de Porto-Novo, du conflit franco-dahomien. Au Dahomey, le trafic
fut suspendu pendant cinq ou six mois. Il en a été de même
pendant les expéditions de 1892 et 1893.
D’un autre côté, le télégraphe et la rapidité des communications
mettent la côte en rapport continuel avec l’Europe, et l’on fait des
affaires comme à Paris, à Londres ou à Liverpool.
Négociants blancs et noirs trafiquent avec le prix courant des
marchés d’Europe à la main, et la concurrence permet tout juste
de négocier sans perte.
Si les commerçants pouvaient s’entendre, les affaires prendraient
une meilleure tournure ; mais, loin d’y avoir aucun accord
à ce sujet, il y a des gens (toujours des petits traitants qui n’ont
rien à perdre) qui spéculent sur la hausse et entraînent tous ceux
qui se croient forcés de les suivre dans des spéculations où chacun
perd généralement en proportion de ses capitaux.
De plus, il est des endroits où les commerçants sont obligés,
s’ils veulent faire des affaires, d’ouvrir des crédits payables au
moment des récoltes, aux négociants indigènes. Le capital, qui
dort ainsi sans rien rapporter, attend des échéances souvent éloignées,
et l’on peut encore éprouver des pertes, selon la différence
existant entre le cours du jour de la vente et celui de la réception.
Il esta espérer qu’on pourra développer, avec le temps, d’autres
branches de commerce et les ajouter à celles qui en forment aujourd’hui
la base.
Le caoutchouc existe dans le pays, mais il n’est pas exploité ;
il abonde dans le Dahomey, à Porto-Novo, dans le Yorouba ; il
faut apprendre aux indigènes à l’extraire sans tuer les végétaux
qui le produisent ; cette nouveauté demandera longtemps avant
d’apparaître sur le marché.
Gomme toutes les modifications qu’on veut imposer à la routine
des indigènes, le caoutchouc ne pourra s’obtenir qu’à force de
patience et d’encouragements.
Les bois de teinture, l'indigo végétal, le bois de roco (faux ébé-
nier) qui ressemble assez au chêne et peut être utilisé par les
ébénistes (sur les lieux tout au moins) sont d’autres articles à
ajouter au commerce.
Les arachides, la noix de coco, la canne à sucre, qui ne servent
actuellement qu’à la nourriture des indigènes, pourraient également,
par une culture plus étendue, venir grossir les productions
du pays.
Comme nouveauté, le sol se prêtera avec succès à toutes les
expériences ; aux Popos, on a la preuve que le tabac ne demande
qu’un peu de culture pour donner les résultats les plus satisfaisants.
Le caféier paraît également s’accommoder de la nature du sol ;
les Anglais en ont commencé le développement. Le jardin botanique
de Lagos produit des plants qui sont vendus aux indigènes
et qui commencent à se voir partout dans la colonie. A Badagry,
près de Porto-Novo, le gouvernement encourage les noirs à le
planter ; il leur donne des leçons de culture et leur vend un pied
de caféier 2 pence (20 centimes). Le district commissioner s’y
change momentanément en professeur d’agriculture et enseigne
aux indigènes la façon de faire développer ce produit riche et
estimé ; on plante également les cocotiers, la rhubarbe.
Le cacao ne demande qu’un introducteur pour faire également
son apparition ; le quinquina viendra comme lui ; tous deux prospèrent
au Gabon.
Le coton existe en assez grande quantité et pousse librement
à l’état sauvage ; il a encore assez de valeur en Europe pour qu’on
s’én occupe.
Le gingembre abonde dans les mêmes conditions et il a un bon
prix sur les marchés anglais.
L’apiculture est connue ; les indigènes récoltent de la cire dans
le Whémé, au Yorouba et au Jebou.
Le gouvernement français essayait dernièrement avec succès,
au Sénégal, la culture du ricin ; il est certain qu’il donnerait, dans
nos régions, les meilleurs résultats.
Tout croîtra sur ce sol vierge, qui ne demande que fort peu de
soins ; le pays est canalisé naturellement, l’humidité y est même
trop prononcée en certains endroits.
L’avenir commercial est tout dans la culture et dans la culture
nouvelle. Le prix de l’huile de palme est tombé de moitié depuis
cinq Ou six an s; les suifs, chaque jour plus abondants, lui font
une guerre acharnée qui se terminera à son désavantage. Elle
tombera si bas, qu’elle disparaîtra de l’exportation et ne servira
plus qu’à la nourriture des indigènes.
Les négociants de l’avenir auront à se transformer en cultivateurs
; ils auront ainsi pour longtemps encore de nouvelles sources
de bénéfices.
Le terrain ne manquera pas ; les gouvernements européens ou