l m,70 à 2 mètres de haut et qui sert de rappel à de longues distances
; le tambour de deuil, petit tam-tam au son sourd et voilé;
ceux des grandes funérailles, connus à la cour du Dahomey et qui
produisent un vacarme indescriptible; le tam-tam des Nagos,
arrondi en dessous et sans ouverture, dont on change le son en
posant la main dessus ; il se joue avec une baguette recourbée ;
enfin le tam-tam d’enfant, miniature du tambour commun, le seul
joujou qu’on lui donne.
Après le tam-tam, il y a les castagnettes ; quoiqu’elles n’aient
aucun rapport de forme avec l’instrument des danseuses espagnoles,
elles ont un son à peu près équivalent : elles consistent
tantôt en cauris pendues autour d’une calebasse sèche, sur la surface
de laquelle on les fait frapper avec régularité, tantôt en
graines agitées dans une bouteille en paille au fond dur composé
d’un morceau de calebasse sèche.
Les guitares du pays terminent la série. Au Dahomey, à Why-
dah, on en fait en faux bambou, dont l’écorce soulevée par une
traverse rend des sons peu distincts. Une autre forme d’instrument
est une calebasse prolongée par un bâton, sur lequel une corde
unique a été tendue ; il en existe plusieurs autres du môme genre.
Tous ces instruments se jouent seuls à cause du peu de son qu’ils
rendent; on en pince en chantant à mi-voix.
La plupart des divinités fétiches, Onsé entre autres, possèdent
des trompettes d ivoire faites d’une défense d’éléphant creusée
intérieurement. Elles ont le son de la corne des gardes-barrières.
Lorsque les noirs se réunissent pour une fête, ou pour s’amuser,
comme ils le font journellement, on ne se sert que du tam-tam
et des castagnettes accompagnées de chant. Quelques individus se
réunissent, et au bruit du tam-tam tous les voisins accourent faire
nombre et chanter en choeur.
La danse est le complément indispensable de ces sortes de réunions.
Les exercices chorégraphiques sont peu variés ; ils consistent
en deux mouvements : un dandinement des hanches et du
bassin, qui est tout à fait la danse du ventre qu’on a pu voir à la
dernière exposition, et un jeu des omoplates en avant et en arrière
par lequel les coudes arrivent à se toucher.
Les hommes dansent rarement en même temps que les femmes ;
ce sont plutôt un, deux ou trois individus du même sexe qui se
relèvent tour à tour. Toute l’assistance, sauf les vieilles gens, y
passe généralement.
Quelquefois il se trouve dans la réunion un orateur connu ; on
lui demande alors une histoire. S'il consent, la danse s’arrête, on
fait cercle autour de lui et Ton écoute attentivement ce qu’il
raconte ; ce sont généralement des fables du pays, des contes, des
aventures. Le conteur a, d’habitude, la parole facile et tourne ce
qu’il dit de façon à entretenir, dans son auditoire, l’intérêt et la
gaieté.
Quelques-unes de ces fables sont plus ou moins immorales ;
d’autres, sous forme de légendes, font parler les animaux. Le père
Bouche a cité à peu près toutes celles que nous connaissons;
d’autres sont dues à l’imagination plus ou moins fertile du conteur.
Elles se composent d’incidents extraordinaires, d’apparitions,
où le fétiche joue un grand rôle, ou bien encore ce sont
des aventures qui se terminent par une morale sous forme de
proverbe, comme : Il faut dire un avant de dire deux, On a
deux oreilles mais on n'entend pas deux mots à la fois, Quand on
n'a vu un homme qu'une fois, on ne lui dit pas tu maigris, L'or
pénètre mieux que la hache, Le serpent ressemble à une corde,
mais on ne le prend pas pour lier, On ne se lève pas de sa natte
pour se coucher par terre, Quand un homme t'appelle esclave, tu
lui appartiens déjà, etc., etc.
Le conteur, lorsqu’il se fait une réputation, finit par être appelé
dans les réunions, et il gagne ainsi sa vie, sans compter tous les
repas de fête où il a sa part.
Il existe aussi des prestidigitateurs et des joueurs de bonneteau ;
les premiers sont peu habiles : un de leurs principaux tours est de
prendre un grand sac en paille où ils font mettre plusieurs objets
et où ils tiennent les deux bras ; les assistants sont appelés au bout
d’un instant à constater que tout a disparu et que le sac est vide ;
ils se passent des aiguilles d’emballage dans les joues sans se faire
saigner, et mangent des charbons ardents et des poules vivantes,
tout comme à la foire au pain d’épice.
Les joueurs de bonneteau sont, comme partout, de vulgaires
escrocs ; leurs jeux sont les mêmes à peu de chose près, que
ceux de leurs congénères européens ; ils jouent avec le gogo le
jeu des cauris dont nous vous avons parlé, et gagnent neuf fois
sur dix.
En plus de ces distractions, on reste des après-midi entiers à
bavarder sur ce que font les voisins ou les absents, et comme on
n’ignore rien de ce qui se passe par toute la ville ou le village,