
e il le gratid objet. Mais fortons de ces route
s , cheechons les hommes qui tirent immé.
diatement du travail leur aliment; enfonçons-
nous furtout dans les Bruyères ; & là nous
trouverons l’Homme avec tous fes fentimens
naturels ; fon aimable fimplicité, fon déiinté-
reflement à l’égard des Jignes conventionnels
que la Société rend néceflaires, fon penchant
à obliger fes femblables, qui après le foin
de lui - même, e il toujours le premier auquel
Il fatisfait.
En fortant de Grave mon Poilillon s’arrêta
devant une Hôtellerie pour donner du pain à
fes chevaux. Nous avions au devant de nous
de vailes Bruyères , & des chemins très fa-
blonneux. A in ii, pôur foulager les chevaux,
autant que pour obferver de près les objets
de la route, je pris encore les devants à pied.
A cent pas peut - être je manquai mon chemin
, & j ’en pris un fur la gauche , où je
marchai une heure fans me douter de mon erreur.
J’aurois continué la même route, fa-
chant que les chevaux n’étoient pas prêts à
■partir quand je les avois laiifés , & parconfé-
quent peu inquiet de ce qu’ils ne paroiiîbiênt
point encore, fi le vent & la pluie qui fur vinren
t, rie m’euifent forcé à tourner mes pas
vers l’humble demeure d’un petit Colon dont
.je
je me trouvoispeu éloigné. L e plaifir de le
voir chez lui, fe joignant au befoin d’une retraite,
j’ouvris fa porte & j ’entrai. L ’entrée
étoit la Cuiiine ; elle étoit telle que l’annon-
çoit l’extérieur, peu ornée mais propre.
Deux femmes y étoient occupées à préparer
un repas. Elles fuspendirent leur occupation
à mon approche, prêtes à écouter ce que je
devois fans doute leur dire. Mais que leur
dire ! Comment m’adreffer à des Hollandoi-
fes, ne fachant pas un mot de Hollandois!
Les faluer, leur faire des Agnes, tâcher par
quelques mots Allemands & un peu plusd’An-
glois, de leur donner à comprendre que ma
voiture étoit en arrière, & que comme il al-
loit pleuvoir je prenois refuge chez elles.
Mais il y avoit là trop d’idées, pour que fans
l’ufage de la parole jepuife parvenir à les leur
faire comprendre. Après des efforts inutiles,
de ma part pour m’exprimer, & de la leur
pour m’entendre, l’une d’elles, qui me parut
la maîtreffe, fortit vers le derrière de la Mai-
fon pour appeller un homme qui y labouroit.
Mais n’ayant pas mieux réuiïi à m’entendre,
il retourna à fon champ, les femmes reprirent
leur ouvrage , & m o i, voyant qu’au
moins je ne les inquiétois pas , je m’afîis auprès
d’une fençtre qui donnoit fur le chemin.