reprises. Notre gouvernement ne fit pas grand cas des désirs du
prince, et le pauvre Sodji attendit longtemps une réponse à ce-
sujet. Le 23 avril 1861, les Anglais, furieux de la résistance que
faisait Sodji à leurs propositions, bombardent Porto-Novo dans le
but de l’incendier et de ruiner son commerce '.
A un nouvel appel du roi de Porto-Novo, la France consent à
lui accorder son protectorat ; le pavillon français est hissé en février
1863, et le Dialmath, aviso français, mouille devant Porto-
Novo, ayant à son bord M. Brossard de Corbigny, capitaine de
vaisseau, envoyé par notre gouvernement. Les Anglais cessent
immédiatement leur politique d’appropriation et tout rentre dans
l’ordre.
A la mort de Sodji, son successeur, le roi Mecpon (ear ils cessent,
depuis cette époque, d’être sous l’influence aussi directe du
Dahomey, et on peut rendre le titre de roi aux princes d’Allada),
qui est de la famille dévouée aux Anglais, veut défaire tout ce qui
a été fait. Il s’adresse d’abord à notre gouvernement, lui demandant
de lui rendre son indépendance. A force de protester, il finit
par obtenir la cessation du protectorat. La France ne voyant pas
encore dans l’avenir de gros avantages à posséder Porto-Novo,
l’amiral Lafont de Ladébat reçoit l’ordre d’amener notre pavillon,
le 23 décembre 1864.
En 1865 et 1867, les Anglais continuent leurs tentatives, et
cette fois ce n’est plus le roi, c’est la population et le commerce
entier qui s’opposent énergiquement à leur venue. Ils cessent
enfin d’inquiéter Porto-Novo (1868).
Mésé succède à Mecpon en 1872.
En 1875, le roi Toffa, fils de Sodji, demande longtemps en vain,
comme son père, le protectorat de la France. Ses désirs sont comblés
par un décret du président de la République, rendu le
14 avril 1882, établissant le protectorat sur le royaume de Porto-
Novo. Ce décret n’est proclamé à Porto-Novo que le 2 avril 1883.
Pendant ces tiraillements, ces alternatives du protectorat anglais
et français, que faisait le Dahomey?
Il voyait d’un oeil calme toutes ces petites tentatives de ses vassaux
et ne considérait pas tout cela comme dangereux encore.
Presque chaque année, comme le roi de Porto-Novo oubliait à des1.
Méji et Sodji appartenaient à deux branches différentes de la famille
qui avaient,.chacune une préférence, entre les deux nations. .
sein de lui payer les redevances qu’il lui devait annuellement en
bétail, récoltes, esclaves et produits du pays, Glèlè, le traitant en
ennemi, faisait des incursions sur son territoire, lui brûlait des
villages et punissait cruellement les habitants de ce qu’il appelait
l'insoumission du roi.
Porto-Novo est situé dans l’intérieur, sur le bord d’une lagune.
Kotonou, que nous avons vu donner à la France par le Dahomey
en 1868 et 1878, est son port de mer, et c’est là qu’a lieu tout le
transit. Sans ce point, nous n’aurions pour Porto-Novo aucun débouché
nous appartenant ; il faudrait faire passer ses produits par
la colonie anglaise de Lagos, située à l’est, et son commerce
serait beaucoup diminué. On comprend donc toute l’importance
qu’il y avait pour la France à conserver le territoire de Kotonou,
et pourquoi eut lieu l’expédition française de 1890.
Quant à ce que nous appelons aujourd’hui le royaume de Porto-
Novo, il se compose à peu près de la moitié est de l’ancien territoire
d’Ardres ; ses limites ont été arrêtées par les conventions de
1863-1864 (amiraux Lafont de Ladébat et baron Didelot). Il se
composait, d’après ces anciennes délimitations (arrêtées avec le
consentement des Anglais), de deux parties distinctes : l°la presqu’île
située entre la mer et la lagune (formant une langue de
sable courant de Lagos à Kotonou), qui nous appartenait depuis
Appa ; 2° la partie continentale entre le Whémé et l’Abdo. Au
nord ses limites n’étaient pas définies.
Le Dahomey e t les puissances européennes.
Dès que Glèlè eut signé le traité par lequel il acceptait le protectorat
du Portugal', le pavillon de cette nation fut hissé sur
tout le littoral, comprenant, comme points principaux, Whydah,
Godomé ! et Kotonou.
Le fort portugais reçut une garnison plus importante, et le cha-
cha en fut nommé, comme son premier prédécesseur, lieutenant-
colonel gouverneur.
Le 10 septembre 1885, le lieutenant d’infanterie de marine
Roget, résident de France à Porto-Novo, protesta énergiquement,
au nom de la France, contre le déploiement du pavillon portugais
\ . Ce protectorat ne devait s’étendre que sur le littoral.
2, Ancien royaume de Jackin.