Les impôts sont les mêmes qu’au Dahomey, sauf que les Européens
payent des droits à l’exportation ; tout est perçu comme au
Dahomey.
Les gores et les agorigans n’existent pas; chaque village a son
cabéçaire ou chef qui le gouverne, fait ses rapports, rend compte
des impôts et se tient en relations avec le gouvernement du roi.
Aujourd’hui, l’administration de Porto-Novo subit de grandes
altérations. L’autorité française prend tous les jours du développement
et substitue ses lois à celles des indigènes. Dans dix ans,
ce sera un pays à moitié civilisé, tandis que le Dahomey, s’il était
resté indépendant, n’aurait pas changé sa façon d’être.
CHAPITRE XI
FÊTES ET CÉRÉMONIES PUBLIQUES.
Les fêtes annuelles ou coutumes à la capitale ; leur but ; description succincte
des diverses cérémonies. — Les sacrifices humains.
Chaque année, comme nous l’avons dit, au retour de l’expédition,
le roi fait annoncer dans tout le royaume aux Européens,
Brésiliens et à tous ceux qui y sont restés, le résultat de sa campagne,
le nombre des prisonniers et l’importance du butin qu’il a
rapporté. C’est toujours une victoire qu’il a remportée, ynême en
cas de défaite ; son peuple est persuadé qu’il en est toujours ainsi,
même après une déroute complète. L’armée provisoire est congédiée
et rentre dans ses foyers.
A la capitale, on commence aussitôt lés préparatifs des réjouissances
qui ont lieu chaque année à cette époque, à l’occasion des
funérailles des anciens souverains.
Le roi de Dahomey doit célébrer, à un anniversaire fixe, les
funérailles de tous ses prédécesseurs. C’est un usage aussi ancien
que le royaume et il n ’y a jamais été apporté la moindre modification.
Chacun des représentants de la dynastie a regardé comme
une mission sacrée l’accomplissement de ce devoir. Selon son
caractère ou ses moyens, il leur a donné.plus ou moins d’éclat;
mais ces fêtes sont restées, en principe, ce qu’elles étaient exactement
lorsque la petite tribu des Fons enterra son premier roi.
Comme la tradition s’est conservée intacte, on peut aujourd’hui
faire une étude des moeurs à l’origine dahomienne *.
I. On peut s’assurer, depuis la fin du dix-septième siècle jusqu’à nos jours,
que ces fêtes n’ont pas changé. Tous ceux qui ont assisté à cès cérémonies
en p arlent de la même façon. Tels sont p a r ordre de dates : Bosman, Smith,
des Marchais, d ’Albée, Norris, Dalzel, Isert, Duncan, E. Forbes, Bouët,
Guillevin, Daumas, Lartigues, docteur Répin, Burton, Skertchly, H. de Cam-
pou, P. Germa, lieutenant-gouverneur J. Bayol.