certain que ceux qui commandent aujourd’hui sont les descendants
directs des chefs qui gouvernaient autrefois. De là, entre ces deux
sortes d’individus, une ligne de démarcation bien tracée — physiquement,
s’entend. Les fils de chefs n’épousent que des filles de
chefs, et une alliance avec un homme du peuple est chose inconnue
oujtout au moins très rare; le soupçon seul d’adultère entraîne
invariablement la mise à mort de la femme, et c’est encore une
garantie contre toute dégénérescence.
La différence physique suffirait d’ailleurs à le faire remarquer,
même si l’usage et la tradition ne l’avaient pas appris.
Les caractères les plus marqués chez les chefs sont l’aspect
général et la barbe. Le chef est, en général, de grande taille, bien
fait. Il se distingue au premier coup d’oeil de ceux qui l’entourent ;
sa physionomie, surtout à un certain âge, est loin de manquer
d’expression : c’est un homme qui pense, dont le cerveau travaille
depuis sa jeunesse. Son visage est rarement dépourvu de cet
aspect qui caractérise ceux qui sentent sur leur tête une responsabilité.
Son front est haut, découvert; ses cheveux, lorsqu’ils sont
grisonnants, augmentent encore le respect qufil inspire. Sa barbe,
depuis l’âge de vingt-cinq ans, se développe sous le menton et le
maxillaire inférieur ; à ce signe seul on pourrait le reconnaître.
Ces exceptions étant posées, considérons maintenant la généralité.
La couleur de la peau pourrait être classée en cinq variétés :
La plus répandue est celle qui résulterait, en peinture, d’un
mélange d’ocre jaune et de terre de Sienne brûlée en parties égales
avec une petite quantité d’ocre rouge. Nous l’appellerons brun
marron foncé.
Puis un mélange de cette même couleur avec une parcelle de
cobalt et de noir de fumée, ce qui y ajoute une teinte violacée à
peine perceptible. Cette peau est gris de fer bleu avec des reflets
rougeâtres lorsque le soleil la frappe. Nous lui donnerons le nom
de peau noir violet foncé.
La troisième et la quatrième variété sont de l’ocre jaune et de
la terre de Sienne en plus ou moins grande quantité et peu ou pas
d’ocre rouge. L’une peut être désignée comme peau rouge foncé,
l’autre, rouge jaune.
Ces quatre couleurs sont appliquées à des épidermes très luisants,
qui reflètent la lumière et paraissent leur donner des teintes
changeantes très difficiles à définir, même pour un peintre. Selon
la clarté qui les frappe, il y a des individus qui paraissent entièrement
bleus ou roses ou mauves ou rouges, et il y a là une étude
à faire.
La cinquième variété est la;peau noir ma t; c’est la seule qui
mérite la qualification de noire ; ses cellules épithéliales ont la
surface plus grossière et elle ne reflète que très peu les rayons
lumineux ; c’est le bois d’ébène non poli; c’est la plus belle peau.
Le poids, chez un noir, est relativement supérieur à celui d’un
Européen de mêmes proportions ; cela tient sans doute à sa charpente
osseuse qui est plus développée. La moyenne varie, pour un
noir, de ces régions, entre 68 et 80 kilogrammes.
Les cheveux du nègre, quoique cela paraisse étrange, comprennent
plusieurs variétés de teintes, mélangées au noir, ainsi
définies suivant les reflets qu’elles donnent lorsqu'ils sont placés
entre l’oeil et la lumière : noir, châtain, châtain clair, roux, blond
roux. Les trois premières teintes sont difficilement perceptibles
quand les cheveux ne sont pas éclairés comme nous le disions ;
les deux dernières sont très évidentes et assez communes.
Il faut noter que la couleur de la peau influe sur celles des cheveux
et de l’iris. Nous avons remarqué des blond doré&i des blond
filasse, quoique crépus, chez les albinos ou mi-albinos, et chez les
descendants à la deuxième génération d’un Européen du Nord.
Les cheveux sont crépus, c’est-à-dire se réunissant en une infinité
de petites boucles plus ou moins serrées selon les individus.
La finesse ou l’épaisseur du cheveu est également bien différente
selon les gens. Certaines femmes des Popos et de la Côte d’Or,
qui portent les cheveux longs, ont des chevelures splendides, à
peine ondulées, longues de 25 à 40 centimètres. Ce degré d’épaisseur
fait que les boucles sont plus ou moins grosses, et, par
conséquent, rapprochées les unes des autres. Dans les cheveux
épais, elles forment l’une contre l’autre une masse compacte et
granulée; elles sont, au contraire, isolées l’une de l’autre dans les
cheveux fins ; on a donné à cette dernière particularité le nom de
cheveux on grains de poivre.
Les enfants d’un Européen et d’une négresse ne peuvent parfois
se distinguer que par la chevelure, qui est celle de la race blanche ;
il arrivé que leur teint soit très foncé ; mais ils n ’ont jamais les
cheveux crépus1.
1. Nous connaissons, à Lagos, une Anglaise mariée à u n n o ir; leurs
enfants sont presque noirs avec des cheveux blonds, longs et soyeux.