servent de fumier; il les mélange de nouveau à la terre et il
attend la première pluie pour semer. La façon dont il plante le
mais prouve, à elle seule, sa paresse : comme ce serait une trop
dure besogne de rester courbé en deux ou de se baisser chaque
fois, il s’est habitué à utiliser ses pieds ; il suit le sillon à reculons ;
tous les 15 centimètres, il fait avec son orteil, droit un trou en
terre ; il prend dans un sac un grain, l’y jette avec adresse et
referme l’ouverture d’un coup de talon. Ce travail se fait assez
rapidement.
L arrosage est une chose inconnue ; on compté sur la saison
des pluies, qui, en effet, rend inutile celte opération. Quand il ne
doit pas pleuvoir, on obvie à l’inconvénient en ne cultivant rien.
Les indigènes récoltent le maïs, l’igname, le manioc, la patate,
1 arachide, un grand nombre de eucurbitacées sauf la pastèque et
le melon auxquels le climat est contraire, et qui demandent des
soins que l’indigène est incapable de donner. Le chou colza est
également un aliment pour les gens du pays. Tous les fruits,
ananas, bananes, etc., poussent où ils veulent et sans qu’on s’en
occupe. Il en est de même du palmier à huile. Cependant, on le
débarrasse chaque année des plantes grimpantes et des lianes qui
s enchevêtrent autour de sa tige et nuisent à son développement.
Le maïs est blanc, de petite taille ; on le laisse sécher sur pied.
L eau-de-vie de maïs se fait de plusieurs façons : par la distillation
et par l’infusion fermentée. Dans le second cas, c’est plutôt
une boisson piquante et très agréable.
La distillation se fait chez les noirs d’une façon très succincte
et qui leur fait consommer énormément de grain pour obtenir très
peu d eau-de-vie de qualité inférieure. Leur alambic se compose
d une forte marmite bouchée par le haut et dans laquelle pénètre
un gros roseau couvert d’une épaisse couche de terre glaise. Sa
longueur est de plusieurs mètres et il tient lieu de serpentin.
L opération est lente et coûteuse, et les résultats peu satisfaisants.
Cette industrie est aujourd’hui abandonnée, vu l’expansion,
dans le pays, des alcools européens, qui s’acquièrent à fort bas
prix.
Pour faire le vin de maïs, on laisse fermenter les épis dans l’eau
pendant quatre jours; on les retire ensuite et l’humidité fait sortir
les germes. Quand les graines sont à ce point, on les jette dans
un mortier et l’on réduit le tout en une pâte fine. Cette pâte est
bouillie, fortement étendue d’eau, pendant cinq ou six heures. On
laisse ensuite refroidir, et le liquide devient, au bout de deux
jours, légèrement piquant et très rafraîchissant. Le vin de maïs
se conserve, au plus, une semaine ; il se change,-ensuite, en
vinaigre.
Les nombreux articles de manufacture locale dont l’énumération
précède sont destinés à satisfaire les besoins indigènes ; aucun
d’eux ne quitte le pays, sauf peut-être quelques tissus qui vont
au Brésil. Les Européens ne font guère attention à ces objets
qui, il faut le dire, sont, en général, laids, disgracieux ou désagréables
quand on les compare à nos articles d’Europe. Ils n’ont
de valeur qu’au point de vue ethnographique, car ils montrent
l’industrie locale telle qu’elle est née et les efforts que les noirs ont
faits, infructueusement, pour copier certains objets que nous importons.
Ils sont une preuve déplus que la volonté a besoin d’être
suppléée par le savoir pour que la réussite soit certaine : vouloir
n’est pas pouvoir, quoi qu’on en dise.
Dès qu’un indigène qui a des dispositions reçoit les conseils
d’un Européen expert, il devient en peu de temps un excellent
ouvrier ; tels, chez les Minahs, les charpentiers, les maçons, les
tailleurs d’Accra, qui ont rèçu les laçons d’ouvriers anglais employés
par le gouvernement de la Côte d’Or, et qui aujourd’hui
font de l’ébénisterie, de l’ornementation et des vêtements très
corrects.
Dans des métiers plus difficiles, la mécanique, par exemple, un
noir devient, en deux ans, un parfait mécanicien en ce qui concerne
le réglage, le mouvement et l’entretien. Pour connaître et
pouvoir faire les réparations lui-même, il lui faut plus longtemps ;
mais il est néanmoins plus vite que l’Européen à même de faire
un grand nombre de travaux. Il va sans dire que nous ne cherchons
pas à prouver que son aptitude soit supérieure, mais il s’applique
énormément à tout ce qu’o.n lui confie, cherchant à comprendre
et à raisonner, tandis que l’Européen se sent fort de son
intelligence et trouve inutile de s’appliquer au travail d’une façon
aussi assidue;
Nous arrivons aux produits qui font enEurope l’objet d’un commerce
avec la côte occidentale d’Afrique. Dans la région qui nous
occupe, le principal est l’huile de palme, dont nous avons décrit
l’origine en parlant de la flore.
Au point de vue industriel, voyons comment on exploite les
fruits du palmier à huile ou Elaïs guinèensis.