L orgueil indomptable qui caractérisa toujours la nation, la soutient
encore ; les Dahomiens ne voient pas leur décadence, ni les
progrès immenses de leurs voisins ; ils sont aveugles et sourds, et
ne suivront aucun exemple ni aucun conseil, se croyant toujours
aux temps florissants de la puissance dahomienne.
Pauvre Dahomey ! ce qu’il prend pour la crainte chez les nations
européennes n’est qu’un respect des conventions diplomatiques;
aucune d elles n ’a encore, voulu son anéantissement. Gare à lui !
le jour où l’Européen déchaînera, même en petit nombre, ses
soldats résolus à la conquête.
CHAPITRE X
GOUVERNEMENT ET ADMINISTRATION INDIGÈNES.
La loi et le régime monarchique au Dahomey ; la cour des anciens ro is .__
Droits du souverain. ^ Le gouvernement; par qui il est exercé et de quelle
façon. — Chefs divers ou ministres. — Contributions, douanes, décimères.—
Droit sur le naufrage. — Gouvernement de Porto-Novo. -fi-. Police dahomienne,
sa perspicacité incomparable, -ses agents, ses chefs. — La justice
dans le pays, ceux qui la rendent. — Les peines diverses. — Palabres.
Les interprètes. — Coutumes locales.
La forme de gouvernement du Dahomey est le régime monarchique
absolu et sans contrôle. Il donne lieu, de la part du roi, à
toutes sortes d’abus. Le moindre de ses caprices est une loi à
laquelle doivent se soumettre, sans murmurer, tous ses sujets,
du premier au dernier, et il change les règlements au gré de sa
fantaisie.
Loin d’accepter les conseils, parfois très sages, que ceux qui
l’entourent pourraient lui donner, grâce à leur âge et à leur expérience,
le souverain n’écoute que sa volonté. Il devient d’autant
plus exigeant qu’il ne rencontre jamais une objection. Qui, d’ailleurs,
oserait la formuler?
Il tient entre ses mains capricieuses la vie et la tranquillité de
tous ses sujets. La justice, c’est sa décision, qui est sans appel.
La possession d’une famille ou de biens quelconques est une
marque de sa bonté, qu’il peut faire cesser quand bon lui semble ;
et quand il ne fait qu’emprisonner à perpétuité un innocent,¡c’est
une preuve de magnanimité, car il pourrait le punir de mort.
Sa disposition d’esprit est cause qu’il commet souvent des
cruautés inouïes ; il tient l’innocent à sa merci, et le coupable a
le même droit que lui d’espérer sa grâce.
Le roi est plus qu’un homme : c’est un dieu tout-puissant et,
ce qui est plus triste encore, un dieu malfaisant, sans remords