triomphante abandonna la ville, tout n ’était qu’un monceau de cadavres,
de débris et de cendrés, à. l’exception des forts qui avaient résisté à l’incendie.'
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Malgré cet à-coup et son changement de gouvernement, Whydah reprit
bientôt'son trafic et son mouvement; les arbres repoussèrent, les habitants
anciens ou nouveaux reconstruisirent leurs habitations et tout recouvra, peu
à peu, l’aspect d’autrefois;
Le roi de Dahomey encouragea et aida tant qu’il put ce développement;
les négriers qui assistèrent à la conquête disent qu’ils n’eurent qu’à se féli-
citér de voir Whydah passer sous l’influence dàhomienne.
Les guerres continuelles ' que faisait ce peuple augmentèrent le nombre
des esclaves, et le roi, voulant pousser au commerce, dégreva légèrement
certains "impôts que payaient les négociants, dans le but de gagnér leurs
bonnes grâces.
A cette époque, Savi venait d’être ruinée et Whydah bénéficiait encore de
sa disparition.
Les Portugais, les Hollandais, les Danois, les Anglais et les Français
avaient des comptoirs à Grégoué, sans compter une foule de traitants comme
lés Malais e t d’autres étrangers, et aussi lés bâtiments isolés qui venaient
s’approvisionner d ’esclaves et dont les capitaines venaient à terre faire leurs
acquisitions.
Whydah ne fut pas: exempte, pourtant, de nouveaux troubles politiques.
La famille des rois de Juda s’était enfuie aux Popos, et elle poussait les anciens
habitants du royaume à se révolter contre le Dahomey. Plusieurs tentatives
de rébellion'se produisirent ; ils n ’eurent pour résultat que de véritables
massacres faits par lé Dahomey, qui tenait à ce que sa puissance et sa
suprématie fussent respectées. Lé palais dés rois de Juda fut rasé de fond
en comble, et c’ëst à peine si l’on en;voyait encore les traces à la tin du dix-
huitième siècle.
Les Européens qui avaient des forts, c’est-à-dire les Portugais, les Anglais
et les Français, durent, malgré eux, se mêler aux guerres. Parfois, ils voulu
ren t rester neutres ; mais ils craignaient, malgré tout, de se brouiller avec
lé Dahomey, qui avait déjà ruiné leurs établissements de Savi, pour les
p u n ir d’avoir fait cause co'mmuné avec ses ennemis, alors qu’ils ne voulaient
que la neutralité. Pour éviter une nouvelle méprise de ce genre, il
arriva souvent que, dans les révoltes, le canon des Européens aida le Dahomey
à se maintenir seul maître.
L’histoire des forts de Wbydah mérite l’attention ; ils furent construits
pour protéger, en' principe, les Européens et leur commerce contre les ten tatives
de pillage. Au'début, ce n ’étaient que dés assemblages de cases servant
de magasins ét dé logements, e t entourés d’un mur épais ; on y possé-
d à it'd è la mousqùèterie, afin de défendre l’enceihte en cas d’attaque ; plus
ta rd , lorsque les affairés prospérèrent, on eut l’idée d’y élever d’abord un
b'astioû, puis.'deux,' d’exhausser et d’épaissir les murailles, enfin d’en faire
dés forts’rêgûlièremént établis, sUr le modèle de ceux d’Europe.
Au commencement du dix-huitième siècle, le fort anglais était à une portée
de fusil du fort français; c’était Un bâtiment carré ayant des angles couverts,
des'boulevards, sans'palissades, ni chemins ca ch é s,'e t entouré de
UNE RUE A. WHYDAH.