coutumes. Le maître ne voit dans l’esclavage qu’une augmentation,
de famille destinée à accroître le bien-être commun.
L’esclave, trop insensible au moral pour se révolter du titre,
n’est pas malheureux au physique, et c’est, tout ce qu’il demande.
D’ailleurs, l’homme libre ne devient plus esclave comme autrefois;
il aurait dans ce cas à regretter, s’il ne manquait pas d’amour-
propre, cette liberté factice où il était peut-être dans la misère et
sans famille.
L’esclave, aujourd’hui, est fils d’esclave presque toujours, ou
bien, volé fort jeune à des parents libres, il a été élevé comme tel.
Il ne cherche pas à sortir de sa position; il ne se relève jamais. Se
croyant un être inférieur ou désespérant d’avoir jamais les faveurs
sociales dont jouissent les hommes libres, il vit et meurt comme
une bête résignée.
CHAPITRE VIII
RELIGIONS.
Croyances et superstitions diverses. — Le fétichisme, ses dogmes, ses divinités
nombreuses. — Les esprits. — Les féticheurs, leurs chefs, leurs fonctions. —
Sacrifices humains et anthropophagie religieuse. — Cérémonies diverses. —
Sorcellerie, magie, apparitions, fétiche aux guerriers. — Missionnaires catholiques,
protestants et mahométans.
La religion du noir est le caractère le plus frappant de son
moral ; elle le peint mieux que ne pourrait le faire aucune étude,
et apporte sur la connaissance de ses idées une lumière toute
particulière. Il appartient à un culte à la fois de naïveté et de
perversion, de foi profonde et dë tromperie. Ses idées sont captivées
entièrement par cette religion ; il n ’est pas de circonstance
de sa vie où il n’y fasse appel. Chacune de ses actions est pour
ainsi dire sanctionnée par sa croyance, et peu de peuples poussent
plus loin que lui le fanatisme religieux.
Loin d’être strictement limitée, comme celles que professent
pour la plupart les nations civilisées, la religion, chez le noir de
Guinée, se divise en une infinité de petites superstitions personnelles
à chacun. En principe, il n’a aucune idée exacte de ce qui
a pu se passer sur la terre avant que ses ancêtres l’aient habitée.
Ses croyances, à cet égard, sont aussi vagues que ce qui a trait
à l’origine de sa race. Quelques légendes circulent bien chez lui,
mais sans conviction. Le matérialisme, qui absorbe toutes ses
idées, laisse peu de place à des réflexions aussi profondes dans
un but qui ne rapporte rien. La création du monde, comme tout
ce qui, d’ailleurs, frappe son regard, est attribuée à quelqu’un ;
mais aucune version ne circule chez lui sur la façon dont il suppose
qu’elle ait eu lieu. Les premiers |hommes. auraient été, d’après
lui, vomis sur la terre par un gouffre, afin de la peupler.
Plusieurs légendes courent aussi sur l’origine de la race nègre.