les chefs indigènes le concéderont à tous ceux qui en feront la
demande, et si le personnel nécessaire manque dans les débuts,
il se trouvera aisément lorsque la vente de l’huile de palme ne
suffira plus aux indigènes pour satisfaire leurs besoins et leurs
fantaisies.
Au point de vue des communications avec l’extérieur, toutes
les villes de la côte se trouvent dans de très mauvaises conditions ;
le débarquement et l’embarquement sont à la merci de la barre,
qui, sans compter les pertes dont elle est cause, occasionne des
retards continuels et des dépenses énormes pour l’entretien du
personnel spécial qui la passe.
Il a été récemment construit, à Kotonou, un wharf ou appon-
tement qui est destiné à franchir les brisants et à permettre des
opérations avec les navires sans risques et à peu de frais.
Kotonou, port de Porto-Novo, est appelé, dans l’avenir, à être
d’une grande importance. L’idée d’améliorer sa situation par ce
moyen est digne de l’attention de nos capitalistes.
La société qui a construit le wharf perçoit un droit qui, vu le
gros bénéfice qu’il facilite, arrivera en peu de temps non seulement
à payer les frais et l’entretien de l’appontement, mais
encore à indemniser ceux qui l’ont construit.
Les maisons de commerce peuvent ainsi supprimer un personnel
qui leur coûte 30 ou 40 000 francs par an, et l’importance
de Kotonou augmentera en ce sens que de nombreux vapeurs,
qui ne débarquent à Lagos que parce qu’ils ne peuvent encourir
les délais occasionnés par l’état de la barre, viendront déposer à
Kotonou les marchandises destinées à Porto-Novo, sûrs, désormais,
de ne subir aucun retard dans leur service.
Les gros vapeurs, ne pouvant entrer en rivière de Lagos, vont
débarquer àForcados River, et voici les frais inutiles qu’on évite
par le débarquement, à Kotonou, des marchandises de Porto-
Novo : frais de débarquement à Forcados River (en plus du fret) ;
wharfage, roulage et transport à Lagos ; magasinage à Lagos ,;
droits de transit ; transport et débarquement à Porto-Novo.
Il faut ensuite ajouter les droits pleins qu’on y paye, qui sont
les seuls frais à ajouter au péage du wharf de Kotonou, plus le
transport à Porto-Novo.
Porto-Novo communique avec Kotonou par le lac Denham ; des
travaux seront indispensables pour supprimer des bancs qui existent
à-Fentrée est du Toché et nord du chenal de Kotonou, sur une
étendue assez considérable ; des embarcations et des chalands
calant plus de 1 mètre pourront alors faire le trajet en toute saison
sans crainte d’échouer.
Porto-Novo peut également faire son transit par Lagos ; des
vapeurs appartenant aux Allemands font le trajet en dix ou douze
heures. Le fret de Porto-Novo, en rade de Lagos, s’élève de S à
7 schellings par tonne. Il y a également un vapeur portugais.
Le service de tous ces bateaux est irrégulier et subordonné aux
besoins des maisons auxquelles ils appartiennent.
Pour le service des vapeurs et des factoreries, on a reconnu que
les indigènes n’avaient ni l’activité ni l’énergie nécessaires ; toutes
les maisons ont des Kroomen, autre dépense qui vient encore
grever les frais généraux.
Au Dahomey, comme nous l’avons dit, il ne fallait compter sur
aucune amélioration, tant que le régime gouvernemental n’avait
pas été modifié. Les autorités s’opposaient à tout changement.
Ennemis instinctifs du progrès et de la civilisation, qu’ils savaient
devoir nuire à leur prestige, les gouvernants ne permettaient
aucune tentative d’amélioration de la part des Européens.
Mais si un jour les choses changeaient, si le pouvoir indigène
disparaissait devant une conquête européenne, on pourrait fonder
sur le Dahomey les mêmes espérances que sur la région qui l’entoure
; un wharf serait indispensable à Whydah, le seul point qui
vaille la peine de recevoir une impulsion. Dans cette ville, on
pourrait centraliser tout le commerce, et elle suffira largement au
trafic.
La douane a été établie à Porto-Novo par décret présidentiel du
I er avril 1890. Elle existaità Grand-Popo depuis le 1er avril 1887,
par une convention signée le 25 mai de la même année, entre la
France et l’Allemagne, pour une durée de deux ans. Nous devions
faire connaître avant le 1er février 1889 si nous avions l’intention
d’en modifier les clauses, sinon elle devait être considérée comme
renouvelée.
On n’y a pas pensé de notre côté, et ce traité, tout en faveur
des Allemands et tout à notre détriment, fut prolongé ainsi jusqu’en
1891, et dure sans doute encore.
Il en est de même à Porto-Novo ; il ne paraît pas qu’on ait seulement
pris l’avis ou des renseignements des négociants avant
d’y établir la douane.
Le régime douanier actuel est contraire au développement du