homme complètement nu, à genoux et, en même temps, assis $ur
ses talons. Ses deux mains sont appuyées sur ses cuisses et sa
grosse tête a les yeux, les dents et les oreilles grossièrement
figurés par des cauris enfoncés dans l’argile ; sur sa tête, quelques
plumes de vautour plantées çà et là, et autour du cou, un collier
de paille et des animaux en putréfaction ou à l’état de squelette,
que l’on y a placés au moment des sacrifices. Il dépasse souvent
la grandeur naturelle. On l’abrite avec un petit toit en paille
contre les pluies qui pourraient le détériorer. On ne peut faire
cent pas au Dahomey ou à Porto-Novo sans voir une de ces
hideuses figures assises aux portes des maisons comme des mendiants
en quête de pain. Des prêtres spéciaux et nombreux sont
chargés du culte d'Elegbâ.
Il faut ajouter maintenant à ces principaux dieux une foule de
divinités subalternes qui ont, au Dahomey, leurs fidèles et leurs
fètichéurs.
Z oumgbouéji, q u i r e n d l e s o b j e t s e n c h a n t é s ; o n l u i c o n f i e u n
c o l l i e r , p a r e x e m p l e , e t o n v a l e r e p r e n d r e a u b o u t d e q u e l q u e s
j o u r s , e n p a y a n t q u e l q u e c h o s e a u f é t i c h e u r ; l e b i j o u e s t d o u é
d é s o rm a i s d ’u n p o u v o i r s u r n a t u r e l .
Kpaté, le dieu du naufrage, auquel on offre des sacrifices, à
Whydah, pour qu’il fasse échouer des navires à la côte*. On sait
qu’au Dahomey, comme sur presque toute la côte d’ailleurs, tout
navire naufragé est pillé exclusivement par les indigènes, comme
leur appartenant de droit. On invoque Kpaté en lui couvrant la
tête pour qu’il ne fasse pas de distinction entre les navires amis
ou ennemis. A chaque naufrage, il a droit à un mouton et vingt
poules de la part des autorités indigènes.
L is s a , qui donne la richesse. Son symbole est un épi de maïs,
signe, sans doute, de multiplication. On ne lui offre que cette
graminée en sacrifice.
Avréketé, qui dévoile les conspirations contre le roi. On le met
dans une mare et on invite les prévenus à s’y plonger, en leur
disant qu’ils n’auront aucun mal s’ils ont la conscience nette, mais
que les plus effroyables tortures attendent le coupable dans cette
eau fétiche. Généralement, celui qui a quelque chose à se reprocher
préfère avouer sa faute et payer une forte amende plutôt
1. 11 y a au Dahomey une prière qui demande au Créateur de bénir fe roi,
la famille, la case, la récolte, et de faire faire beaucoup de naufrages aux
blancs à la plage.
que de tenter l’épreuve. On représente Avréketé sous la forme
d’une petite figure humaine en bois sculpté.
O goun ( n e p a s c o n f o n d r e a v e c l e d i e u d e l a g u e r r e ) s i g n i f i e , p a r
u n e d i f f é r e n c e d e p r o n o n c i a t i o n , m é d e c i n e , d r o g u e 1. I l g u é r i t l e s
m a l a d e s , l e u r d o n n e d e s c o n s u l t a t i o n s ; d a n s l e s c a s g r a v e s , il
d é l è g u e l e f é t i c h e u r a v e c s e s p o u v o i r s à l a c a s e d u s u j e t .
Votounso qui préserve désormais les enfants de ceux qui en ont
perdus auparavant.
C’est l’enfant qui doit parler lui-même au fétiche; ce qui fait
que, par une adroite coïncidence, le dieu ne peut garantir leur
existence qu’au moment où ils ont passé l’âge le plus délicat.
Z akouata qui, comme les anciens bravi vénitiens, se fait payer
largement pour détruire un ennemi. Son symbole, très significatif,
est une petite calebasse, gourde où les noirs ont coutume de renfermer
les médicaments et quelquefois les poisons. Les services du
dieu sont loin d’être à la portée de tout le monde ; il n’a pas de
figure en bois ou en terre; c’est une divinité secrète, désavouée
la plupart du temps et sur laquelle il est excessivement difficile à
un Européen de faire aucune question.
Une femme indigène dans la confiance que lui donne une
longue intimité avec un blanc, un ivrogne bavard ou bien un sujet
magnétisé sont les seules sources de renseignements à ce sujet;
il y a bien des drames à apprendre de ce côté, bien des intrigues à
découvrir et à ajouter à l’histoire de ce peuple peu communicatif.
Alaussa, l’ennemi des femmes ; si une d’elles le rencontre, elle
meurt peu après.
O hovi, appelé à Porto-Novo Igbeji, le dieu des jumeaux. On
rend un culte particulier aux jumeaux, contrairement aux autres
enfants; leur jeunesse entière se passe au milieu des cérémonies
fétiches; on prétend que, sans ces soins, ils redeviendraient des
singes. On leur attribue à chacun un génie persécuteur qui rapporte
au féticheur force cadeaux et rémunérations. S’ils meurent
tous deux, la mère fait faire deux petites marionnettes de même
taille entre elles, les habille, les place sur une petite estrade dans
un coin de la case ; elle les orne de fleurs, leur donne ce qui leur
faisait le plus plaisir. Une lampe à huile de palme brûle pendant
des années devant ce touchant autel élevé au souvenir.
L es hommes déifiés sont, au Dahomey, les rois les plus célèbres
i . Selon la prononciation du mot, il signifie alternativement : guerre,
médecine, long, ou le nom d ’une fleur du Yorouba.