le jour où l’on voyage on ne peut la continuer, et l’on prend mal.
Dès le début, il faut donc s’habituer à dormir au courant d’air, et
si les premiers jours on paye cela d’une légère colique au réveil,
il ne faut pas y faire attention.
Évitez de faire usage de lumière dans votre chambre ; vous n’attirez
pas ainsi une foule d’insectes et des quantités de moustiques
; faites toujours usage de la moustiquaire, qu’il y ait ou
non des cousins ; elle empêche les insectes d’entrer et, sans gêner
votre respiration, évite que les fortes brises vous frappent trop
directement.
N o u r r it u r e . — La nourriture est le point le plus important. Il
faut que toutes les considérations s’effacent devant la nécessité
d’une bonne alimentation. C’est la base de la santé, et elle passe
avant tout.
Il faut, autant que possible, qu’on mange des choses fraîches ;
la dépense est peu élevée, et il ne faut pas y regarder. On trouve
du boeuf, du mouton ou du chevreau presque partout ; les poules,
les canards ne manquent pas, les oeufs non plus ; quant au lait,
si l’on ne s’en occupe soi-même, les indigènes ne savent pas traire
les vaches d’une façon qui plaise à tout le monde, et l’on se contente
alors du lait concentré en boîte, qui est excellent1.
■ Pour les légumes, il faut avoir son potager à soi ; comme toutes
les graines ne réussissent pas, voici ce qu’il faut semer ou laisser :
Toutes les laitues, la chicorée, l’andive, fescarole, le persil, le
cerfeuil, l’aubergine, la tomate, lé potiron, le navet, la carotte,
la betterave, le radis, le choux frisé et pommé, le haricot, poussent
plus ou moins bien, mais donnent des résultats.
Le cresson de fontaine peut être obtenu avec beaucoup d’eau,
d’ombre et de soin. Tous les légumes doivent être mis à l’ombre
de dix heures du matin à trois heures de l’après-midi, au moyen
de feuillage qu’on étend à 30 centimètres au-dessus des carrés du
potager.
La terre rougeâtre ou argileuse ne vaut rien pour la culture ; il
faut du terreau gras et noir, qui abonde dans le pays,'si l’on creuse
assez profondément pour l’obtenir. On doit le fumer avec de la
bouse de vache, des matières végétales en décomposition, etc.
1. Les indigènes, ne sachant pas tra ire les vaches ou chèvres, te lten t, se
remplissent la bouche de lait, et le crachent dans le récipient. Quoiqu’ils
aient la bouche trè s propre, les dents magnifiques, c’est en contradiction
avec nos usages.
Le melon vient très mal, sa réussite est une exception ; la
pomme de terre, le céleri, le cardon, l’artichaut, le petit pois, le
salsifis, sont autant de choses auxquelles il faut renoncer à la
côte.
Tous les légumes qui croissent donnent des résultats très
rapides ; on peut avoir des radis en un mois.
Il y a un système que nous recommandons à ceux qui aiment
beaucoup la salade et ne disposent pas d’un grand jardin : c’est
de ne pas arracher la racine et de se contenter d’en couper les
feuilles au ras du sol ; elle se renouvelle ainsi indéfiniment.
Il faut recevoir les graines d’Europe, en boîtes soudées, et n’ouvrir
la boîte que pour semer immédiatement ; s’il en reste, on
peut en faire cadeau à quelqu’un qui les sème tout de suite, sans
quoi elles sont perdues par l’humidité et la température.
Comme herbes sauvages comestibles, on trouve dans le pays
une variété de pissenlit qui Croît entre la mer et la lagune, et une
plante ombellifère qui ressemble assez à la mâché et qu’on
appelle, en idiome indigène, langue de vache ; il y a aussi le
chou-colza et cinq ou six variétés de plantes qu’on trouve au marché,
et qui servent aussi à la composition du calalou.
Le gombo ou kiave cultivé par les indigènes est un mets recherché
sur les tables du midi de la France.
Tout cela peut varier l’ordinaire. Le gibier est rare sur les
tables ; les indigènes ne chassent pas. On peut avoir un chasseur
à ses gages, qui vous rapporte de temps en temps quelque chose ;
cela vaut infiniment mieux que d’y aller soi-même. Les plaisirs
de la chasse se payent fort cher dans ce pays ; on rapporte toujours
au moins une bonne fièvre dans son carnier, et pour ce
qu’on tire, cela n’en vaut pas la peine : quelques tourterelles
coriaces, ou une perdrix qui coûte deux heures de battues dans le
maïs, au soleil.
Il y a des canards sur les lagunes, mais il faut aller patauger
dans une boue puante, pleine de gaz pestilentiels, pour s’en
approcher.
Le grand gibier, l’antilope et le sanglier eoûtent autrement de
peine ; nous savons, par expérience, les fatigues dont il faut payer
leur capture. On ne les trouve que fort loin des villes.
Si vous êtes disposé A essayer des nouveautés et si vous ne
possédez pas de préjugés mal fondés sur telle ou telle chose que
vous n’avez jamais goûtée, le pays offre beaucoup de raretés gas