne voulait
qu’une petite expédition peu coûteuse.
C’est pourquoi le résultat en fut négatif, l’argent qu’elle avait
coûté fut perdu, et nous avons donné là à Glèlè un triste échantillon
de notre puissance, ce qui a encore contribué à augmenter
son orgueil et sa morgue.
Nous aurions beaucoup mieux fait de laisser les choses telles
qu’elles étaient, puisque cette intervention ne changea presque
rien à la situation1.
En 1890, un traité fut conclu, par lequel le Dahomey nous donnait
Kotonou pour la troisième fois, à coup sûr avec aussi peu de
bonne foi que lors des conventions précédentes. 11 daignait, de
plus; reconnaître notre protectorat sur Porto-Novo, protectorat qui
datait de 1863 !
Ce traité, d’ailleurs, devait être bientôt violé, comme nous ne
tarderons pas à le voir.
Quelques jours après la visite de M. Bayol à Abomey, le roi
Glèlè mourait à la suite d’une très courte maladie, après trente et
un ans de règne (décembre 1889).
C’est un des rois qui auront le plus marqué dans l’histoire
dahomienne. Il ne fit pas preuve d’une cruauté particulière,
comme quelques-uns de ses ancêtres ; il chercha, au contraire, à
améliorer en quelque sorte l’existence de son peuple. L’idée de
racheter, au retour d’une défaite, tous ceux de ses sujets qui
étaient restés à l’ennemi, victimes de sa propre ambition, dénote
chez lui sinon de la générosité, du moins une grande droiture de
caractère.
Pourtant, diront les critiques, sa façon de se comporter vis-à^vis
!• On lira plus loin les détails de l’expédition de 1890.
(Don du général Dodds au Musée d’ethnographie.)
BAS-RELIEFS DU PALAIS DE BÉOON-ONLI.
BEHANZIN ET SA FAMILLE.