Si, au contraire, c’est quelque chose en dehors de l’administration
que le roi envoie communiquer aux blancs, il leur fait porter
le bâton chez eux, avec un cortège de cent ou deux cents personnes.
En tête marche le porte-canne, cabeçaire attaché à la maison
du roi à Àbomey, ayant le précieux objet soigneusement couché
sur ses bras, enveloppé dans un triple ou quadruple morceau
d’étoffe. Le messager est entouré des autorités, le yévogan à sa
droite, le premier agorigan à sa gauche, les autres derrière, avec
les envoyés d’Abopiey, les moços de la gore et une foule de gens
qui se sont joints au cortège sur son parcours.
En arrivant dans la cour ou devant la maison, on fait appeler les
Européens et l’on dit solennellement au chef d’entre eux que le
roi de Dahomey envoie son bâton.
Aussitôt, tout le monde, sauf le porte-canne qui est debout et
immobile,.se jette à plat ventre dans la poussière, se couvre la
tête de terre ou de boue, suivant la saison, et murmure des paroles
inintelligibles ; on surprend souvent dans ce murmure de la foule
prosternée le mot Z)«i/a (roi).
Après quelques secondes de cette attitude, tous se relèvent et
un détachement, composé des autorités et des premiers moços,
accompagne le récadaire dans un des appartements de la maison.
Là, encore nouvelles prosternations, puis on remet le bâton à
l’Européen, qui procède avec beaucoup de précautions à son déballage,
pendant que tout le monde, y compris le messager royal
cette fois, a la figure contre terre. .
Le bâton, dégagé de son enveloppe, est pris par l’Européen et
posé sur ses bras comme un enfant qu’on présente aux fonts
baptismaux. Tout le monde se soulève alors, s’assied à terre et le
porte-canne commence à donner le récade à l’interprète.. ;
Après la cérémonie, on laisse quelquefois le bâton à la garde
des Européens, et ils doivent montrer aux envoyés l’endroit où
ils le renferment avec soin.
Les messagers restent dans la ville quelques jours et viennent,
avant leur départ, reprendre le bâton avec les mêmes cérémonies.
Il y a toujours une foule d’autant plus nombreuse qu’il est d’usage
de donner à boire à tout le monde en ces occasions.
Le gouvernement indigène de Porto-Novo a beaucoup de rapports
avec celui du Dahomey ; il n’en est aujourd’hui qu’une
mauvaise copie. Le roi Toffa est assez puissant dans son royaume, LE ROI TOFFA ET SON PREMIER MINISTRE.
d ’a p r è s u n e p h o t o g r a p h i e .