ANIMAUX DOMESTIQUES.
L’âne ne se rencontre que sur les bords du Yolta où il a été importé de
l’intérieur par les Arabes; il n ’y a , d’ailleurs, que des musulmans qui s’en
servent dans la région comme bête de somme et de voyage.
Le boeuf est tout petit. Il est tellement malingre, chétif, dégénéré, qu’il
est difficile d’établir la race dont il peut tirer son origine. Sauf dans quelques
régions privilégiées sous le rapport des pâturages, où il arrive à un certain
embonpoint, il est en général maigre et anémique. Sa chair ne contient que
fort peu de principes fortifiants. Sa taille atteint 1 mètre en moyenne et son
poids b ru t 80 à 90 kilogrammes qui donnent à peine la moitié de viande
nette pour la boucherie.
Le cheval se rencontre dans le nord du Yorouba, la côte d’Or (région du
Volta) et le Niger. Sa provenance peut être attribuée aux territoires du
Soudan ; il fut, en principe, d’importation arabe. Sa taille est en moyenne
de Im,40 au g a rro t; il appartient au genre barbe par ses ancêtres; mais,
comme le boeuf et tous les animaux importés dans la région, il dégénère et
p erd, en se reproduisant, la plupart des qualités de ses ancêtres. Le cheval
du Yorouba et du Volta a, en général, le rein mal attaché, l'épaulè sans
obliquité, la croupe en pupitre, l’encolure empâtée et la tête lourde. C’est
une caricature de notre bel animal des régions plus clémentes. Monté dès
qu’il a dix-huit mois, il ne se développe pas, ou fort mal; aussi ses aplombs
sont-ils défectueux et ne supporte-t-il pas de grosses fatigues. La nourriture
du pays ne lui convient pas ; le foin manque des qualités nutritives indispensables
; le maïs ou le millet qu’on lui donne l’échauffent outre mesure ; on a
à combattre chez lui presque continuellement l’inflammation des intestins,
le dégoût de nourriture. Il succombe souvent à la suite de gastralgie ; à dix
ans, il est complètement fourbu, si même il arrive à cet âge. A Lagos,
où tout le monde a des chevaux, la mortalité de ces animaux atteint environ
80 pour 100, p ar manque de soins, mauvaise nourriture et excès de fatigue;
il faut ajouter que fort peu des gens qui ont des chevaux sur la côte savent
les soigner, et c’est une des causes de cette grande mortalité. Le cheval,
comme l’homme, demande des soins particuliers lorsqu’on le sort de son
climat, qu’on change sa nourriture et qu’on modifie son genre de vie.
On a essayé de croiser les chevaux du Yorouba avec ceux de Madère; les
produits ont meilleure apparence, mais ne valent pas davantage ; ils souffrent
de seimes continuelles auxquelles ni la ferrure ni aucun remède n ’apportent
de soulagement; il leur faut du sable comme sol de marche. En somme, le
climat qui tue l’Européen n ’est pas non plus favorable à la race chevaline.
Le chien indigène n ’offre qu’une seule variété, de couleur fauve, à poil ras,
de petite taille, aux oreilles courtes et droites, au museau pointu, au front
fuyant. Il rappelle les chiens kabyles. Les indigènes le mangent sur plusieurs
parties de la côte; il n ’est ni fidèle, ni caressant; il ne connaît personne,
aboie contre son maître aussi bien que contre les étrangers e t ne reçoit
jamais que des coups. Il ne mange que ce qu’il trouve lui-même en courant
les ru e s; il vit ainsi jusqu’au jour où il est atteint de la gale; cette maladie
le tue après lui avoir fait tomber le poil, supprimé l’ouïe, la vue et l’odorat.
Les chiens d’Europe, à de rares exceptions, ne vivent pas dans le pays; ils
meurent fort peu de temps après leur arrivée.
Il faut noter que l’on n ’a jamais constaté chez les chiens du pays ni chez
ceux d’Europe, pendant leur séjour, aucun cas d’hydrophobie. Cette maladie
est inconnue dans le pays.
Le chat, haut sur ses pattes, élancé, est plus grand que celui d ’Europe;
c’est un comestible estimé des indigènes et qui se vend en cage sur les
marchés comme de la volaille, 11 ne sert absolument à rien et ne chasse ni
aux ra ts, ni aux souris; il vit dans les broussailles, aux environs des habitations,
oùjil mange des poussins, des oiseaux et ce qu’il peut a ttrap e r.
La ch èv re a le poil ras e t clairsemé; elle est de petite taille. Sa chair est
peu agréable au goût, dure et coriace ; on ne peut manger que les chevreaux.
Le mouton perd dans ces régions la toison qui caractérise son espèce; il
est couvert de poils. Au Dahomey, c’est l’homme qui porte la laine. Le
mouton ressemble à la chèvre comme taille et comme couleur, un noir sale ;
l’un et l’autre pèsent de 20 à 2S kilogrammes et donnent à peine 10 kilogrammes
de viande de boucherie.
Le p orc, à peau noire, est la nourriture des indigènes; les Européens supportent
difficilement sa chair excessivement indigeste; comme il ne se
nourrit que d’immondices et de serpents, sa viande a généralement mauvais
goût. Le cochon de lait, nourri avec soin alors qu’il est trè s jeune, peut
donner aux Européens un aliment convenable.
I I . O is e a u x .
Oiseaux de proie. — On rencontre dans la région des lagunes l’aig le à
tê te blanche ou aig le p ê ch eu r (Falco leucocephalus*), l’aigle c ria rd (Aquila
noevia), l’émerillon (Falco sparverius)-, plus loin dans l’intérieur, l’é p e rv ie r
commun (Aecipiter nisus) ; le faucon (Falco communis) ; le v a u to u r ou buzard-
dindon (Cathartes aura*), qui se charge, dans toutes les villes du Dahomey,
du service de la voirie : il purifie les localités de toutes les immondices qui
contribuent tan t à leur insalubrité.
Passereaux. — Ils forment une des familles les plus nombreuses de la
région. Nous citerons dans leur nombre une grande variété de b en g a lis et
plus spécialement les Fringilla Bengalus e t Senegala; deux genres de b e r g
e ro n n e tte s (Motacilla cinerea et lugubris)-, le c ap o c ie r (Sylvia maeroura*),
petit oiseau des buissons; le co lib ri (Trochilus superciliosus); le pinc-pinc*
(.Drymoica rufieapilla), un des rares oiseaux qui chantent dans ces pays.
Le co rb eau (Corvus corax) ne diffère de celui d’Europe que par une tache
blanche au jabot. Les m artin s-p ê c h e u rs de plusieurs variétés (Alcedo p u r-
purea, ispida, etc.),comprennent deux ou trois genres non décrits; un des
plus communs dans la région, parmi ces derniers, est celui que nous appellerons
m a rtin -p ê c h eu r à bec ro u g e pour le distinguer. Il a la tête grosse,
lé bec rouge, les tarses noirs et courts, le dos vert foncé, une plume blanche
à chaque aile ; sa dimension ne dépasse pas celle de l’oiseau-mouche. Il
bâtit son nid sur les feuilles du nénuphar; la femelle pond deux ou trois oeufs
de la dimension d’un grain de poivre. L’autre variété est entièrement bleu
cobalt avec le bec et les pattes jaunes ; elle est de même taille e t niche