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 museau  et un peu  au-dessous  des  narines  la  pointe  des  dents  d’en bas  qui  
 arrive presque  à leur niveau. Cette définition  se  rapporte au  caïman  dans  la  
 classification  des  naturalistes. 
 On peut admettre qu’il y a confusion  de noms ou de localités ; si le  caïman  
 habite  1 Afrique  et  l’Amérique,  où  est  le  crocodile?  Certainement  pas  en  
 Afrique1. Nous  laissons aux  naturalistes  d ’aujourd’hui  le  soin  de  décider  la  
 question  que  nous nous  contentons  de  soulever  en  passant. 
 Nous  ajouterons  que  la  taille  maximum  du  caïman  est  de  3m,20 à 3“ ,60;  
 Je to u r de  son  torse,  pris  en  arrière  des  membres  antérieurs,  égale  celui  
 d un homme de taille moyenne.  Il n’est couvert d’écailles réellement épaisses  
 que  su r le  cou et le  milieu  du  dos;  ces  écailles  sont peut-être à l’épreuve de  
 Ja  flèche, mais  c’est un to rt  de  croire qu’elles résistent à  la  balle. Le caïman  
 est  aussi  vulnérable  qu’un  autre  animal  avec  une  arme  à  feu  quelconque.  
 Ce  qui peut faire croire  que les  balles glissent  sur ses  écailles,  c’est qu’il  est  
 doué  d une  vitalité  extraordinaire  et  qu’il  n ’y  a  que  deux  endroits  où  on  
 doive  l’atteindre  si  l’on  veut  que  sa  mort  soit instantanée : à l’oeil  et  sur le  
 cou,  derrière  le maxillaire  supérieur,  en  diagonale, c’est-à-dire dans le sens  
 du  membre  antérieur.  Partout ailleurs,  la  balle  n ’a  d’autre  effet  que  de  le  
 faire  fuir,  quels que  soient les  dégâts  qu’elle  cause.  II  va mourir  au  fond  de  
 l ’eau, très  loin  quelquefois. 
 L oeil  du  caïman  est  doué d’une  seconde paupière ou clignotante qu’il tire  
 su r l’organe  lorsqu’il  va plonger.  Ce mouvement  est  un indice pour le chasseur. 
  L’orifice  de  l’ouïe  est  garni  extérieurement  d’une  membrane  épaisse  
 et  charnue  en  forme  de  couvercle  qu’il  soulève  lorsqu’il  a  la  tête  hors de  
 1 eau. Dès  qu’il plonge,  cette membrane  se  contracte  et s'enchâsse dans  une  
 échancrure  de  même  dimension  qu’elle  ferme  hermétiquement.  Sa  langue  
 est immobile et presque rudimentaire ;  elle consiste en un simple reuflement  
 central  de  la  mâchoire  inférieure.  Quoique  habitant  de  préférence  l’eau  
 douce,  il vit  parfaitement dans  l’eau  saumâtre.  L’oeuf du  caïman, à  coquille  
 molle, est  du  diamètre  de  celui  d’une poule, mais  plus arrondi  et allongé  aux  
 extrémités.  La  femelle  pond  deux fois p a r an  une moyenne  de  vingt à tren te   
 oeufs.  Le  mâle  attend  et  mange  les  petits  dès  qu’ils  sortent  de  l’oeuf et  
 devient  ainsi  un  des  facteurs  de  sa  propre  destruction.  Lé jeune  caïman  
 n ’est  à   l’abri  de  la  voracité  de  ses parents  que lorsqu’il atteint la dimension  
 d’un  iguane, c’est-à-dire  de 50  à  60  centimètres;  il  a  alors  des  dents pour se  
 défendre.  Les indigènes affirment que le  caïman vit fort longtemps; ils disent  
 connaître  son  âge  p ar  la  conformation  des  écailles  perpendiculaires  de  la  
 queue;  mais  leur  théorie  à c e t  égard  ne mérite pas  l’attention. 
 Sauriens.  —  Le  caméléon  ordinaire  (Ghamoeleo  vulgaris).  L’iguane  de  
 Guinée*  est de couleur brune  uniforme  et  atteint  de  Im, I 0  à  l m,20;  il  n ’a  
 aucun  appendice à  l’extrémité  de  la  tête  et  ressemble  exactement,  Comme  
 forme, à  un  énorme lézard commun.  Le  lézard  commun  (Lacerta viHdis). Le  
 lézard  à tê te   rouge *,  qui  est  particulier à  ces  régions, se fait  remarquer par  
 une peau  qui  enveloppe  la  tête  et le coù, rose vif chez  les mâles, plus foncée 
 1.  Des  recherches  que  j ’ai  faites  dans d’autres pays  de  l’Afrique,  depuis mon  
 séjour au Dahomey, confirment cette assertion. 
