surtout les femmes. Celles-ci sont littéralement couvertes de marques
plus ou moins grandes ; leurs joues disparaissent sous les
boursouflures, leur nez est entaillé ainsi que leur front et leur
menton; leur cou, leurs épaules, une partie de l’avant-bras, la
poitrine, l’estomac, sont complètement criblés de signes divers et
généralement de gros pointillés ; la plupart ont des marques distinctives
du fétiche auquel elles sont vouées. Les prêtresses du
Serpent, du Tonnerre, ont dû souffrir un véritable martyre pour
se faire imprimer sur la peau ces tatouages nombreux et indélébiles.
Parmi les féticheurs, il y en a dont la poitrine est horrible à
voir : ils ont des cicatrices qui atteignent 8 et 10 centimètres de
diamètre. Ces tatouages ou plutôt ces mutilations affectent une
forme bizarre, qu’on ne saurait mieux comparer qu’à une toile
d araignée. C’est à l’aide du feu, dit-on, qu’ils arrivent à ce
résultat.
Des filets de peau concentriques partant des bords de la plaie
viennent tous se réunir en un petit noyau de chair de la grosseur
d’une noisette, lequel, comme les fils, est non adhérent à la poitrine
par le centre. 11 est évident qu’il y a eu une opération spéciale
pour empêcher les tissus de se reconstituer en surface plane.
Tous ces filaments ont dû être, découpés, cousus, tenus écartés
de la plaie et réunis au-dessus d’elle par une suture.
On se fait une idée de la force' qu’ont les principes et les usages
chez ces gens, quand on voit des hommes se torturer ainsi pour
honorer le fétiche et pour se le rendre favorable.
Ces tatouages ont également pour but d’éprouver les croyants,
de leur donner une idée de la souffrance qu’il faut endurer pour
le dieu mystérieux.
On tatoue les enfants très jeunes ; l’âge auquel on pratique
l’opération diffère selon les pays ; il varie entre six mois et cinq ou
six ans. Il est rare qu’on l’applique plus tard.
Le tatouage est appliqué généralement par le père ou la mère.
Quelquefois, pourtant, un ami obligeant ou un tatoueur de profession
se charge de cet office. On ne pratique pas toutes les
marques en même temps ; on fait tout d’abord le signe d’origine,
indispensable dans le cas où l’enfant se perdrait ; les autres viennent
ensuite.
Le costume.
Le costume se borne en lui-même à un seul vêtement ; la différence
n’existe que dans la façon dont il est drapé, et ce détail
fait distinguer aisément les différents peuples de la région.
Le costume des hommes se compose généralement de deux
pagnes ; l’un est placé autour des reins et retombe jusqu à mi-
jambe, l’autre enveloppe les épaules et arrive au-dessous du
genou.
Le premier a environ lm,60 à lm,80 de long et 1 mètre à im,10
de large ; l’autre est de même longueur, mais plus large de
30 à 60 centimètres.
Le petit pagne sert toute la journée, pendant le travail et dans
l’habitation; l’autre se porte dans la rue et pendant la nuit.
L’agrafe, l’épingle ou le bouton étant inconnus, on serre le
pagne autour des reins, et l’on enfonce l’extrémité qui croise sur
l’autre, dans la ceinture formée par le pagne lui-même, en roulant
légèrement de dedans en dehors de façon à former un petit
bourrelet.
Les Dahomiens drapent le plus souvent leurs deux pagnes autour
des reins, et avec le surplus de l’étoffe forment sur la droite,
près de la hanche, un bourrelet en forme de paquet qu’ils font
légèrement retomber. Ce paquet d’étoffe, est le comble de 1 élégance
chez le Dahomien ; les chefs lui donnent la dimension d’un
melon. 11 est « grand genre » de le faire volumineux ; cela prouve que
l’on a un vaste pagne, puisque c’en est le surplus. Le torse reste
nu (il est défendu au Dahomien de porter aucun ornement). Cette
façon de draper le pagne a un je ne sais quoi de mâle et d’imposant.
C’est le caractère distinctif du Dahomien. Aucun autre peuple
ne se drape de cette façon dans son vêtement. Il porte souvent le
grand pagne sur les épaules y pour cela, il le ramène devant lui,
et, dégageant le bras droit, jette le ■fout sur 1 épaule gauche,
le bras gauche relève ensuite ce qui pourrait tomber de cette
épaule. Le pagne va ainsi de l’épaule gauche à la hanche droite,
laissant les bras libres. C’est comme cela qu’on rencontre les
indigènes dans les rues du Dahomey et des Popos.
Les Nagos commencent à transformer le petit pagne en une
sorte de pantalon appelé ïcAoÆoio, ressemblant à celui des Arabes,