heureux dont il a dévoilé le crime ; aucune force humaine ne peut
le sauver du sort qui l’attend.
La forme habituelle d'Onsé est un gros cylindre de bois de
90 centimètres à 1 mètre, ayant en diamètre de 30 à 33 centimètres.
11 est garni, d’un côté, de chiffons, et, de l’autre, de grosses
coquilles d’escargot percées de trous et peintes en blanc.
Lorsque l’on fait appel à la juridiction d'Onsé, on met l’accusé
en sa présence après d’assez longs préliminaires ; on le fait mettre
à genoux et l’on pose verticalement le dieu sur sa tête ; il tient le
cylindre des deux mains et en équilibre. Le féticheur alors invoque
Onsé et le supplie de vouloir bien déclarer l’innocence ou la culpabilité
de celui avec lequel il est en contact; il l’invite à descendre
dans le coeur du prévenu, à fouiller son corps afin de
découvrir sa pensée1.
Le fétiche, après quelques mouvements d’oscillation, que l’ac-
cüsé ne.peut arriver à maintenir, tombe enfin, soit en avant, soit
en arrière, malgré les efforts de celui qui le tient pour empêcher
ce dernier, mouvement. S’il tombe en avant, l’homme est innocent;
en arrière, il est coupable.
Onsé rend également des oracles et prédit l’avenir par l’intermédiaire
du féticheur. La couleur blanche est son symbole ;
les murs extérieurs de ses temples et le costume de ses prêtres
des deux sexes sont blancs.
Odoudgua, la terre, la mère des êtres, la déesse de la maternité;
est représentée sous plusieurs formes, dont une des principales
est une calebasse munie de son couvercle et blanchie. Dans ce cas,
Onsé est également représenté; il occupe la partie supérieure, le
couvercle, à titre de dieu du ciel : Odoudoua est le dessous,
la terre.
Il est à remarquer que cette figure représente fort bien ces
deux dieux.
Une autre forme sous laquelle on voit Odoudoua est celle de
la déesse de la maternité, où elle a la forme humaine avec un
enfant dans les bras.
Oroux, le soleil, la lumière, est un dieu peu bruyant, qui n’a
plus d’adeptes que dans le Dahomey et quelques villages nagos.
Le soleil apparaissant régulièrement tous les jours, quoi qu’il
1. Le noir croit communément que la poitrine est le siège de la rie, de
la pensée et de la voix. Dans mon coeur, en langue indigène, signifie « je
pense » ou en e st l’équivalent.
arrive, on a fini par ne plus y faire attention. On est habitué à ses
faveurs, et l’expérience a démontré que, avec ou sans prière, il ne
cessait pas de répandre sur. la terre sa lumière bienfaisante. En
cas d’éclipse seulement, on fait quelques sacrifices pour Oroun,
mais c’est rare, comme on le voit.
Il n’a pas de statue, car on le voit entrer partout, disent les
indigènes. Ses temples sont extérieurement peints en rouge, et
une partie du costume de ses féticheurs est de cette couleur. Ils
ne s’habillent ainsi que le cas échéant, car ce sont des prêtres
d’autres divinités qui se chargent de son culte.
Ochou, la lune, a, avec elle, ses filles, les étoiles. On leur offre
de temps en temps des sacrifices ; elle n’est pas personnifiée non
plus, du moins de nos jours. Il paraîtrait pourtant qu’autrefois
on la représentait comme une femme assise, entourée de nombreux
enfants dans la même position.
Ol’okodn (abréviation de Olôun, dieu, et Okoun, mer), le Neptune
des noirs, n ’est pas personnifié. On le croit captif au fond des
eaux, et les mouvements qu’il fait pour se dégager produisent les
vagues. On lui offre sur la plage de fréquents sacrifices,
Ol’ossa (Olôun, dieu, Ossâ, lagune) est également captive au
fond des ondes. Le caïman est son messager; c’est lui qui vient
recevoir les sacrifices. Ce culte est. tombé à Porto-Novo, mais il
subsiste encore rigoureusement au Dahomey.
Oïja (le Niger), Ogoun, Ochoun, Ocpara (Whémé), S oni, sont des
noms de fleuves et de rivières, qui sont attribués aux dieux qui les
représentent. Ils sont de peu d’importance et n’ont leurs temples et
leurs fétiches que dans les territoires que baignent ces cours d’eau.
Oké, dieu des montagnes, a pour symbole une pierre. Il est
inconnu sur le littoral, qui est, comme nous l’avons dit, totalement
dépourvu d’accidents de terrain.
Oroungan, dieu du jour, et Bîr i , dieu de la nuit, n’ont pas, à
notre connaissance, de temples leur appartenant. Oroungan se
voit quelquefois, sous la forme d’un lézard, dans les autres temples
fétiches. Quant à Bîri, il est considéré comme étant partout dès
que le soleil a disparu à l’horizon.
C hain g o , le tonnerre, est une des divinités les plus puissantes et
les plus redoutéesl. Quand il gronde, l’habitant rentre chez lui et
i . D’après le père Baudin, il a une origine humaine au Yorouba ; mais au
Dahomey et même à Porto-Novo, il serait le fils du créateur comme Obatala.
Il s’appelle Héviosô chez les Fons.