tous les arbres de grande taille; ils sont considérés comme étant
la résidence du génie de la forêt.
On dépose les offrandes au pied de l’arbre qui ne se distingue
de ses congénères que par une ceinture de feuilles de palmier appelée
la paille fétiche et quelques ossements ou débris d’animaux
qu’on y cloue.
L'arbre fétiche de Whydah fut longtemps célèbre dans le
royaume; il était considéré comme possédant un pouvoir surnaturel
illimité ; il rendit même, au .dire des vieux indigènes, des
oracles célèbres; c’était un baobab immense (Adansonia digitata)
dont le tronc mesurait à sa base plus de 15 mètres de diamètre ;
c’était sous son ombrage qu’avaient lieu les grandes palabres de
Whydah; c’était là aussi qu’on venait recevoir l’envoyé du roi, où
que montait en hamac celui qui se rendait auprès de lui officiellement.
Il traversait d’abord la ville à pied en grande pompe. Les
chachas défilèrent tous ainsi auprès de l’arbre fétiche. C’est là que
JuliaoFélix daSouza se rendait autempsde sa prospérité en grand
uniforme de colonel de l’armée portugaise accompagné de milliers
de personnes ; il montait ensuite en hamac et l’on voyait le panache
du vice-roi disparaître dans le lointain à l’allure rapide des
hamacaires dahomiens. Plus d’un homme du peuple montant à.la
capitale1 voyait l’arbre fétiche pour la dernière fois.
Ce géant des végétaux, dont les racines avaient été si souvent
arrosées du sang des sacrifices humains, fut abattu par le dieu du
tonnerre, Hévioso, un jour d’orage, au mois de septembre 1887. Il
était excessivement vieux.
Tous ceux qui voulurent le photographier ou le dessiner d’après
nature avaient été arrêtés par les autorités et forcés de payer une
forte amende. Il y avait un poste de féticheurs habitant tout près
de lui et chargés de prendre soin de son emplacement. Après sa
chute, son bois fut réservé en grande partie au roi; le reste fut
distribué aux féticheurs du royaume et ses feuilles données, ou
plutôt vendues aux fidèles.
Tous les objets en général qui sont désignés par le féticheur
comme fétiches sont considérés comme tels. Cette paille fétiche
dont nous avons parlé est le moyen ordinaire par lequel ils rendent
évidente la qualité d’objet sacré.
La paille fétiche placée au-dessus d’une porte interdit à tout
t . On dit dans le pays : « Monter à Abomey », à cause de la différence
d’altitude dont nous avons parlé. FETICHES ET FETICHEURS.
FÉ T ICHE DU S E R P E N T .— 2 . ARBRE F É T IC H E . — 3 . BOIT E A O F F R A N D E S .— 4 . F É T IC H EU S E DE S E R P E N T S .
5 . PO R T E FÉ T ICH E DU PALAIS DU RO I A PORTO-NOVO. — 6 . F É T IC H EU R .
7 . FÉ T ICH E DE LA MA T ERN IT É . — 8 . T EM P L E DU DIEU DE LA GUERRE A PO R TO -N O V O . — 9 . VASE SACRÉ.