vitabie vu les moeurs des Dahomiens, que, si l ’on s’attaquait à eux sur un
point, ils se vengeraient immédiatement, partout ailleurs, de toutes les fa-
6Ur r V° ir ; P° Ur 6UX’ les blancs ne S0Dt «Ii’une seule et même
ïamiile et sont tous solidaires les uns des autres.
La première précaution était donc de sauvegarder les Européens qui se
trouvaient à la merci des indigènes dans les villes du Dahomey, en les rap pelant
soit a Kotonou, soit aux Popos, ou leur donnant les moyens de se
rendre a bord des navires de guerre ou de commerce. Il était, de plus,
essentiel que cette retraite s’effectuât sans ostentation, sans éveiller les
soupçons de la police du pays qui joint à une grande perfection de surveillance
une perspicacité rare.
Les Européens devaient, sous prétexte de voyage, de partie de campagne,-
d affaires, s esquiver sans hâte, du jo u r où le signal leur serait donné p a r
n mot d ordre, un signe convenu d’avance, reçu assez à, temps pour que tous
soient en sûrete au commencement des hostilités.
Soit que les ordres aient été mal compris ou perdus avant d’arriver à des-
îna ion, 1 re sta it encore à Whydah, au moment des hostilités, 12 Européens,
dont 9 Français, 1 Hollandais et 2 Allemands.
Pourtant, le 1» février, les Européens disent eux-mêmes avoir reçu avis
|g qui allait se passer p ar les soins de M. Bayol.
L’agent en chef de la maison Fabre leur annonce un débarquement de
roupes suivi de renforts à peu de jours d ’intervalle ; mais cette nouvelle
n avait aucun caractère officiel qui pût permettre d’y compter. Le lieutenant
gouverneur n annonçait rien de ce genre dans la lettre d’avis qu’ils citent
x-m mes m extenso; il leur disait simplement d’avoir pris toutes leurs
précautions pour le 17. C’était assez clair et compréhensible.
I Bayol avait averti les chefs de maisons depuis longtemps et son seul
désir était de voir les Européens quitter le Dahomey à temps ; il ne se faisait
pas laute de le répéter à tout le monde.
Quoi qu’il en soit, les Européens semblèrent beaucoup plus faire cas de la
ettre de 1 agent de la maison Fabre que de l ’avis officiel de M. Bayol. Au
lieu de se re tire r avec prudence, ils attendirent les prétendus renforts et
ils lurent faffs prisonniers dès que les hostilités eurent commencé.
n a beaucoup blâmé M. Bayol, le rendant responsable de ce qui était
arrive. Il ne nous appartient pas de ju g er la conduite du lieutenant gouvern
eu r du Sénégal, mais, à titre de témoin tout à fait désintéressé dans tous
ces evenements, nous croyons pouvoir dire que le seul souci de M. Bayol
était de pourvoir en temps voulu à la sécurité des Européens. Bien avant le
début des affaires avec le Dahomey, nous l’avons entendu s’informer, auprès
de to u t le monde, du meilleur moyen de mettre les blancs à l’abri du danger,
e t le plan qu’il avait conçu à ce sujet était basé su r l ’opinion des chefs de
maisons. Ces derniers n ’auraient-ils pas une certaine p a rt de responsabilité
dans ce qui est arrivé ? ’
Bien des choses ont semblé étranges dans la direction de cette expédition.
Les dissensions qui régnent continuellement entre l’autorité civile et l’auto-
e militaire et même, dans cette dernière, entre là guerre et la marine, sé
montrèrent à chaque instant.
Les trois partis étaient en présence ; chacun voulait avoir le pas su r son
voisin, et il en résulta plusieurs fois des contradictions dans les ordres
donnés, des confusions qui nuisirent beaucoup à la cause commune. Le
chef des forces navales refusa plusieurs fois, à des moments pressants,
d’aider l’armée de te rre , disant qu’il n ’était pas du même avis ou que ses
règlements s’y opposaient. Il en fut de même avec l’autorité civile et, de
p a rt et d’autre, le désaccord régna pendant toute la campagne, sous p ré texte
de différence de rang ou de grade, d’ancienneté ou de suprématie.
Il était, dès lors, impossible de rendre un seul homme responsable, puisqu’il
y avait plusieurs commandements.
Mais reprenons le cours des événements par ordre de date.
Kotonou, 21 février 1890. — Les trois agorigans de Kotonou se trouvant
en visite à la maison Régis, qui se rt de quartier général aux troupes,
M. Bayol et le chef de bataillon d’infanterie de marine Terrillon, commandant
des forces à Kotonou, les font a rrê te r et les envoient à Porto-Novo.
C’est le signal du début des hostilités. Quelques heures après, la gore est
en notre pouvoir ; on en brûle l’emplacement et l’on prend militairement
possession de Kotonou. On fait des perquisitions chez le yévogan. Quelques
indigènes font feu sur nos troupes et blessent quatre hommes ; on répond
p ar quelques coups de fusil. Les habitants du village prennent la fuite avec
tout ce qu’ils peuvent emporter. Le feu est mis aux cases des chefs et il se
communique rapidement au village. Le roi Toffa, à Porto-Novo, propose de
mettre à mort les agorigans e t de planter leurs têtes sur des piques devant
son palais. M. Bayol s’oppose énergiquement à ce qu’il leur soit fait aucun
mal. Heureusement pour les Européens faits prisonniers plus tard, la volonté
de M. Bayol fut respectée. ; s’il était arrivé malheur aux autorités
dahomiennes prisonnières, les blancs au pouvoir du Dahomey étaient p e rdus
; au lieu de faire l’échange des prisonniers, qui n ’eut lieu que parce que
le roi voulait à tout prix ravoir ses agorigans, le roi eût massacré les Européens
pour se venger.
Kotonou, 23 février.ÿü^Les gens de Kotonou tentent, avec ceux des environs,
une attaque contre nos troupes dans l’espoir de reprendre le village ;
ils sont au nombre de 400 ou 500 ; ils sont repoussés avec de nombreux
morts et blessés e t poursuivis jusque dans la forêt qui est au nord-ouest de
Kotonou. Nous avons einq blessés. On commence à comprendre que les
Dahomiens ne se tiendront pas pour battus e t l’on commence à établir
provisoirement la défense des factoreries.
Le village, -à moitié détruit déjà, est complètement rasé ; toutes les broussailles
entre lui et la plage sont ab a ttu e s; on éclaircit la plaine dans un
rayon assez étendu ; on établit un poste à la lagune, un au télégraphe et
un au sanitarium (petite construction en bambous destinée aux malades de
Porto-Novo). Les factoreries sont fortifiées autant que possible ; on met des
abatis entre la ligne formée par les factoreries et le télégraphe et la plaine.
Du côté de la plage, les mêmes précautions sont prises.
Whydah, 24 février. — Comme on s’y attendait, le Dahomey se venge de
la prise de Kotonou. 11 attire les Européens à la gore p ar une ruse habile et
il fait prisonniers tous les Français ou ceux qu’il p rend pour tels. On les
roue de coups, on les enchaîne e t on les je tte dans un coin. 11 y a deux
missionnaires, les RR. PP. Dorgère et Van Pavord (ce dernier e st Hollan