Marche sur Atchéribé. — En deux étapes, dont une de nuit, le colonel
Dumas se porte sur la route de Paouignan, par une marche lente et difficile,
en suivant un sentier qui passe à travers de nombreux rochers.
Le 28, le groupe Drude se met en route. Lui aussi, il rencontre bien des
obstacles sur son chemin, et, en particulier, il a de nombreux cours d’eau à
traverser. Il installe un magasin à Begohonou.
Le groupe de Cauvignv arrive en ce point le 3 novembre, jo u r où les
groupes- Drude et Boutin se portent respectivement sur Bododji et sur la
Louto. Quant au commandant Chmitelin, il amène son détachement à Abo-
dougnanli.
Le 4, des émissaires de Behanzin se présentent au général Dodds; mais
celui-ci ne considère pas leurs offres comme sérieuses et, continuant son
mouvement, il pousse un de ses groupes ju sq u ’à Gounsoué, tandis que le colonel
Dumas arrive à Zoutenou, puis à Paouignan. La possession de ce point
ferme aux Dahomiens les routes vers le Whémé et le territoire de Lagos.
Aussi ceux-ci livrent-ils, dans les journées des 6, 7 et 8, 476 fusils à tir ra pide,
4 canons et des munitions. En même temps, ils annoncent l’arrivée de
princes, de ministres et de cabéçaires qui viennent opérer leur soumission.
Mais deux ministres seulement se présentent et le général Dodds refuse
de les recevoir, ne voulant pas en tre r en pourparlers avec un souverain dont
il a prononcé la déchéance. Il les renvoie donc, leur interdisant de revenir
sans être accompagnés de la totalité des princes, des ministres et des chefs.
Une compagnie escorte ces deux personnages jusqu’à deux heures du camp,
su r le ruisseau le Paco.
Le 8, le groupe Drude y bivouaque, tandis que le colonel Dumas se
porte de Paouignan sur Gouvelin, à mi-chemin d’Atchéribé. Mais on est
obligé de suspendre cette marche qui affole la population de la ville et qui
empêche la réunion des dignitaires dont la capitulation a été demandée. Le
général annonce qu’il reprendra son mouvement en avant si, le 9, à 8 heures
du matin, leur soumission n ’est pas accomplie.
Tous se présentent dans la journée, au nombre de 32 (4 ministres,
8 princes, 20 grands chefs). Se considérant comme sacrifiés d ’avance, ils
sont tout étonnés d’être bien traités. Le général les reçoit et leur dit qu’il
ne promet la vie sauve à Behanzin que si celui-ci se rend sans qu’on soit
obligé de marcher contre lui.
Mais l’ex-souverain craint qu’il ne lui soit fait du mal et il n ’ose se rendre,
bien qu’un de ses frères lui soit envoyé à plusieurs reprises pour l’y décider.
Il évacue Atchéribé pendant la nuit, et le colonel Dumas, qui y arrive,
après avoir je té un pont sur le P a co l, ne l’y trouve plus.
Poursuite de Behanzin. — Il s’est retiré près de Bedavo, avec une centaine
de guerriers armés de fusils à répétition. Il doit se diriger sur Savé et, de là,
sur Aklampa, ou bien chercher à gagner la frontière anglaise. Peut-on compter
sur les indigènes pour l’arrê te r? Les gens de Dassa, qu’il a pillés, nous ont
bien promis leur concours ; mais le roi de Savalou a répondu évasivement
quand on lui a demandé de b a rre r la route à Behanzin.
Les eaux baissant constamment, le service des étapes doit rechercher un
1. Il n’avait pas reçu l’ordre de suspendre sa marche.
point de débarquement en aval d’Ouéméton et, comme la colonne s éloigne
de plus en plus de ce point, la longueur de la ligne de ravitaillement augmente.
En même temps, l’effectif des mulets diminue. Il faut donc s alléger,
réduire la réserve des munitions.
Comme aucune grosse action n ’est à prévoir, des colonnes légères emportan
t huit jours de vivres peuvent être lancées sur la piste du fugitif. Chacune
de ces colonnes, qui ne prend que les bagages indispensablesl, est formée
p a r un des quatre groupes constitués, le quatrième restant avec le convoi
pour l’escorter2.
La colonne Boutin se porte immédiatement vers le nord (16 novembre) en
suivant le Whémé, pour fermer les chemins allant vers l’est. Son objectif
est Savalou, où elle doit arriver avant les Dahomiens.
La colonne Drude marche derrière. De cette façon, si Behanzin se rab a t
vers le sud, il retombera sur nos troupes. Quant à s’échapper p ar 1 ouest, il
n ’y songera pas : les populations musulmanes d’Atakpamé, qui habitent ces
régions, ont à se venger de lui et elles l’arrêteraient.
Le groupe de Cauvigny, avec le général, marche derrière les deux autres,
dans les intervalles, de façon à fermer les issues vers 1 est. ^
Le commandant Boutin annonce son arrivée au roi de Savalou et 1 engage
à couper la route à Behanzin. Ce dernier fait immédiatement un crochet
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La colonne Drude s’engage sur la route de Bédavo, relève la piste du
fugitif et s’attache à le suivre. A sa suite, elle redescend vers le sud, dans
la direction d’Abomey.
Le groupe de Cauvigny se porte de Zoutenou sur Zounwei-Hono, Paouignan
et Dassa-Togon (18 novembre).
Il est alors décidé que le commandant Drude se rab a ttra vers le sud en
surveillant le flanc gauche de Behanzin (à l’est), tandis que le commandant
Boutin suivra celui-ci en queue et que le commandant de Cauvigny se
tiendra prêt à marcher sur Abomey ; quant au commandant Chmitelin, il
reçoit l’ordre de surveiller la ligne Abomey-Abodougnanli.
La colonne Drude arrive le 21 àBadagba où Behanzin a passé la nuit p récédente.
Le 24, elle cerne et fouille sans résu ltat Oumbégamé. Le 25, après
s’être ravitaillée à Goho, elle rep a rt pour le nord-ouest, b attan t en tous sens
la région Atakpé, Lacbamé et Azakamé.
La colonne Boutin descendant de Savalou rencontre e t incendie, le 26,
un campement dahomien sur les bords du Zou. Elle établit son bivouac à
proximité et reçoit l’ordre de s’y maintenir.
Le général Dodds, avec le groupe de Cauvigny, quitte Dassa-Togon le
22 novembre pour se porter au Fi ta ; il descend vers le sud, en s établissant
successivement à Atchéribé, Cassécroulou, Gobé, et finit p a r arriver le 3 décembre
à Oumbégamé. Il prescrit au commandant du cinquième groupe,
lequel opérait jusqu’alors isolément dans la région du Mono, de remonter
vers le nord et de relier ses mouvements à ceux de la colonne principale.
1. Deux d’entre elles n’ont même plus leur artillerie. Celle-ci fournit les éléments
de deux sections de mulets de bât.
2. L’excédent des troupes, après constitution des trois colonnes volantes, est
chargé de garder les divers magasins qui doivent assurer le ravitaillement.