
renfermoit, je remarquai-que le bruit des paS
de nos chevaux, étoit réfléchi par les troncs
des fapins. Je pouffai alors un c r i , que mil-
Je échos répétèrent. Ces bouches inanimées
m’amufèrent fi fo r t, que je les exerçai plu.
fieurs fois. Alors un Charretier, qui venoit
à nous par la même route, jugeant que nous
prenions plaifir à ces bruits, fit claquer fou
fouet d’une fi étrange manière, que la forêt
en retentit de toute part : il battit enfuite une
marche très mefurée, accompagnée de fi
grands éclats, que tous les poitillons François,
quoique experts dans ce genre de mufique,
auroient baiffé pavillon devant lui.
Je me rappellai alors une remarque que m
vois faite dans la route & que j’eus fouvent
occafion de répéter c ’eil: que par le moyen
de leurs troupeaux mêmes , ils fe procurent
le plaifir des bruits agréables ; tant ils y font
fenfibîes. Les clochettes de leur bétail ne
font fûremçnt point choifies au hazard ; on
y diftingue nettement la tierce, la quarte, la
quinte & même l’oêlave ; de forte- qu’à ir.efa-
re qu’il pâture, on entend une fucceflion d’accords
parfaits, qui, entendus de loin dans le
filence des prairies & des bois, diffèrent peu
des doux fons de la Harpe Eolienne.
Je me trouvai auffitdt à mon aife dans des
lieux
lieux où l’on fe plaît tant à l’harmonie: je ne
faurois trop bien expliquer pourquoi; mais
on "lefent. Quand elle, n’auroit en fa faveur
que d’être une récréation innocente, on ex-
pliqueroit déjà en partie ce fentiment. On
fe confie aifément à un Peuple qui s’amufe.
L’amufement, qui fait partie du bonheur, en
jeit de même le ligne : l’Homme heureux n’eft
jamais méchant.
1 Peu de tems après la rencontre des premiers
Mineurs, j ’arrivai à Clauflbal. Une
avenue de jeunes arbres bien taillés , me con-
| duifit au haut d’une longue rue en pente, lar-
! ge, droite, formée par des maifons très bien
bâties. En m’avançant je fentois de plus en
[plus l’odeur du fapin , que les hâbitans em-
[ ployent tous à chauffer leurs fourneaux ; &
cette odeur me rappellant tous mes hameaux
1 de Montagnes, il me fembloit y être; lors-
! que la vue d’un balcon doré fit bientôt ceffer
: mon illufion.
J’étois arrivé à la demeure du Capitaine des
Mines ; & c etoic là que je devois m’arrêter.
Adreffé à Mr. le B a r o n d e R e d e î î par
deux des Miniftres de S. M. à Hanovre, je
n’attendois que.de lui les directions dont j ’a-
vois befoin, & qui dans mon plan m’étoient
immédiatement néceffaires. J’ avois appris à
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