 chez  les femelles.  Le reste  du  corps est  gris  brun,  tacheté  de  rouge  e t  de  
 bleu,  et  couvert  de  rugosités.  La  queue  avec  laquelle  il  se  bat  est  tan tô t  
 rougeâtre, tan tô t  brune ;  elle  est  épaisse  et  courte.  Sa  taille  est  d’environ  
 15 à 20 centimètres. Il a l’habitude  de se soulever constamment sur ses membres  
 antérieurs  pour  pouvoir  apercevoir de  plus  loin  sa  nourriture  ou  ses  
 ennemis ;  ce  mouvement continuel lui a  fait donner p ar  les indigènes  le nom  
 de lézard danseur.  Tous  les  autres  caractères  sont  les mêmes  que  ceux  des  
 autres  espèces. 
 Serpents. — Le  serpent  à lunettes  ou cobra  di  capello (Naja tripudians) ;  
 le  tic  polonga* (Doboia  elegans)-,  la  caravelle ou  cracheur  (Trigonocephalus  
 hypnalis*) ;  le  serpent v e rt ou ooryphodon des lagunes (Hydrophis  fasciatus).  
 Le python à  deux raies  et le python royal  sont les  seuls  qui soient inoffensifs  
 de  tous  ceux  que  nous  venons  de  citer parmi  les  serpents.  Ils  atteignent  
 comme  longueur maximum  de  8  à  10 mètres. Leurcorps n’a pasla forme élégante  
 de celui  des  autres  serpents ;  il  est  renflé  au  centre  de  sa  longueur  
 et  atteint  en  cet  endroit  jusqu’à  20  centimètres  de  diamètre.  Leur  forme  
 rappelle  celle  d’une  navette,  surtout  celle  du  python  à deux  raies.  Ce  dernier  
 n ’atteint pas  des dimensions  aussi  grandes  que  son  congénère. 
 IV.  P o is s o n s . 
 Il  est à  remarquer qu’un grand nombre  de poissons de  mer  peuvent s’acclimater  
 et se reproduire dans  les eaux douces après un séjour intermédiaire  
 dans  l’eau  saumâtre.  Cet  exemple  s’est  produit  sur  la  côte  occidentale  
 d’Afrique.  Comme  nous  l’avons  dit  au  chapitre précédent  dans  l’hydrographie  
 de  la  région,  les  lagunes  sont,  sur  certains  points,  en  communication  
 avec la mer.  Aux  endroits où ce  contact  est  perpétuel,  l’eau  est  saumâtre  
 jusqu’à plusieurs milles  au  loin  du  littoral,  et  cela  pendant  la  moitié  de la  
 durée  de  la  marée  haute.  Les  poissons  de mer  peuvent  donc  en tre r  librement  
 dans  les  lagunes  e t  en  sortir de  même ;  mais  il  est certains  endroits  
 où,  après une  communication plus  ou moins  longue  avec  l’Océan,  lalag u n è   
 en  a  été séparée en quelques  heures p ar une langue  de sable  qui a plusieurs  
 centaines  de  mètres  de  largeur. 
 Les  poissons  d’eau  salée  qui  y  sont restés  enfermés  n’ont  pas  l’a ir  d’en  
 avoir  été incommodés.  L’anguille  de  mer  (Murcena conger)  seule  succombe  
 aussitôt  après  ce changement ;  comme  elle  est fort nombreuse  su r  la  côte,  
 elle pénètre  dans  la  lagune  en grande  quantité,  et  sa mort infecte les bords  
 des  rivières  et des marais.  Parmi  les  poissons  de mer acclimatés dans l’eau  
 doucé,  nous  citerons :  la  sardine  (Clupea  sardina), la  sole  commune  [Solea  
 vulgaris),  qui se reproduit en  grande  quantité, le loup (Labraæ  lupus) et quelques  
 autres  variétés.  Leurs  congénères,  habitant  habituellement  les  eaux  
 douces,  sont  la  carpe  (Cyprinus carpio),  des  goujons,  ablettes, gardons  et  
 une grande variété d’autres  espèces  connues  dans nos  rivières. 
 Les  poissons  qui  fréquentent  le  littoral de  l’Océan sont  :  la morue  (Gadus  
 morrhua)  e n tr é s   grand  nombre,  ce  qui  avait  fait  proposer,  à  une  certaine  
 époque,  d’établir  sur  la  côte occidentale d’Afrique  dès  pêcheries destinées  à  
 faire  concurrence  à   Terre-Neuve ;  la  scie  (Pristis  antiquorum) ;  l’espadon  
 commun  (Xiphias  gladius),  très  nombreux;  la  plie  [Platessa pola) ;  la  raie