le tatouage, devenu inutile là où il était caché, fut abandonné et
borné aux parties découvertes.
Les plus anciens voyageurs décrivirent des peuples à peine
vêtus, voire même, complètement nus. Ceux qui vinrent ensuite
signalèrent des changements notables dans le costume et, aujour-
d hui, dans certaines régions, il y a des indigènes complètement
couverts.
Le premier Européen qui vit les indigènes dut naturellement
leur conseiller, peut-être exiger, un vêtement au moins sommaire ;
c’était d’ailleurs dans son propre intérêt, pour écouler les étoffes
qu’il apportait et qui sans cela lui seraient restées sur les bras. Il
en a toujours été de même pour les articles qu’il à impprtés ; le
blanc a toujours eu à développer les besoins chez les noirs, en leur
apprenant l’usage d’une foule de choses qu’ils ignoraient, pour
pouvoir ensuite les leur vendre.
Le premier vêtement fut donc une bande d’étoffe, large de quatre
doigts, qui s’attachait devant et derrière la taille à une cordelette,
après avoir passé entre les jambes. Nous voyons encore à la Côte
d’Or, à quelques heures de la côte, les indigènes avec ce costume
rudimentaire, que l’on a plus ou moins varié. A Aquamaboa, les
femmes ont les deux extrémités de cette bande d’étoffe retombant
jusqu’aux genoux. A Croboe, les jeunes filles portent ce tissu très
long par derrière où il arrive aux chevilles.
Certains navigateurs d’autrefois disaient avoir aperçu sur la côte
des nègres à queue. C’étaient* sans doute, des jeunes filles de
Croboe, car à cinquante pas, si l’étoffe est aussi foncée que,le corps,
elle a parfaitement 1 apparence d un prolongement des coccygiens.
Aux Popos, sur la cote et au milieu de l’influence européenne, lés
jeunes filles ne portent encore jusqu’à leur mariage que la bande
de tissu, simplement fixée à la taille et sans prolongement. En
langue indigène, ce «vêtement» s’appelle godé. On le conserve
par respeet pour l’usage, non par manque de tissus, car les Popos
sont un des endroits les mieux approvisionnés d’étoffes par le
commerce européen.
Lorsque l’industrie et le travail rendirent, chez le noir, les
étoffes moins rares, le godé s’agrandit et fit le tour du corps. Plus
tard, il descendit de la taille aux genoux; c’était un progrès. En
bien des endroits actuellement, nous pouvons dire presque partout,
le costume en est resté là.
Chez ceux qui voulurent encore plus de luxe, ce petit morceau
d’étoffe se changea en une ample draperie qui les enveloppa de la
taille au mollet; c’était désormais 1 e pagne h
Comme nous l’avons dit, le tatouage disparut peu à peu devant
le vêtement ; ce dernier prit du développement chez certains indigènes,
le Dahomien, le Yorouba, par exemple, tandis qu’il resta
stationnaire chez les gens des Popos, surtout chez les jeunes
filles et dans l’intérieur de la Côte d’Or.
Quant à la fantaisie des coiffures, son origine ne peut être définie.
Il est possible que, ,chez les femmes, elle ait toujours été en
vogue; elles ont, toujours eu leurs cheveux et la faculté de les
arranger à leur guise, et elles font preuve comme ailleurs de
beaucoup de, coquetterie. Elles ont pu, de temps immémorial, les
disposer de la façon qui leur seyait le mieux.
Les bijoux simples résultent certainement d’une coutume très
ancienne. Les femmes, par cette même coquetterie naturelle,
purent se parer de fleurs des bois, de lianes, de graines colorées,
qui donnèrent l’idée de créer en bois ou autre matière les mêmes
bijoux, plus durables. On trouve des bijoux ouvragés qui datent
certainement du début des industries dans le pays, et cette époque
peut être rapportée au treizième siècle.
Aujourd’hui, les Européens ont fait pénétrer avec eux une lueur
de civilisation. Il y a, en général, un grand progrès, et, comme
on le verra, les indigènes ont une certaine tendance à se vêtir
proprement et à ajouter, quand ils peuvent, au vêtement, des
ornements et des parfums,.
Nous allons passer en revue le tatouage, le costume, la coiffure
et les bijoux d’aujourd’hui.
Le tatouage.
Le tatouage consiste à exécuter, comme on sait, sur la peau, un
dessin qu’on rend ineffaçable par une cicatrice qui le contourne,
ou par une substance qui le colore, introduite sous l’épiderme. Le
premier, composé simplement de petits bourrelets, peut être désigné
sous-lé nom de tatouage en relief. Le second, sans saillie*
se signale par une teinté bleuâtre ou noire, qui se distingue plus
ou moins sur la teinte foncée de la peau des indigènes. C’est le
tatouage en couleur. , •
Le tatouage en relief est une opération très douloureuse ; il
1. Ce mot vient du,portugais paan, pcmno, qui veut dire étoffe.